Dans le cadre de Chantiers d’Europe, le Théâtre de la Ville programme un objet scénique singulier et puissant imaginé par le Catalan Alex Rigola.
C’est pour une toute petite assemblée que le metteur en scène catalan, Alex Rigola, convoque les mots de Pier Paolo Pasolini au cœur d’un conteneur en bois brut servant à transporter ordinairement des œuvres d’art. Seul, habillé en footballeur, ballon au bout du pied, l’acteur Gonzalo Cunill, que l’on a si souvent vu chez Rodrigo Garcia, dit d’une manière incroyablement sobre ce texte si singulier dans l’œuvre de Pasolini : Qui je suis.
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Ecrit à New York en 1966, Qui je suis est une longue réponse à une interview imaginaire. Une adresse à soi-même pour dessiner les contours de l’homme qu’il est devenu, tentant de son vivant d’éclairer son identité fatalement voilée par une œuvre aussi riche et diversifiée que controversée et censurée. Dans ce long poème autobiographique, inachevé mais foisonnant d’informations, sa mère tient une place importante.
Contradictoire, fragile, passionné
Il évoque également ses relations avec la presse et la justice. Mais, surtout, il formule des doutes, se questionne sur la nature même de son travail. La littérature, la langue, la poésie et son engagement à travers elle, mais aussi le passage de la littérature au cinéma, ce que dit l’un que ne dit pas l’autre. Et c’est cela qu’Alex Rigola et son acteur d’exception ont particulièrement tenus à souligner.
Pasolini se révèle alors contradictoire, fragile, passionné. Empruntant ironiquement les codes de l’interview, c’est un autre visage de lui-même – différent de celui de la presse de l’époque – qu’il livre avec une incroyable sincérité, à l’instar de cette confession au cœur du texte : “Tant que je ne serai pas mort, personne ne pourra être certain de vraiment me connaître, de pouvoir donner un sens à mon action, laquelle, en tant que moment linguistique, reste difficilement déchiffrable. Mourir est donc absolument nécessaire, parce que, tant que nous sommes en vie, nous manquons de sens.”
Who Is Me. Pasolini – Poeta de las cenizas mise en scène Alex Rigola, avec Gonzalo Cunill, en espagnol surtitré en français, du 9 au 11 mai à l’Espace Pierre Cardin, Paris VIIIe
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