La saga de la marquise des Anges a bercé notre enfance et annonçait déjà Carla, Rachida et Zahia. Réédition revue et augmentée des aventures de l’érotico-politique aristo.
Robert Hossein n’a pas toujours fait des pubs pour des sonotones. Il y a longtemps, au début des années 60, il fut même un sexe-symbole, et son personnage balafré dans la saga cinématographique Angélique, marquise des anges a fait chavirer le coeur de milliers de midinettes.
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Grâce à la magie des rediffusions télé, des générations de jeunes filles en fleur se pâmèrent devant Bob, alias Joffrey de Peyrac, captivées par ses amours tourmentées avec la fougueuse Angélique, incarnée par Michèle Mercier. Un mélange de La Belle et la Bête et d’Alexandre Dumas en Technicolor, suprêmement kitsch et quasi mythique.
Mais avant d’être un succès sur grand et sur petit écran, Angélique fut une fresque romanesque, treize tomes d’aventures échevelées (Angélique joue beaucoup de sa somptueuse crinière) au style Harlequin collection “sexe” (elle couche beaucoup aussi) signés Anne Golon. Cent cinquante millions de livres vendus, traduits en quarante- cinq langues et même adaptés en mangas au Japon.
Coucheries, jeux de pouvoir et jusqu’à la balafre de Joffrey (Ribéry), l’actu a tout piqué à « Angélique ».
Las, la vie ne fut pas plus tendre avec l’écrivaine qu’avec son héroïne. Trahie par ses éditeurs, spoliée de ses droits d’auteur, elle n’a pas touché un kopeck sur les adaptations au cinéma. Auteur de best-sellers, Anne Golon a frôlé la ruine. Mais, aussi indomptable que la marquise, l’auteur se révolte, entame une longue procédure judiciaire et revient, à 89 ans, avec des versions “revues et augmentées” de son oeuvre, et même un inédit : Le Chemin de Versailles.
L’occasion de (re)découvrir le vrai visage d’Angélique. Car selon Anne Golon, le cinéma a dénaturé son personnage, le réduisant à “une petite pute”. Et, en effet, ce n’est pas lui rendre justice : la marquise des Anges est la reine des bitches. Dans le tome 5, sobrement intitulé Ombres et lumières, elle a tout perdu et vit parmi les gueux, prisonnière de Nicolas- Calembredaine, le roi des bandits. Pour retrouver sa liberté et ses enfants (putain, elle n’en est pas moins maman), Angélique n’hésite pas à se battre comme une bad girl et surtout à jouer de ses charmes.
Soyons clairs, elle se fait sauter à peu près toutes les dix pages. Mais grâce à sa ténacité et à son entrejambe, elle parviendra à faire fortune et à revenir à la cour de Louis XIV (le tome 6). Un peu de sang, de multiples rebondissements, un style inimitable
–“Pour un baiser, elle lui sautait aux yeux, les prunelles flambantes ainsi que celles d’une chatte irritée” –
et pas mal de sexe (soft quand même, on n’est pas sur You-Porn) : Anne Golon devrait renouer avec le succès.
Les premiers volumes de cette réédition paraissent déjà en poche. Mais son Angélique compte aujourd’hui de redoutables rivales : Carla B., Rachida D. ou encore Zahia D., l’accorte entraîneuse de footballeurs. Toutes sont les héroïnes des nouveaux feuilletons qui passionnent les Français.
A croire que cette pauvre Anne Golon est désormais victime de plagiat. Coucheries, jeux de pouvoir et jusqu’à la balafre de Joffrey (Ribéry), l’actu lui a tout piqué, transformant la presse, même celle dite “sérieuse”, en roman de gare. On attend vivement les adaptations télé de ces nouvelles aventures pathétiques.
LES POINTS G D’ANGELIQUE
Garce
“Quant à toi, le puceau en mal d’amour, tu ferais mieux de baisser un peu tes mirettes et de fermer ta panetière à miettes si tu ne veux pas recevoir une giroflée sur la gueule…” (Angélique, bien vénère)
Gourgandine
“Ses lèvres entrouvertes, un peu humides, le feu de ses joues, la palpitation précipitée de ses seins (…), disaient plus clairement encore que les paroles : “Je vous désire”.
Gourde tout simplement
Elle tira quelque chose du fond de la niche. Une boule noire et frisée apparut. “Mais c’est un autre chien !”, s’écria Angélique”. Raté Angie : c’est ton fils. (in Angélique, Ombres et lumières)
Angélique, ombres et lumières ; Angélique, le chemin de Versailles d’Anne Golon (L’Archipel), 364 et 315 pages, 19,95 € chacun
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