Rama Yade assistera, ce vendredi, au premier match des Bleus en Coupe du monde. Roselyne Bachelot se rendra en Afrique du Sud du 16 au 23 juin. Pas question pour la ministre et sa secrétaire d’état d’y aller ensemble. Match au sommet.
Difficile d’échapper au « off the record » quand on tente de comprendre les relations entre Roselyne Bachelot et Rama Yade. Un duo qui ressemble à un duel. Avec d’un côté une ministre très proche de François Fillon ; de l’autre une secrétaire d’Etat hyper populaire, électron libre du gouvernement.
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Dernier épisode : la secrétaire d’Etat aux sports a jugé, trop luxueux l’hôtel des Bleus en Afrique du Sud.
« J’attends que l’équipe de France nous éblouisse par ses résultats plutôt que par le clinquant des hôtels », a-t-elle balancé cinq jours avant le coup d’envoi.
Le recadrage ne s’est pas fait attendre. Profitant de son passage au Grand jury sur RTL, Roselyne Bachelot a estimé qu’il « n’était plus temps de faire des polémiques. Ca ne coûte rien aux contribuables ». Le tout sous le regard de Rama Yade qui se trouvait dans le public. L’émission finie, elle s’est précipitée sur la ministre:
« Ah ces journalistes qui essayent de nous opposer, c’est quand même insupportable. »
Bachelot est restée de marbre, agacée dit-on par « les caprices à répétition » de sa secrétaire d’Etat.
Ce n’est pas pire chez nous qu’ailleurs !
Ce n’est pas une surprise qu’entre un ministre et son secrétaire d’Etat, les relations soient souvent tendues. Jean-Louis Borloo n’en pouvait plus de Nathalie Kosciusko-Morizet, Bernard Kouchner fit tout pour se débarrasser de Rama Yade, Christine Lagarde lève les yeux au ciel dès que Christian Estrosi prend la parole.
Sauf que dans la série Bachelot-Yade, les crispations sont récurrentes. Comme lors du vote d’un amendement à l’Assemblée nationale, pour supprimer les exonérations fiscales des sportifs professionnels. Rama Yade s’y était franchement opposée, Roselyne Bachelot l’avait défendu avec force.
Si les entourages expliquent que « tout va très bien », ils concèdent « quelques tensions ». Ajoutant même : « Ce n’est pas pire chez nous qu’ailleurs ! » Ce n’est pas ce que disent certains ministres, selon lesquels Bachelot en est carrément venue à regretter les gaffes de son ex-secrétaire d’Etat.
« Avec Bernard Laporte, ça marchait moyennement parce qu’il faisait gaffe sur gaffe. Mais elle le préférait à Rama Yade dont elle estime qu’elle tire un peu trop la couverture à elle », explique une ministre.
A l’image de son intervention dans le JDD, après la victoire de l’euro 2016, qui n’a pas été du goût de la ministre. Il faut dire que Rama Yade a plus utilisé le je que le nous…. Faux rétorque-t-on du côté de la secrétaire d’Etat :
« Elle fait tout et la ministre vient juste pour apparaître sur les photos. »
Heureusement qu’elle n’est pas lesbienne et handicapée
Avant même qu’elles travaillent ensemble, en mai 2007, les deux femmes n’étaient pas des plus aimables. Devant une poignée de journalistes, Roselyne Bachelot avait balancé :
Rama Yade « est femme et noire, elle va être promue. Heureusement qu’elle n’est pas lesbienne et handicapée, sinon elle serait Premier ministre ».
Des propos que Rama Yade n’a jamais digérés, expliquant, en novembre 2007, sur le plateau de France 2 que ce n’était « pas drôle ». Avant d’ajouter:
« Je suis bien plus diplômée que tous ces gens-là et c’est justement ce qui leur fait peur. »
Quand Sarkozy s’en mêle…
Dès lors, difficile de rétablir la barre. Quelques jours après la nomination de Rama Yade, Bachelot organise un dîner en tête à tête avec sa secrétaire d’Etat. Celle-ci décline l’invitation à la dernière minute prétextant que « c’est prématuré ».
Quelques mois plus tard, Rama Yade « omet » de convier Roselyne Bachelot à un grand colloque sur le sport qu’elle organise à la Sorbonne. La ministre, qui l’apprend par ses collaborateurs, s’y rend à la dernière minute… et découvre que sa place se trouve derrière une rangée de plantes vertes !
De quoi alimenter chaque jour un nouvel épisode. Ce mercredi en Conseil des ministres, Nicolas Sarkozy s’en est mêlé, trouvant « déplacée » la sortie de Rama Yade sur l’hôtel des Bleus. Un message présidentiel allé droit au cœur de Roselyne Bachelot, ravie de pouvoir moucher sa secrétaire d’Etat.
Cette dernière a vite rétropédalé, multipliant les déclarations de soutien à l’Equipe de France. De peur d’avoir encore à envoyer des chocolats en forme de cœur au Président, comme après les européennes.
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