Bastien Vivès revient avec Une sœur, roman graphique d’une grande maîtrise narrative, sur un ado de 13 ans. Vif et intense.
Il y a trois ans, pris par l’effréné rythme de parution de la série Lastman menée avec Balak et Sanlaville (le tome 4 venait de sortir), Bastien Vivès confiait, en passant, sa nostalgie du roman graphique. “Il n’y a pas longtemps, j’ai relu Polina parce que l’on discute d’une adaptation. Je me disais : il y a des trucs hasardeux mais on est porté par le perso, ses petites émotions. Tu le fais vivre…c’est chouette, quoi.”
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Depuis, le film de Valérie Müller et Angelin Preljocaj est sorti et Lastman, en neuf tomes, s’est imposée comme une des meilleures séries d’aventures contemporaines avec Saga ou Game of Thrones.
Un album épuré, faible en gras et dépourvu de cases gratuites
Et revoilà Vivès œuvrant dans ce qui a été longtemps son format de prédilection, celui des histoires qui prennent leur temps pour dévoiler leurs sentiments. Si on rapprochera cet album épuré, faible en gras et dépourvu de cases gratuites, de sa bibliographie solo précédente (Polina, Dans mes yeux, Le Goût du chlore, etc.), il semble profiter de la maîtrise narrative acquise avec Lastman.
Sans cesse, les cadrages font avancer les personnages et suggèrent subtilement les émotions plutôt que de trop les souligner. Esquissés, comme saisis dans leur mouvement, les visages et les corps sont toujours porteurs de sens. Non, il n’y a pas ici de tournoi ou de combat en duel (comme dans Lastman) mais un violent affrontement intérieur, propre à cette période aussi furieuse que fondatrice, l’adolescence.
Premier d’une fratrie, Antoine, 13 ans, voit les traditionnelles vacances familiales bouleversées par l’arrivée d’Hélène, trois ans de plus que lui et fille d’une amie de ses parents. Récit de premières fois dont les adultes, relégués en arrière-plan, sont exclus, Une sœur baigne certainement en partie dans les souvenirs de l’auteur – il dédie le livre à un hôtel-restaurant du Morbihan et… à son frère. Pourtant très contemporain, ce teen-movie de papier possède une force universelle, assez d’épaisseur et de reliefs troubles pour qu’on ne puisse pas le résumer à une romance estivale.
Une sœur de Bastien Vivès (Casterman), 216 pages, 20 €
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