On fête les 200 ans de la mort du chevalier d’Eon, ce maître de l’espionnage. Mais où en sont les espions contemporains ?
Il y a 200 ans, le 21 mai 1810, mourait Charles de Beaumont, alias le chevalier d’Eon. Homme ou femme, la question est tranchée depuis longtemps, et pourtant le mythe perdure. Il a inspiré un dessin animé, une chanson, un film et d’innombrables livres.
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Mais plus encore que son ambiguïté sexuelle, c’est son habileté à tromper durablement son entourage pour soutirer des informations qui fascine, et c’est ainsi qu’est née une des figures majeures de la culture populaire : l’espion.
L’espion et l’espionne (dont l’archétype reste la pourtant plutôt inefficace Mata Hari) ont connu leur heure de gloire, dans la réalité comme dans la fiction, durant la guerre froide. Le péril atomique interdisant toute confrontation directe, la lutte entre les Etats-Unis et l’URSS se situait sur le terrain de l’influence et du renseignement. Tandis que les Soviétiques recrutaient l’élite britannique à Cambridge, les Occidentaux retournaient des agents du KGB comme Vladimir Vetrov, dit Farewell.
Cet univers secret, que personne n’a mieux décrit que John Le Carré, était évidemment propice à tous les fantasmes et tous les clichés, de la barbe postiche aux gadgets de James Bond. Avec la chute de l’URSS, l’espionnage n’a pas disparu. Converti à la nouvelle donne géopolitique et à la guerre de l’information, il ne se porte pas si mal, comme en témoignent de récentes affaires au Venezuela, en Inde ou en Iran.
Le cas Litvinenko a par ailleurs montré que si les choses n’étaient plus forcément aussi claires qu’auparavant, elles étaient toujours aussi dangereuses. Et avec les nouvelles technologies, l’amateurisme est aussitôt sanctionné.
Cependant, l’espionnage qui fait désormais recette, c’est l’espionnage industriel (à ne pas confondre avec son versant légal, l’intelligence économique). Entre 2006 et 2008, près de 3 000 entreprises françaises ont été victimes de tels agissements, à l’image de Michelin ou Valeo. Sur le site IElovePME, Cuir CCM, une PME du Pas-de-Calais, témoigne du dramatique et typique vol de données dont elle a été victime. L’informatique est devenue l’arme favorite d’espions aux méthodes sophistiquées et le cyber-espionnage une menace majeure. Pour se protéger, mieux vaut cependant compter sur soi que sur le contre-espionnage français, apparemment occupé à des affaires beaucoup plus importantes…
Photo : Sean Connery dans « Bons baisers de Russie »
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