Formé à Bordeaux en 1998, ce duo aux faux airs de White Stripes – en plus trash et plus underground – prêche un punk garage primitif et déflagrateur à longueur de concerts apocalyptiques : le corps y est seul juge, arbitre, acteur.
“C’est ça le spectacle vivant, ajoute Agnès en rigolant. On n’en est pas spécialement fiers, mais parfois le corps ne suit plus.” Agnès et Stéphane se suivent, eux, depuis plus d’une quinzaine d’années. Ils se rencontrent à l’adolescence, à Pau, préfecture un poil bourgeoise et endormie des Pyrénées-Atlantiques. Ils y passent leur temps à “faire les cons”, avant, quelques années plus tard, de former un couple.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Looch arrête le lycée, se met au garage et forme avec des copains The Catchers, un groupe de surf-garage dont les concerts dégénèrent régulièrement en baston. Ce n’est qu’en 1992, lorsque le couple déménage à Bordeaux, que germe l’idée de monter The Magnetix. Très vite le duo trouve sa formule, guitare fuzz, voix, grosse réverb, batterie, et produit des morceaux de garage aux riffs possédés et furibards, dans la lignée de Link Wray, The Mummies ou encore Hasil Adkins. Ils sortent un premier 45t sur un label palois, quelques autres partagés avec des groupes du coin et enchaînent les live en Belgique, Hollande, Italie, ou même Etats-Unis. Ils assurent aujourd’hui entre quarante et cent dates par an. Pourtant, le groupe est loin de vivre de sa musique.
Pour rendre leur catalogue plus accessible, The Magnetix – qui ne sortaient que des vinyles – s’essaient aujourd’hui pour la première fois au support CD, avec un huit-titres sur le label parisien Born Bad. Prolongement de l’excellente et pointue boutique rock’n’roll de la rue Keller, à Bastille, ce label (qui a sorti la compilation electro Biip) tente de donner de la visibilité à une scène rock française méconnue, ignorée. “Il faut absolument dire qu’elle existe, sinon elle va crever, s’emporte JB Wizz, le très rockab boss du label. Et peu importe son talent ! Je ne suis pas dupe : je sors des disques anecdotiques de groupes qui sont sincères et qui ont une vraie énergie. Ils se mettent dix fois plus en danger que les White Stripes. The Magnetix, pour moi, c’est la quintessence du rock’n’roll !”
On pourra en effet voir quelque chose de dérisoire ou d’anecdotique chez The Magnetix. Dénigrer cette façon quasi obsessionnelle de se blottir dans l’esthétique d’une époque révolue et dans la trinité rock’n’roll avec ce qu’elle a de clichés, d’excès, de déjà-vu. Ne voir en eux qu’un énième groupe de garage français, qui vivote dans un sous-genre, et joue une musique (m)usée et primitive qui n’atteindra jamais les foules. On peut au contraire trouver le geste magnifique, incandescent, et aimer profondément ce courage d’aller jusqu’au bout, et de vivre sa vie sans se soucier des normes, des conventions, du succès, du confort. Et se trouver alors bien incapable de les lâcher des yeux sur scène, lorsqu’ils dégagent une énergie animale, sexuelle, indomptable, presque taboue. Magnétique.
{"type":"Banniere-Basse"}