Espoir de la pop, elle avait (presque) disparu depuis douze ans. Avant ce retour mordant tout en raffinement indie.
La révolution n’a pas eu lieu. Annoncée comme la nouvelle championne de la pop à l’aube des années 2010, adoubée par l’un de ses principaux architectes (Pharrell Williams), la coqueluche d’Ed Banger Records s’est cassé les dents sur le plafond de verre d’une industrie musicale bien trop prompte à digérer, recracher puis manufacturer les inventions formelles et sonores de la pop contemporaine.
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Malgré l’incapacité des stars de Myspace et du courant bloghouse à reformater le mainstream, et après s’être vu griller la priorité par Kesha et son tube chiptune TiK ToK (on appréciera l’ironie contemporaine du titre), le premier album d’Uffie, qui supporte curieusement bien l’épreuve du temps, aura pourtant pavé la voie à quelques pop stars aventureuses des années 2010, Charli XCX en tête.
Sur sa mixtape Number 1 Angel (2017), cette dernière la faisait d’ailleurs renaître de ses cendres le temps d’un morceau partagé (Babygirl), de quoi remettre Uffie sur les rails de la composition après sept années de silence radio.
Uffie retrouve sa position d’outsider de la pop qui paie son tribut à l’hyperpop
Désormais signée sur le label de Toro y Moi et sortie de sa retraite anticipée dans le désert de Joshua Tree, la chanteuse du tube Pop the Glock, qui s’était illustrée depuis 2018 sur des singles digitaux réunis dans l’EP Tokyo Love Hotel, fait enfin son retour au long format.
Profitant de la versatilité de Chaz Bear (le ska-punk de Dominoes) et du raffinement indie pop du producteur Lokoy (l’imparable Cool), Uffie retrouve sa position d’outsider de la pop qui paie son tribut à l’hyperpop (l’élastique Sophia ou Anna Jetson), tout en continuant à charrier l’influence d’ESG ou des productions de ses ancien·nes acolytes d’Ed Banger.
C’est dans cet interstice entre son passé de next big thing et cet apaisement que se nichent les dix titres de ce Sunshine Factory qui culmine sur le joliment titré Crowdsurfinginyoursheets. Porté par son écriture toujours aussi mordante et tout en refrains imparables, ce nouvel album est un formidable moyen de se rappeler, à l’instar du premier single au titre idoine, que Uffie n’a finalement jamais cessé d’être cool.
Sunshine Factory (Company Records/Bigwax). Sorti depuis le 20 mai.
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