Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, “Revoir Paris” met en scène Virginie Efira en pleine reconstruction après un attentat.
Parce que l’on a vu Un beau matin, la veille, on est d’abord saisi par la proximité du début du film d’Alice Winocour avec celui de Mia Hansen-Løve. Les deux longs métrages sont traversés par le même motif, celui de la recomposition sentimentale à l’aune d’un traumatisme. Ils sont respectivement portés par deux des plus grandes actrices françaises du moment (ici Virginie Efira, et Léa Seydoux chez Mia Hansen-Løve ) interprétant des héroïnes exerçant le même métier, celui de traductrice. Les deux films partagent aussi l’impression de se dérouler comme sur un promontoire avec vue sur la capitale. Et pour couronner cet étrange jeu de miroir, le personnage joué par Virginie Efira se prénomme Mia et va – comme le personnage du film de la Mia cinéaste – faire un tour devant les Nymphéas de Monet exposé au musée d’Orsay et de l’Orangerie à Paris.
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Monde d’après
Mais après cette ouverture sans histoire, le film est fracturé par un attentat terroriste similaire à ceux de 2015. Tranquillement attablée à la table d’un bistrot où un personnage incarné par Benoît Magimel lui fait de l’œil, Mia entend un coup de feu, puis deux. Elle se jette sur le sol déjà jonché de cadavres. La puissance de saisissement de ce moment est inouïe. Comme dans la vie, rien ne prépare à un tel drame et la mise en scène en reproduit l’effet de sidération avec une rare intensité. Le drame passé, la reconstruction débute. Trous noirs, hallucinations, difficultés à reprendre le fil de sa vie et besoin d’en parler avec celleux qui étaient présent·es avec elle ce soir-là, Mia est une survivante parmi les vivant·es et les mort·es-vivant·es.
Dans ce festival du monde d’après, on a déjà vu quelques films coupés en deux (le Mia Hansen-Løve donc, mais aussi 3 000 ans à t’attendre et Coupez !) et des films hantés par des fantômes (Men, Les Cinq Diables, Don Juan, Falcon Lake, Nos cérémonies), comme si la question centrale à laquelle le cinéma devait nous aider à répondre est de savoir ce que l’on fait de notre peine. À ce titre, l’ambition réparatrice de Revoir Paris en fait un film quasi-matriciel de ce festival.
Revoir Paris d’Alice Winocour, avec Benoît Magimel, Virginie Efira…
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