L’éveil sexuel et spirituel d’une femme soumise à des injonctions d’un autre âge.
Clara Sola est un conte d’aujourd’hui, le récit d’une émancipation féminine implantée dans un petit village costaricien. Clara est une sainte ou, plutôt, pour celles et ceux qui l’entourent, la réincarnation de la Vierge Marie. Son don est tel qu’il lui vaut d’être courtisée par une foule qui la visite comme celle par qui le miracle arrive. Derrière cette propriété divine, c’est une forme de handicap qui fait de Clara un être coupé du monde, retranché dans son for intérieur.
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C’est justement à la manifestation de cette intériorité que le film est tout entier dédié, à cette émanation qui s’exprime par le corps de Clara, son appel au désir et à la sexualité qui ne cessent d’être réprimés par le personnage de la mère, allégorie du patriarcat et de ses injonctions.
Telle la sœur proche d’Ada de La Leçon de piano
Nathalie Álvarez Mesén filme ainsi le débordement de ce corps prisonnier, qui peut être touché mais pas par lui-même, qui soigne mais ne peut être soigné, comme une éruption qui se passe de psychologie et s’épanouit au contact d’une nature habitée et luxuriante, dans un rapport au monde animal, silencieux et immatériel. Sœur proche de la Ada de La Leçon de piano (Jane Campion), Clara, femme sans âge (Wendy Chinchilla Araya, bloc de pure présence qui s’absente du monde), finira par prendre possession de son corps non pas dans un rapport charnel à l’autre, mais seule. C’est là sa révolution, sa guérison.
Clara Sola de Nathalie Álvarez Mesén, avec Wendy Chinchilla Araya, Daniel Castañeda Rincón (Bel., Sue., Cost., All., É.-U., 2021, 1 h 46). En salle le 1er juin.
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