Voilà près de quinze ans, que Zoe Saldana promène son visage fin au cinéma mais ironiquement, c’est lorsqu’elle campe des personnages d’amazones à l’apparence floue, que son visage, bariolé de bleu ou de vert, imprègne le plus les esprits. Après la créature bleue d’Avatar, elle incarne à nouveau un être hybride dans le nouvel opus des « Gardiens de la galaxie ».
L’une des premières fois où elle nous est apparue sur grand écran c’était en 2009 sous les traits bleus de la créature imaginée par James Cameron. On l’avait également repérée, quelques mois plus tôt, dans le vaisseau intergalactique de Spock, cette fois ci visage nu mais toujours mêmes traits anguleux, dans la saga Star Trek. Cette semaine elle vadrouille dans les confins de la galaxie dans le deuxième volet des Gardiens de la Galaxie.
L’occasion de revenir sur sa carrière d’actrice-mutante, spécialiste en fond vert.
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Formation danseuse à bonne copine teen
Née de parents originaires de République dominicaine et de Porto Rico, Zoe Saldana grandit dans le Queens à New York. Orpheline de père très jeune, elle retourne vivre avec sa mère et ses soeurs en République dominicaine, avant de revenir à New-York à l’âge de 17 ans où elle intègre successivement plusieurs compagnies de théâtre. C’est durant son escapade dominicaine que la jeune fille apprend la danse et obtient un diplôme dans la prestigieuse école Ritmos Espacio. Une formation de danseuse qui lui permet de faire une première apparition sur grand écran dans le film pour ado Danse ta vie. Un rôle de minette teen auquel l’actrice s’adonne régulièrement au début de sa carrière. On la retrouve par exemple aux côtés de Kirsten Dunst et Ben Foster dans la comédie Get Over puis plus tard en 2002 dans Crossroads, avec la star de la pop Britney Spears. Le film suit l’histoire de trois amies un peu fofolles, qui après s’être perdues de vue s’engagent dans un road trip états-uniens conduit par un gros beauf soupçonné d’avoir fait de la tôle. Dans ce joli nanar, Zoe Saldana incarne Kit, la fille la plus populaire du lycée à la plastique de rêve, qui décide de tout plaquer pour rejoindre son boyfriend à L.A.
Hollywood
Après ces rôles confidentiels, Hollywood lui ouvre les bras en 2003. Elle intègre la franchise Pirates des Caraïbes aux cotés du cabotin Johny Depp. Mais l’expérience se révèle peu convaincante voir humiliante : « C’était très élitiste. J’ai failli tout plaquer. J’avais 23 ans, et je me suis dit ‘Qu’ils aillent se faire foutre ! Plus jamais je ne m’imposerai ça’. Des gens qui te manquent de respect parce qu’ils regardent ton ordre de passage sur une feuille et qu’ils décident que tu n’es pas importante… » se souvient-elle dans un entretien au Hollywood Reporter.
Des rôles de belle gosse sexuée, elle passe discrètement à des partitions plus matures. Spielberg lui offre un mini rôle dans Le Terminal, où elle incarne une flic chevronnée fan de Star Trek – une belle prémonition pour celle qui campera quelques années plus tard Nyota Uhura dans la trilogie modernisée par J.J Abrams. Elle (re)passe ensuite dans les bras d’Orlando Bloom dans l’oubliable Haven avant d’obtenir un rôle de premier plan aux cotés d’Aston Kutcher dans Black/White, remake de Devine qui vient dîner?. En 2007 on l’aperçoit dans la sexy-comédie After Sex, dans laquelle elle campe une jeune fille entreprenante qui initie Mila Kunis au plaisir lesbien.
Icône geek
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Mais c’est en 2009 que la carrière de Zoe Saldana prend un tournant intéressant et notamment grâce au genre de la SF. En 2009, l’actrice squatte les plus deux gros blockbusters arty de l’année qui lui offrent deux rôles d’envergure. Le premier chez J.J Abrams qui dépoussière le totem geek Star Trek et le second chez James Cameron qui lui offre peut être encore à ce jour sa plus belle partition. Dans Avatar, Zoe Saldana incarne Neytiri, une Na’vi révoltée et impliquée dans la défense de sa planète Pandora, peu à peu colonisée par les hommes. Grâce à la motion capture, Cameron parvient à fusionner le visage de son actrice et celui de son avatar aux yeux de chat et oreilles d’elfe et à l’apparence trouble entre le félin et l’humain. A l’écran, seule sa face de mutant apparait. Malgré le triomphe du film qui deviendra le plus grand succès de tous les temps au box office mondial, l’après Avatar n’est pas aussi flamboyant qu’espéré. On la retrouve dans des comédies anecdotiques, mais aussi dans une clinquante Série B made in Luc besson, réalisée par Olivier Megatro Colombiana, dans laquelle elle campe une tueuse à gage revancharde. Elle fait une courte apparition chez Guillaume Canet dans sa tentative avortée américaine Blood Ties avec Clive Owen puis en 2013 toujours en second rôle dans l’histoire de fratrie Les Brasiers de la colère avec Christian Bale. Quelques années plus tard, elle débarque dans l’univers Marvel et rejoint le casting des Gardiens de la Galaxie aux cotés de Chris Pratt. Cinq ans après Avatar, c’est à nouveau un Blockbuster SF qui permet à Zoe Saldana de proposer une autre variation de l’être hybride, plus moderne. Elle y campe une créature hors norme, cette fois-ci une super-héroïne extraterrestre et dangereuse à la peau verte.
Un après Avatar décevant
Elle enchaine alors quelques projets séduisants comme le dernier film de Ben Afleck Live By Night ou encore l’adaptation sérielle du célèbre Rosemary’s Baby de Polanski dans laquelle elle incarne la frêle Rosemary. On la retrouve en 2015 dans la dramédie très « Sundance » Daddy Cool, en sorte de mère courage qui doit gérer ses problèmes de familles, de boulot et son mari maniaco-dépressif (Mark Ruffalo).
Nina
En aout 2012, un biopic sur l’illustre chanteuse Jazz Nina Simone est lancé. Après le désistement de la chanteuse RnB Mary J. Blige, initialement prévue pour incarner l’icône, c’est finalement Zoe Saldana qui hérite du fardeau. Ce qui aurait pu devenir le rôle de sa carrière, le genre de performance appréciée par l’Académie des Oscars, se solde par un bashing médiatique violent. Très vite, le film est sujet à de nombreuses critiques. On reproche à l’actrice de ne pas assez « ressembler » à Nina Simone, ou pour être plus clair « de ne pas être assez noire ». Le tout Hollywood se déchaîne et les médias relayent même la déclaration de la fille de la chanteuse, Simone Kelly, qui s’avoue embarrassée par ce choix de casting. Tiffani Jones, fondatrice du blog Coffe Therotic dénonce l’industrie Hollywoodienne qui tend à vouloir blanchir ou éclaircir la peau de ses personnages et lance une pétition fructueuse sur le net, priant la réalisatrice Cynthia Mort de renoncer à son choix. Bien des années plus tard, en mars 2016, un premier trailer apparait sur la toile et réactive la polémique. Un teaser de quelques minutes dans lequel on aperçoit Zoe Saldana, visage assombri et prothèse nasale (pour donner un aspect plus grossier à son nez). Après la fureur déclenchée quelque mois plus tôt contre des Oscars jugés trop blancs et la profusion du hashtag OscarsSoWhite sur les réseaux sociaux, la polémique se cristallise à nouveau sur Zoe Saldana. Un double retour de bâton pour celle qui milite depuis toujours pour l’égalité raciale notamment dans l’industrie cinématographique, comme lors de cet entretien au média The Daily Mail d’août 2011 dans lequel elle déclarait : « Et bien sûr il y a du racisme et de la discrimination à Hollywood. Tu viens pour un rôle et ils te disent ‘Oh, on l’a beaucoup aimée, elle est vraiment géniale mais nous cherchions quelque chose de plus traditionnel’ ». Le fiasco de Nina est aussi un échec pour l’actrice qui peine à exister au-delà de ses rôles gonflés d’effets numériques.
La suite
Pour la suite, Zoe Saldana prêtera à nouveau son visage à diverses mutations. On la retrouvera en 2020 dans le troisième opus des Gardiens de la Galaxie mais surtout la même année et jusqu’en 2025 dans les quatre suites prévues de la fresque futuriste et écolo de James Cameron sous l’apparence de son avatar guerrier. Deux rôles ultra bankables qui lui permettront aisément d’arrondir ses fins de mois mais qui peuvent également laisser un sentiment d’inachevé dans sa carrière. Espérons que sa capacité à changer d’épiderme comme de chemise inspire de grands cinéastes pour lui offrir de nouveaux rôles à hauteur de son talent.
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