Lorsque le futur président guinéen Sekou Touré déclare
à de Gaulle, en visite à Conakry en 1958, “nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans la servitude”, il annonce fièrement la naissance d’une nouvelle culture guinéenne qui vise à moderniser les arts, tout en restant fidèle à la tradition, sous l’appellation “authenticité”.
La musique devient alors le fer de lance de cette culture nouvelle. Instrument de propagande, mais aussi vecteur d’identité nationale, la musique guinéenne dépasse rapidement les frontières du pays et devient le fleuron de la culture africaine. Par le biais de concours musicaux, l’instigation d’orchestres fédéraux et nationaux, ainsi que la création du label d’Etat Syliphone en 1965, la musique guinéenne trouve de nombreux débouchés et stimule la créativité et la vitalité des musiciens du pays.
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En deux CD, le label Sterns propose un panorama épatant de ces orchestres. Relativement connus comme le Bembeya, Balla ou Keletigui ou obscurs comme le Soumbory Jazz, ils font danser et rêver le pays quinze années durant. A base de chant et de chœurs incantatoires, de cuivres hypnotiques, de rythmiques éblouissantes ou de claviers vigoureux, ce son de la jeune Guinée atteint des sommets inouïs. Le groove vital de la “savane profonde” de l’Horoya Band, probablement l’orchestre le plus authentique de cette époque phare, illustre le degré d’excellence musicale et de candeur révolutionnaire atteint au cours de l’âge d’or par ces groupes fédéraux et nationaux. Remarquable !
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