Qui se souvient encore de Marguerite Radclyffe Hall ?
Elle fut pourtant l’objet, pour son magnifique roman Le Puits de solitude, publié en 1928, du deuxième grand procès pour obscénité au Royaume-Uni, près de trente ans après les trois procès d’Oscar Wilde, et sa condamnation pour “grave immoralité”. Pourtant, c’est le cas de Wilde qui a marqué les esprits. Personne ne se souvient du courage de Radclyffe Hall, à non seulement vivre et afficher son homosexualité, mais à écrire au sujet d’une héroïne appelée Stephen, qui s’habille en homme et aime les femmes, dans un temps et une société où les homosexuel·les risquaient la prison, sinon la mort.
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Dans le très beau texte que Constance Debré lui consacre dans Les Inrocks de mai, elle écrit : “Comme tous les grands livres, il parle pour les vaincus, quels qu’ils soient, contre les vainqueurs. Il est aussi, donc – et c’est là mon émerveillement -, un grand roman tout court”. Mais Hall finira vaincue elle-même par le temps, l’histoire littéraire et la postérité, qui ne la retiendront pas, puisque l’histoire est écrite par les vainqueurs, donc les dominants, et peut-être parce que ceux-ci ont longtemps été strictement masculins. C’est en pensant à elle que nous nous sommes demandés combien de femmes écrivaines avaient été ainsi oubliées ou effacées de l’Histoire. Nous consacrons notre rubrique à certaines d’entre elles, alors qu’il y en a davantage, dans une tentative de les réhabiliter et de faire redécouvrir leurs voix. De leur redonner la visibilité qu’elles méritent.
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