Depuis l’annonce de son alliance avec Marine Le Pen, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan doit faire face à la défection des cadres de son parti. Dans le même temps, de nombreux militants s’apprêtent à ne pas suivre sa consigne de vote.
Le ralliement du président de Debout la France au Front national passe mal : selon un sondage OpinionWays, seuls 32% de ses électeurs prévoient de suivre sa consigne et de voter Marine Le Pen. En revanche, ils seraient 38% à se reporter sur Emmanuel Macron, et 30% à s’abstenir.
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Le vendredi 28 avril, le leader du parti souverainiste a signé un « accord de gouvernement » avec la candidate du Front national. En échange de son soutien lors de la campagne de l’entre-deux tours, il obtiendrait le poste de Premier ministre. Une alliance qui n’est pas au goût de tous. Dominique Jamet, vice-président de DLF a aussitôt annoncé sa démission sur Twitter.
Imagine-t-on le général de Gaulle… s'associant à Jean-Francois Jalkh et Henry de Lesquen pour appeler à voter Marine Le Pen?
— dominiquejamet (@dominiquejamet) April 28, 2017
« Nicolas Dupont-Aignan salit définitivement son image, sa réputation, et ajoute à une faute morale certaine une probable erreur politique« , s’indigne-t-il dans une tribune sur le site Atlantico. « Ce n’est pas ce que nous attendions de celui à qui nous avons eu le tort et la naïveté, en dépit de quelques signes précurseurs, de faire aveuglément confiance. »
L’hémorragie des soutiens de Debout la France
De nombreux autres cadres du parti se désolidarisent de la ligne adoptée par leur dirigeant, qui a obtenu le score de 4,70 % au premier tour. Eric Anceau, vice-président, a lui aussi claqué la porte quelques minutes après l’annonce. Le maire adjoint de Yerres et délégué national de Debout la France Olivier Clodong a fait de même. “À titre personnel, je ne me reconnais ni dans Madame Le Pen ni dans Monsieur Macron”, précise-t-il néanmoins sur Twitter.
Pour ma part, la campagne #NDA2017 s'est achevée hier à 20h. La campagne @lepen @dupontaignan qui débute ce matin ne me concerne en rien.
— Olivier Clodong (@oclodong) April 29, 2017
Le mouvement de rejet s’étend aux responsables départementaux. Plusieurs candidats aux législatives ont décidé de ne pas se présenter sous l’étiquette du parti. Anne Boissel, porte-parole du candidat à la présidentielle refuse désormais de se briguer un mandat dans la 5e circonscription du Calvados.
Nicolas Le Caroff, qui avait entamé sa campagne à Guingamp, se sent trahi par son leader : « On s’est battu 10 ans pour expliquer aux Français que nous n’étions pas comme le Front national. Là, il a signé l’acte de décès de notre mouvement« , a-t-il confié à France Bleu.
Manifestations à Yerres
Dans la ville d’Yerres (Essonne), dont Nicolas Dupont-Aignan est le maire depuis 1995, on réclame sa démission. Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés devant la mairie les samedi 29 avril, dimanche 30 et lundi 1er mai.
Les maires des huit communes de la communauté d’agglomération Val d’Yerres Val de Seine ont également adressé une lettre au candidat souverainiste pour demander sa démission du poste de président de l’agglomération. “Il y a un problème de valeur. Cette décision de se rattacher à l’extrême droite sans même nous prévenir est à mon sens indéfendable”, a commenté l’édile de Draveil, Georges Tron.
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