Victor Lanoux était hospitalisé depuis plusieurs jours à la suite d’un AVC à l’hôpital de Royan en Charente-Maritime. Il est décédé dans la nuit de mercredi à jeudi à l’âge de 80 ans.
Si pour beaucoup, le comédien incarnait le héros du feuilleton télévisé senior Louis la brocante diffusé sur France 3, Victor Lanoux était aussi acteur de cinéma et de théâtre, metteur en scène mais également producteur (il fonde en 1978 Les Films de la Drouette). Il laisse derrière lui une filmographie riche d’une cinquantaine de films.
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Au cinéma, le comédien a souvent incarné une certaine image de la masculinité : virile et séductrice chez Pierre Granier-Deferre, un brin beauf chez Yves Robert et menaçante chez André Téchiné.
Théâtre
Avant le cinéma, c’est sur les planches que débute Victor Lanoux. En 1961, ils forment avec son ami Pierre Richard, un duo comique et écument les cabarets parisiens de la rive gauche. Après cette révélation, le jeune comédien enchaîne quelques grands classiques au théâtre national populaire comme Hamlet, La Résistible Ascension d’Arturo Ui ou La Folle de Chaillot. En 1972, après dix ans de discrètes apparitions au cinéma, il incarne Gustave, un paysan dont le père (Jean Gabin) est accusé d’un terrible meurtre dans le film judiciaire L’Affaire Dominici de Claude Bernard-Aubert.
Le milieu des années 70 marque un tournant dans sa carrière
Dès le milieu des années 70, sa carrière prend un autre tournant et beaucoup de cinéaste voient en Victor Lanoux l’incarnation d’une certaine virilité : à la fois brute, sauvage et tendre. En 1975 il campe un politicien immoral dans Adieu poulet de Pierre Granier-Deferre face à Lino Ventura et Patrick Dewaere. Un an plus tard on le retrouve en amoureux transi et fugitif révolté dans Une femme à sa fenêtre de Pierre Granier-Deferre. Mais c’est surtout chez Yves Robert que Victor Lanoux compose un personnage à la virilité exacerbé, incapable de contenir son goût pour la séduction. Dans ces deux films de potes (Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis) dans lesquels il partage l’affiche avec Jean Rochefort, Claude Brasseur et Guy Bedos, Lanoux est Bouly, un coureur de jupon robuste, totalement désemparé quand sa femme décide de le plaquer.
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Un an plus tard, il est à l’affiche de la comédie de moeurs de Claude Berri, Un moment d’égarement. Fâché avec sa dame, Lanoux incarne Jacques un homme en pause conjugale qui décide de partir en vacance avec son meilleur pote Pierre (Jean-Pierre Marielle) qui tombe sous le charme de sa fille de 17 ans. Les deux acteurs incarnent alors à la perfection deux quadra dépassés par le désir féminin. Chose que Jean-François Richet ne parviendra pas à distiller dans son remake de 2015 dans lequel François Cluzet succède à Lanoux et Vincent Cassel à Marielle.
En 1978 Victor Lanoux retrouve son ami Pierre Richard dans La Carapate de Gérard Oury dans lequel il campe un condamné à mort échappé de prison. Puis en 1982 c’est chez Jean-Pierre Mocky, dans Y a-t-il un Français dans la salle?, qu’il incarne à nouveau un politique, dont la carrière est mise en péril par une mystérieuse lettre.
Le lieu du crime d’André Téchiné
Enfin il faudra attendre 1986 et André Téchiné pour que Victor Lanoux trouve l’un de ses plus beaux rôles dans Le lieu du crime. Dans cette fable familiale et sentimentale désespérée, Lanoux incarne Maurice, un homme à la carrure imposante, un père de famille autoritaire et menaçant et un ex-mari pervers prêt à tout pour récupérer sa femme (Catherine Deneuve) et dont la violence sous-jacente imprègne tout le film.
Victor Lanoux laissera donc surtout derrière lui l’image singulière d’un acteur, plébiscité dans nombreuses comédies françaises, ayant connu quelques belles rencontres avec de grands cinéastes, et surtout devenu, à la fin de sa carrière, une figure familière du petit écran.
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