Ma cabane au Canada avec Diams (4)

On commence la journée avec Emmanuelle Seigner, qui joue dans la « Cinquième salle ». Comme ça, ça ressemble un peu village du prisonnier, Portmeirion. La salle est toute nouvelle au bas de la plage des Arts. On arrive un peu à la bourre, on attend les applaudissements. Hop on est in. La salle est petite mais garnie. Ça va Seigner ? Non l’ambiance est plutôt peinarde hein. Si Emmanuelle n’est pas hyper à l’aise sur scène, les musiciens, carrés, tiennent la baraque.

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Pour son dernier album, Dingue, Seigner a choisi des textes plutôt convenus : « Alone à Barcelone ». Ouais, rime riche. On vous épargne le reste. Le chant est hésitant, le concert s’en ressent. Le public applaudit à moitié. A côté de nous un spectateur se demande s’il n’y a pas trop d’actrices qui chantent. On voudrait lui répondre qu’il vaut mieux Emmanuelle que Mathilde Seigner, à tout prendre. Mais non je vous le dit c’est la déception, on ne va pas en faire un roman (Polanski) non plus.

Rendez-vous au Métropolis donc, où joue Diams, avec en première partie sa dernière trouvaille de chez Motown, Ben l’Oncle Soul. Le jeune artiste rétro soul français jouit d’un gros buzz à Paris comme à Montréal. Depuis le début du festival, son nom est sur toutes les lèvres. Il a livré la veille un cocnert en extérieur qui en a laissé plus d’un sur les fesses, et on l’attend ce soir au Shag pour un DJ set. On le découvre sur scène avec sa troupe, vêtus en mode sud des Etats-Unis, ça rappelle le dernier album d’Outkast. Les morceaux sont d’une efficacité redoutable, comme sortis d’un répertoire classique.

Le gars Ben les interprète avec énormément de facilité, danse comme dans un vieux film noir et blanc. Le public ne s’y trompe pas et se laisse prendre au jeu très vite. Les morceaux sont en anglais et en français, et Ben l’Oncle soul conclut dans une joyeuse ambiance de bœuf New-Orleans plutôt chouette, avant de laisser la place à celle qui le chaperonne, Diams, dont la prononciation du seul nom déclenche un tonnerre dans le Métropolis.

A la fin du concert, le monde est coupé en deux. Il y a ceux qui vont voir la révélation hip-hop Radio Radio au Cabaret Juste pour Rire, et ceux qui restent pour la Boulette. On rejoint la deuxième équipe, puisque Radio Radio rejoue demain. On joue la sécurité. Ceci est l’atout des hommes d’expérience. En attendant Diams, les plus curieux des Montréalais posent des questions : « Tu penses que Dimas va jouer voilée ? ». « Vous avez des soucis chez vous avec le nikab ? ». Bah on dit non Diams devrait avoir une casquette et on boit une vodka tonic tsé. 22 heures, les lumières s’éteignent. Diams déboule au même endroit que Miossec la veille.

Autre temps, autres mœurs (O tempora, O mores ; et non pas O tempura ça c’est pour les restaurants japonais), mais ça fait plaisir aussi de retrouver Diams. Le début du concert est assez patate, et on se rend compte d’un truc, c’est qu’une fois que les histoires de foulards et compagnie son passées, une fois qu’on est passé au delà de le promo un peu hésitante du dernier album, Diams avec un micro à la main est tout simplement une mitraillette. L’une des meilleures rappeuses de l’hexagone.

Elle est content d’être là visiblement, et le fait savoir au public de Montréal, qui lui rend bien : les ovations durent de longues minutes, et Diams en redemande. Les morceaux s’enchaînent, les bras se lèvent et le public offre un véritable triomphe à la jeune française, qui mobilise ses choristes pour en offrir toujours plus. On n’avait pas vu Diams sur scène depuis longtemps, c’est ma foi plutôt efficace, même si les paroles sont devenues un peu plus teenage avec les années.

Quelques curieux viennent voir la fin de la performance de Diams encore transis de Radio Radio, nous conseillant vivement d’aller jeter un œil à la performance des locaux dès demain. On leur dit tinkiet et on leur conseille de se prendre un louche de Diams aussi. La bonne ambiance quoi.

Photos : Audrey Cerdan