Je crois ta victoire envisageable et je ferais n’importe quoi pour échapper à ça.
Je t’aime. Ceci est une vérité légèrement alternative, comme on dit chez ton possible futur interlocuteur US. Je prends quand même les devants pour te déclarer ma flamme, on ne sait jamais, car si dimanche il se produisait un nouveau cataclysme électoral – ta présence au second tour en est déjà un –, je veux être parmi les premiers collabos.
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Je crois ta victoire envisageable, comme un Barcelonais a cru à la remontada, un Londonien au Brexit, un Yankee à Trump et François Fillon au Père Noël – oui, fort heureusement, ça ne marche pas à tous les coups. Je n’ai pas le courage d’un résistant et nulle envie de passer les cinq années qui viennent dans le camp de redressement Robert-Ménard pour journalopes islamo-gaucho-bolivariens à tendance social-démocrate européiste et oligarchiste.
Noyer des migrants
Je ferais n’importe quoi pour échapper à ça, j’accepterais un poste de douanier bénévole à la frontière belge, je veux bien écrire des sketches pour Franck de Lapersonne, dénoncer des chanteurs communistes, déménager à Hénin-Beaumont, changer les couches de ton père, m’occuper de tes chats, dénoncer des confrères communistes, lire Jean Raspail et Renaud Camus, dénoncer des écrivains communistes, chanter du Dalida, révisionner mes cours d’histoire, ouvrir une sandwicherie patriote à Béziers, organiser des apéros saucisson-pinard à Fréjus, faire le café de Florian Philippot, dénoncer des sans-papiers, noyer des migrants, vendre du beurre au marché noir, revenir au franc, au noir et blanc, aux PTT, à l’ORTF, à l’Algérie française, à la peine de mort, rhabiller des Femen, rhabiller ta mère, faire des selfies avec des néonazis, sucrer des subventions aux théâtreux gauchistes, apprendre les danses régionales, prendre un berger allemand au refuge Brigitte-Bardot…
L’illuminée homophobe m’a éclairé
Bon, je veux bien aussi un job fictif d’attaché parlementaire européen payé une blinde, si un truc se libère. Je flippe ma race, pourtant blanche, Marinette. C’est Christine Boutin, cette stratège de haut vol, qui m’a mis la puce à l’oreille. En appelant à voter pour toi, l’illuminée homophobe m’a éclairé : si une grande partie de la droite sarko-fillonniste, alliée à une poignée de l’extrême gauche insoumise, se lance dans une opération de trolling électoral pour espérer récupérer la mise aux législatives, alors on l’a dans le baba.
En face de toi, on t’a mis un ventilateur, et rien de tel que le vent pour récolter la tempête. Un mec qui s’affiche avec Régine et Bernard Montiel au lieu de bosser ses discours, qui mesure moins l’urgence du danger que la circonférence de sa petite cour d’ectoplasmes people, ça sent le futur loser qui n’aura rien vu arriver. Cette élection est un cimetière de vendeurs de peau d’ours, et après Valls, Juppé et Fillon, on pourrait bien en tenir un quatrième pour une belote morbide sur la tombe de la république. Au soir du 7 mai, à 20 heures, si tu apparais sur les écrans en triomphatrice, on pourra toujours gueuler au retour de la bête immonde, la vraie bêtise sera du côté de ceux qui l’ont nourrie.
Je t’embrasse, du coup, puisque je fais semblant de t’aimer.
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