Jay Watson et Nick Allbrook, deux fondateurs du groupe australien Pond, étaient de passage à Paris à l’occasion de la sortie de leur nouvel album « The Weather ». Ils nous ont accordé une belle discussion autour de leur récent projet, de la scène australienne et de la musique actuelle.
Deux ans après leur dernier album, les membres de Pond ont confirmé leur retour cette année avec une multitudes de singles extraits de The Weather, nouvel album disponible depuis ce vendredi 5 mai. Avec des titres comme Paint It Silver ou encore Sweep Me Off My Feet, le groupe formé à Perth en Australie assume son côté pop, parfois proche de Tame Impala (dont Jay Watson est d’ailleurs l’un des membres). Sur 3000 Megatrons ou Zen Automatoneurs, leurs expérimentations psychédéliques paraissent plus accessibles que jamais. Pond s’éloigne-t-il de l’étiquette rock psyché qui lui colle à la peau depuis son premier album en 2009 ? On a réuni deux des membres du groupe à Paris pour essayer de dénouer le mystère tout en éclairant la genèse de l’un des plus brillants albums de ce début d’année.
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Deux années se sont écoulées depuis la sortie de votre dernier album, Man It Feels Like Space Again. Que s’est-il passé au sein du groupe pendant cette période ?
Nick Allbrook – Beaucoup choses ! On a beaucoup tourné et l’enregistrement s’est étalé sur une longue période… Deux ans ça paraît long !
C’est pourtant relativement court pour enregistrer un disque, en plus de la tournée…
Jay Watson – Ouais, c’est vrai. Certains prennent plus de temps. Mais deux ans, quand tu es dans la vingtaine, ça semble énorme.
Nick – Je pense qu’on a passé beaucoup de temps à ne rien faire qui soit lié à Pond. Si chacun d’entre nous s’était concentré uniquement le groupe, l’album aurait sûrement été terminé en un mois.
Kevin Parker, leader de Tame Impala, avait déjà produit votre premier album en 2009. Qu’a-t-il apporté de différent sur The Weather ?
Nick – Kevin s’est chargé de tout ce qui touche à la production. Avant, il avait essayé de faire du mieux qu’il pouvait pour mettre de l’ordre dans un immense bordel. Cette fois-ci, nous nous sommes tous réunis pour discuter et partager nos idées.
Jay – Nous avons enregistré de la même façon que d’habitude mais nous avons changé de structures au sein même du groupe. Nick a écrit quasiment toutes les mélodies et les paroles, tandis que Joe Ryan et moi ne faisions que les jouer. Et je n’ai pas chanté sur cet album.
Sur The Weather, on a l’impression que vous tentez d’être moins expérimentaux et de sonner plus pop. Avez-vous essayé de produire une musique plus accessible ?
Jay – Pour moi, il sonne plus expérimental. C’est l’album le plus bizarre que l’on ait fait, sur le plan du son comme au niveau de la production. Peut-être qu’il est juste plus accrocheur, je ne sais pas.
Nick – Nous adorons la pop, le R&B, la house, le disco et tous ces trucs-là. Notre intention a toujours été de faire danser les gens. Je pense que certaines personnes confondent l’expérimental et le rock, genre le vrai rock brut. Pour nous, la musique expérimentale se résume simplement à essayer des sons et des compositions que l’on a pas encore tentés auparavant.
Jay – Ce n’est pas parce qu’une musique est plus facile à écouter qu’elle est moins expérimentale. Beaucoup d’artistes très populaires aujourd’hui produisent des choses bien plus stimulantes et plus intéressantes que des groupes de rock psychédélique californiens.
Nick – Personnellement, je trouve que Kanye West ou Rihanna proposent des défis créatifs infiniment plus inspirants. ANTI par exemple est un album incroyablement original.
Pond fêtera ses 10 ans en 2018. Comment avez-réussi à maintenir le groupe actif après toutes ces années ?
Nick – Je pense qu’on a juste eu de la chance. Jay et moi sommes souvent là à nous dire : « Hey on devrait essayer ce genre de trucs ». Nous sommes vraiment sur la même longueur d’ondes et nous apprécions beaucoup ce que fait l’autre.
Jay – Nous nous sommes mis d’accords pour enregistrer des albums ensemble à condition d’être parfaitement convaincus que cela va nous plaire à tous les deux. Nous essayons de faire toujours mieux que ce que nous imaginons au départ. C’est facile de créer de la bonne musique dans son coin. C’est plus intéressant d’en faire quelque chose de vraiment cool, et qui ait du sens pour nous.
Jay, tu joues et chantes aussi dans Tame Impala. Est-ce que Pond est un moyen d’échapper à l’effervescence que connaît le groupe ?
Jay – Avant, Pond parlait un public de niche mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Maintenant, je crois que ce seraient plutôt nos projets solos qui nous permettraient de prendre un peu de recul sur le succès. En fait, je pense qu’on a jamais vraiment réfléchi au fait que Pond gagne importance. C’est amusant de jouer dans des petites salles mais je crois que jouer dans un groupe qui marche est une expérience gratifiante : on sent que l’on fait partie d’une dynamique particulière. C’est tout aussi sympa de faire de la batterie pour des amis à Perth, en Australie. Les deux configurations ont leurs avantages.
Nick – C’est comme être marié à quelqu’un et marcher à ses côtés à chaque seconde de sa vie. Je pense que, de temps en temps, on a envie de se promener un peu seul, ou de revoir des vieux ami de la fac. Participer à des projets différents, c’est à peu près pareil.
Jay – Et puis après tout, nous nous connaissons tous. Joe est roadie pour Tame Impala, Nick et Cam Avery [membre de Tame Impala, ndlr] ont formé leur duo Allbrook/Avery. Nous sommes un peu comme une famille et en y réfléchissant, je ne me sens pas si dépaysé que ça en passant d’un groupe à l’autre.
Avec tous les groupes australiens qui émergent comme Jagwar Ma ou Parcels, on est tenté de dire que la scène locale s’impose à l’échelle internationale. Qu’en dites-vous ?
Jay – Tous ces noms, nous les connaissons. Ces gars sont des amis, du moins on les a déjà rencontré. C’est un petit microcosme qui se développe, et chacun de ces artistes s’enrichit des influences des autres, d’une façon ou d’une autre.
Nick – Ces deux dernières années, je me suis senti particulièrement inspiré par d’autres groupes australiens. Je crois que nous avons hérité d’une culture et d’une philosophie assez audacieuse. Tous revendiquent de plus en plus leur identité. Ces groupes sont fiers d’être australiens et de sonner australien.
Propos recueillis par Juliette Geenens
>> The Weather est à écouter dès aujourd’hui, sur Apple Music.
Concert à Paris à la Gaîté Lyrique le 30 mai prochain.
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