Invité de l’émission « Dans le genre de » sur Radio Nova, le cinéaste Alain Guiraudie revient sur ce qui l’a construit : de son enfance dans une famille de paysan dans le bocage de l’Aveyron à ses idoles, en passant par son rapport à la sexualité.
Quelle relation entretient chacun de nous avec son genre, sa féminité, sa virilité ? Par le biais de quelles identifications, culturelles (acteurs, musiciens, personnages de fictions) mais aussi plus personnelles (familiales, amicales, etc.) s’est-elle construite ? Voici le point de départ de Dans le genre de, une des nouvelles émissions de la grille de Radio Nova. En une heure, une fois par mois, Géraldine Sarratia, rédactrice en chef aux Inrocks, part à la rencontre d’une personnalité qu’elle interroge sur son rapport au genre et à l’identité. Cette semaine, nous écoutons le cinéaste Alain Guiraudie, scénariste et réalisateur de Le Roi de l’évasion, L’Inconnu du lac, ou encore Rester vertical.
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Alain Guiraudie est un personnage hors norme. Un accent tranchant pour un cinéma existentiel qui l’est tout autant, capable à lui seul de mettre la lumière sur un des plus gros angles morts du cinéma français : le monde rural, sa fantaisie et sa sexualité. Des thématiques qu’il connaît bien, lui qui a eu sa première aventure avec un homme très jeune, dans un milieu qui a très peu droit de cité dans les affaires de sexualité.
« C’était assez compliqué pour moi tout ça… J’ai aimé les garçons très tôt avec une aventure avec un homme, très jeune. Mais c’est quelque chose contre quoi j’ai lutté, pendant un bon moment même… »
A l’entendre, on comprend vite que Guiraudie est du genre viril. Très à l’aise avec les codes de la masculinité traditionnelle, il cite Charles Bronson, Henry Fonda, Bernard Lavilliers, Serge Gainsbourg ou encore le beau William Holden lorsqu’il s’agit d’évoquer les figures populaires qui l’ont marqué dans son adolescence. Des personnages qui font très « mecs » comme il dit.
« Cela ne m’a jamais intéressé d’avoir un air féminin pour aller vers les mecs. (…) C’est autant un trip viril que féminin… Ce sont vraiment des choses que j’ai complètement dissociées. »
Certaines femmes aussi l’ont beaucoup marqué, à l’image de Nina Hagen, « celle qui a amené la belle voix dans le rock, et qui a surtout appris à des millions de téléspectatrices à se masturber… ». Mais il évoque aussi Ursula Andress et même Dalida…
« Avec le recul, je me dis mais qu’est-ce qui pouvait me plaire chez Dalida ? C’est un truc très pédé ça quand même… Normalement, on trouvait tous ça hyper ringard !«
Des femmes qui l’attirent autant qu’elles l’effraient. Il évoque Freud pour parler du sexe féminin, ce « continent noir » comme il dit, vis-à-vis duquel il y a de quoi « aller jouer aux explorateurs ».
« Je n’ai toujours pas compris comment on devenait homosexuel… La femme ça fout la trouille, il y a peut-être de ça… »
Mais le désir et la sexualité sont pour lui pour lui des choses bien plus complexes que les sentiers déjà bien tracés et les catégories de genre. Catégories que l’on est d’ailleurs clairement en train de dépasser selon lui, bien qu’après l’utopie homosexuelle et la libération des années 1970, on soit « un peu retombé sur le plancher des vaches » .
Où en sommes-nous aujourd’hui, entre libération, injonction à jouir et consumérisme sexuel ? Où en sommes nous vis-à-vis de la séduction, de ses lieux, de ses codes ? Où en sommes-nous aussi des canons de beauté, de la norme et de ce qui y échappe ? Ce sont toutes ces questions qui traversent le cinéma et la pensée de Guiraudie, qui se livre avec franchise et sensibilité dans cette interview, à écouter ici :
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