Les 15-35 ans passent plus de temps sur le Net que devant la télé. Pour remédier à cette baisse d’audience globale, les chaînes lancent des programmes en interactivité avec le Web.
Un phénomène pourrait bien en effet faire retrouver le sourire aux patrons de chaînes : si les réseaux sociaux ont longtemps été présentés comme des facteurs de désertion du petit écran, notamment auprès des 15-35 ans, selon des études récentes, ils contribueraient finalement… à leur faire reprendre le chemin du poste.
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Quand le buzz pousse à allumer la télé
C’est ce que les experts appellent “l’effet machine à café” : un programme commenté sur Facebook ou Twitter verrait son nombre de téléspectateurs augmenter grâce au buzz généré sur le réseau.
En octobre dernier, lors de la diffusion sur MTV des Video Music Awards, lorsque Kanye West interrompt la cérémonie pour dire que Beyoncé aurait dû être récompensée, le débat entre les fans du rappeur et ceux qui trouvent son attitude lamentable enflamme la twittosphère. Résultat : dans les minutes qui suivent, l’émission atteint une audience record…
Starling, premier réseau social dédié à la télé
Un exemple parmi d’autres qui encourage les chaînes à se lancer dans le coviewing (le fait de commenter un programme télé sur le Web). Parmi les innovations présentées au dernier MIPTV, le marché international des programmes télé, le premier réseau social spécialement dédié à la télé a fait son entrée. Starling sera accessible dès la rentrée sur Web et mobiles et permettra aux téléspectateurs de commenter en direct leurs programmes préférés.
Dans le même ordre d’idée, les chaînes commencent à développer des partenariats avec les constructeurs pour rendre la télé encore plus interactive. TF1 s’est ainsi associée au constructeur Samsung pour sa nouvelle gamme de téléviseurs qui permettra de se connecter au Net et de proposer, notamment, des contenus de TF1.fr.
Le « télénaute » choisit son point de vue
De nouveaux formats interactifs devraient bientôt débarquer sur les grilles : TF1 a ainsi confirmé récemment avoir racheté les droits de The Frame, une téléréalité israélienne multisupport d’un nouveau genre qui met en scène des candidats filmés 24 h/24 dans leur salon pendant un mois. But du jeu : rester dans la fenêtre de vision (“frame”) du public, sinon ils seront éliminés. Une interactivité qui est au centre de la nouvelle téléréalité de W9, Dilemme, qui permet aux internautes de choisir depuis quelle caméra ils vont regarder le jeu.
Un pari risqué ? Une stratégie en tout cas indispensable à l’heure où la grande tendance est la convergence des écrans, explique Caroline Servy, directrice générale de l’agence de veille audiovisuelle The Wit.
“Aujourd’hui, aux Etats-Unis, chez les 15-29 ans, la consommation de vidéos sur le Net a dépassé celle de la télévision. Il y a toute une population à capter qui est massivement sur Internet.”
En quête d’un modèle économique viable
Mais si tout le monde s’accorde sur ce constat, reste à trouver des modèles économiques viables. Une tâche d’autant plus difficile qu’une incertitude demeure : comment mesurer la consommation de contenus Web ? Caroline Servy :
“Autant le nombre d’heures passées devant la télévision était mesurable, autant sur l’Internet, on ne dispose que du nombre de pages vues, qui n’indique pas le temps passé devant la vidéo. D’ou la difficulté pour les produits Internet à attirer des revenus publicitaires suffisants.”
Resterait donc, pour trouver des modèles, à se tourner vers les séries télé anglo-saxonnes, dont les auteurs ont sans doute été les premiers à comprendre qu’il fallait exister sur le plus de supports possibles. L’exemple le plus abouti d’interactivité Web/télé, tous formats confondus, étant de l’avis des professionnels du secteur la série Heroes sur NBC. Une fiction qui a donné lieu à toutes sortes de produits numériques désormais aussi populaires que le format original : webisodes, BD sur le Net, etc. Une démarche dont on est encore loin en France. Caroline Servy :
“Pour l’instant, l’investissement des chaînes est encore de l’ordre de l’image. Reste à trouver des partenariats durables en terme d’investisseurs et de marques.”
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