Genre star des années 1990, le jeu de gestion confirme son retour en forme avec l’inédit “Festival Tycoon” et le portage de “Parkasaurus”.
Tout n’avait donc pas été fait. Depuis l’émergence des jeux de gestion dans les années 1980 et surtout 1990, les univers les plus variés y sont passés : le zoo, l’hôpital, la ferme, le parc d’attraction, le chemin de fer, l’aéroport, le casino, la pizzeria, l’hôtel et même la prison, mais c’est sans doute la première fois qu’un game designer jette son dévolu sur les festivals de musique.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Disponible en accès anticipé depuis l’automne dernier, Festival Tycoon a en plus le mérite d’arriver en version définitive juste à temps pour se chauffer avant les (vrais) festivals de l’été.
Espace-temps à part
S’inscrivant explicitement dans la lignée des ténors du genre par la reprise du mot “tycoon” dans son titre (comme Railroad Tycoon, Rollercoaster Tycoon…), l’œuvre du jeune Autrichien Johannes Gäbler se pratique en deux temps. D’abord, il y a la “construction” : on installe une entrée, une scène plus ou moins vaste, des tentes, des stands de nourriture, de boissons et d’activités annexes (trampoline, baby-foot, fléchettes…) en soignant la déco de notre espace, avant de recruter groupes et sponsors. Ensuite, place au “mode direct” : les fans et les musiciens arrivent et nos possibilités d’action se réduisent à peu de choses. Car le premier public, alors, c’est nous.
Si son interface mériterait d’être encore améliorée, Festival Tycoon séduit par la manière dont, par ce basculement soudain, il fait écho à l’expérience même du festival de musique comme espace-temps à part, soustrait aux logiques de la vie ordinaire. Il en saisit bien la fin, aussi : la musique s’est tue, le calme est revenu, des silhouettes errent entre les détritus. Tout cela, on l’observe avec attention. En prenant mentalement des notes sur ce qu’on pourra améliorer la prochaine fois, mais également parce que les déplacements de nos festivalier·ères attisent notre curiosité, la réussite d’un jeu de gestion tenant aussi au comportement des petits êtres qui le peuplent.
Fringale de stégosaure
La même chose vaut pour un autre représentant du genre qui vient d’arriver sur la Switch : Parkasaurus. Au rayon de la gestion de parc de dinosaures, il n’occupe pas le créneau du grand spectacle (qui appartient à Jurassic World Evolution) mais celui de la simulation tycoon classique avec juste ce qu’il faut de variations fantaisistes.
Constitué d’une suite de niveaux pensés comme autant de problèmes à résoudre, Parkasaurus ne sépare pas, lui, le temps de la construction de celui de ses effets, ce qui empêche de s’installer dans une posture de spectateur·rice car c’est en “temps réel” qu’il faut réagir aux événements – par exemple à la fringale d’un stégosaure ou encore à la déprime d’un brachiosaure qui trouve son enclos trop étroit. Mais le sentiment demeure que notre contrôle sur les événements ne sera toujours que partiel et une partie du plaisir vient justement de là : de ce qui, au final, nous échappe. Rock stars virtuelles ou dinosaures, même combat : dans l’extase ou le désastre, leurs mondes ne fascinent jamais autant que quand, conservant leur part de mystère, ils vivent leur vie indépendamment de nous.
Festival Tycoon (Dreihaus/Future Friends Games), sur Windows, environ 11,50€ ; Parkasaurus (Washbear Studio) sur Switch et Windows, environ 21€
{"type":"Banniere-Basse"}