2022 ne fait pas exception : pour la quatrième année, la Région Île-de-France met à l’honneur les Franciliennes qui font bouger les lignes. Le 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, les Trophées ellesdeFrance ont célébré quatre habitantes pour leurs actions menées dans les domaines de l’innovation, de la création, de la solidarité, ainsi que du courage et du dépassement de soi. Attribuée par les internautes, une cinquième récompense, le Prix Simone Veil, a été décernée à une personnalité pour son engagement. Aujourd’hui, nous vous présentons Laurence Fischer, lauréate du Prix solidarité, triple championne du monde de karaté et fondatrice de l’association Fight for Dignity.
Qui est-elle ?
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Une sportive à la ténacité et aux valeurs indéfectibles, tournée vers les autres. Triple championne du monde de karaté, Laurence Fischer a un parcours remarquable, unique : après avoir grandi à Marseille, cette Toulousaine d’origine commence à travailler pour le service des sports de la Ville en 1998, à 25 ans. “Mon engagement a débuté dans les quartiers nord”, se remémore celle qui est désormais Ambassadrice pour le sport au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.
Elle a 28 ans lorsqu’elle emménage en Île-de-France. “Cette région a été mon lieu d’épanouissement et de performance en tant qu’athlète, mais aussi au niveau de ma formation”, confie-t-elle, un sourire dans la voix. En plus de correspondre à l’année où elle intègre la prestigieuse école de sciences économiques et commerciales ESSEC, 2003 marque un tournant dans sa vie : c’est le début de ses premières missions humanitaires. Parmi elles figure le décisif mois passé à Kaboul, en Afghanistan, en 2005. “J’ai été confrontée à une réalité tragique : la non-liberté des jeunes filles et des femmes à être, à exister”, raconte-t-elle.
Forte de ce premier déclic sur les inégalités femmes-hommes, elle rencontre le Dr. Denis Mukwege, gynécologue et militant kino-congolais -dont l’engagement sera récompensé par le Prix Nobel de la Paix 2018, conjointement avec l’Irakienne Nadia Murad- au Forum mondial des femmes francophones, en 2013. “Lors de son intervention, j’ai eu un choc en apprenant que le viol était utilisé comme arme de guerre”, détaille Laurence Fischer.
Pourquoi a-t-elle gagné un Trophée ellesdeFrance ?
Moins d’un an plus tard, elle se rend à la Maison Dorcas, un centre de transit et d’autonomisation des femmes ouvert par le médecin en République démocratique du Congo. “Je me suis dit qu’il y avait deux points clés pour accompagner les survivantes de violences : la réappropriation du corps et de l’estime de soi”, se souvient-elle. Au volet juridique, médical et socio-professionnel, Laurence Fischer a ajouté le corporel, à travers une méthode qu’elle a développée en intégrant la pratique du karaté.
“Néanmoins, il ne représente que 40 % de la séance d’une heure et demie, nuance-t-elle. On travaille essentiellement sur les sensations physiques au niveau du bassin et du périnée, ainsi que sur les syndromes de stress post-traumatique et sur l’état psychique.” Les outils : la respiration, l’introspection, la concentration, la présence à soi. “Il n’y a pas de notion de performance comme dans le sport, reprend la triple championne du monde. Ici, on privilégie le temps, la bienveillance, l’attention… Et le rire !”
Une approche qui a rapidement porté ses fruits. “Au bout de deux ans, des jeunes filles m’ont dit qu’elles voulaient retourner dans leur village pour transmettre ce qu’elles avaient appris”, annonce Laurence Fischer, une pointe d’émotion dans la voix. C’est ce qui l’a confortée dans son envie d’ouvrir sa propre association : Fight for Dignity, qui a vu le jour à Paris, en 2017. “Je voulais aller plus loin, pérenniser cette méthode, conclut sa fondatrice. On s’inscrit dans une possibilité pour les femmes d’aller mieux.” Une étape dans un parcours de combattantes, en somme.
Depuis quatre ans, la Région Île-de-France récompense des Franciliennes aux profils divers, engagés et inspirants à l’occasion des Trophées ellesdeFrance. La quatrième cérémonie, organisée le 8 mars 2022, a permis de mettre en lumière et de valoriser ces personnalités qui s’engagent pour une société plus juste et innovante.
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