Deux créatrices suisses sur le podium, un lauréat dublinois pour le prix photo, une compétition haute en couleur, et l’appel aux urnes pour contrer le FN de Jean-Pierre Blanc, président du festival…
Des pièces très féminines, tout en transparence et liquidité figée : à Hyères, dimanche 1er mai, c’est la créatrice suisse Vanessa Schindler qui a raflé haut la main le grand prix du jury mode Première Vision. Ses silhouettes de nymphes futuristes, à mi-chemin entre solidité et fluidité, ont fait l’unanimité. Grâce à l’uréthane, matériau rarement utilisé dans l’industrie de la mode, Vanessa Schindler a donné naissance à des textures tout à fait inédites. La jeune créatrice remporte une bourse de création de 15 000 euros remise par Première Vision, un projet de collaboration avec les maisons d’art de Chanel ainsi qu’une collaboration avec Petit Bateau. Le jury, présidé cette année par Bertrand Guyon, directeur artistique de la maison Schiaparelli, avait sélectionné 10 finalistes sur plus de 300 dossiers.
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Mention spéciale également pour l’Allemande Gesine Försterling qui remporte le prix Chloé (exercice de style imposé aux finalistes depuis six ans consistant à réinterpréter les codes de la marque) et pour la Française Marine Serre, qui a été choisie par les Galeries Lafayette pour réaliser une collection capsule.
Vanessa Schindler © Jérémie Leconte
Marina Chedel, suisse également, a quant à elle remporté le prix accessoires de mode, introduit à Hyères pour la première fois cette année et présidé par Pierre Hardy. La jeune femme, spécialiste de la chaussure avec un master au London College of Fashion, a présenté une collection baptisée Over the Peak et influencée par le mythe du dahu, animal fantastique dont les pattes sont plus courtes d’un côté que de l’autre. Ainsi, par le biais des semelles compensées totalement asymétriques, bancales, inspirées des sommets escarpés du mont Blanc, elle modifie l’allure et la démarche de celui qui les porte.
© Charles Negre
Coté photographie, Tim Walker et les membres du jury ont décerné le premier prix à l’Irlandais Daragh Soden pour sa série Young Dubliners, arrêt sur image de la jeunesse dublinoise contemporaine. Des portraits aux teintes douces, lumineuses, d’une bande de jeunes adultes dont l’avenir est aussi incertain que celui de leur pays : difficultés économiques, politiques d’austérité…
© Daragh Soden
Des créatifs engagés contre le FN
Le Festival international de mode et de photo fut par ailleurs l’occasion de s’exprimer sur la situation politique actuelle. Jean-Pierre Blanc, président du festival et de la villa Noailles, a profité du discours d’inauguration pour affirmer son engagement : « Nous sommes contre le Front national. Ici, c’est tout sauf le repli de soi et la fermeture des frontières« . Les festivaliers ont largement applaudi ses propos.
Dimanche, après un concert donné en plein air, sous les palmiers, par Juliette Armanet, il a évoqué Marion Maréchal Le Pen, qui venait de se « porter garante de l’abrogation du mariage homosexuel » : « Si certains hésitaient encore, ne votez pas blanc dimanche prochain ! » Pierre Hardy quant à lui, déclarait être fier de son rôle de président du jury du prix accessoires, et espérait que les Français éliraient un président, eux aussi, dimanche prochain.
Une bien belle trente-deuxième édition, placée sous le signe de l’audace, de la créativité et portée par des esprits lumineux venus des quatre coins du monde. Les collections des candidats étaient étonnamment colorées, enthousiastes, empreintes d’influences diverses et multiples. Un drapeau couleur shocking pink, en hommage à Elsa Schiaparelli, a d’ailleurs flotté au vent durant ces quatre jours. Comme un barrage à la morosité de l’époque dans laquelle nous vivons.
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