Ce jeudi 27 avril, plusieurs centaines de lycéens se sont regroupés place de la République pour exprimer leur colère contre la présence du Front national au second tour, et le « choix impossible » entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
« Paris debout ! Paris soulève-toi ! » lance une partie du cortège aux curieux qui les regardent prendre le chemin de la place de la Bastille depuis leur fenêtre. A 11h ce jeudi 27 au matin, plusieurs groupes de lycéens se retrouvent pour rallier République à Bastille, et montrer leur colère devant le résultat du premier tour de l’élection présidentielle. Rejoints par des militants antifascistes, ils viennent entre autres des lycées Voltaire (XIe), Jules Ferry (IXe), et Louis Le Grand (Xe), trois des lycées devant lesquels un blocus était organisé ce matin à Paris.
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Contre Le Pen, contre Macron. Mais surtout contre Le Pen
Si le rassemblement est programmé en réaction aux résultats du premier tour, et que les slogans « Ni Le Pen, Ni Macron, Ni Patrie Ni Patron » font légion sur les pancartes, la préoccupation de cette jeunesse qui n’a pas encore le droit de vote est bien la présence du Front national au second tour. Et par-dessus tout, l’absence de mobilisation de leurs aînés, contrairement à 2002.
Dans la #manif #SansMoiLe7Mai #BlocusNiFnNiMacron des lycéens, des étudiants en fac, des jeunes travailleurs
— Radio Parleur (@radioparleur) April 27, 2017
« Des élections de merde pour un monde de merde »
Le regroupement est plein d’intentions pacifistes, à l’image d’une lycéenne qui distribue des roses dans la foule. Mais les cris de joie poussés un peu partout à l’idée de se rassembler pour manifester vont laisser place à une ambiance crispée autour de 11h30 au moment des premiers coups de bouteilles dans les vitrines d’une banque. Les forces de l’ordre, présentes en nombre, gazent alors la foule qui se disperse une première fois. Les mieux préparés, le visage protégé, ripostent en visant les agents avec divers projectiles. D’autres, moins armés, reculent précipitamment et se protègent derrière ce qu’ils ont sous la main. Sur le carton derrière lequel une jeune fille se cache le visage, un slogan un brin pessimiste qui résume peut-être un sentiment général parmi les manifestants : « Des élections de merde pour un monde de merde« .
Le trajet sur le boulevard Beaumarchais sera plusieurs fois interrompu par des heurts entre la police et les manifestants, mais c’est à l’arrivée sur la place de la Bastille que la manifestation va vraiment exploser en plusieurs petits groupes que les forces de l’ordre tentent d’encercler de force à coups de bouclier, repoussant tout le monde vers l’opéra. « La Bastille vous suffit ? Il faut prendre la Nation ! » scande un homme sur la place.
« On ne veut ni de l’un, ni de l’autre »
Se rendre à la place de la Nation était déjà l’objectif de quelques-uns, mais devient très vite une évidence pour tout le monde. Le cortège se coupe alors en deux et plusieurs dizaines de lycéens sont nassés au croisement Daumesnil/Diderot (XIIe). A côté de nous, une fillette demande à sa mère de lui expliquer ce qui se passe. « Ils manifestent pour protester contre Marine Le Pen« , lui explique sa mère. « Pas seulement madame, contre l’autre aussi, répond une militante à côté de nous. On ne veut ni de l’un, ni de l’autre« . L’échange se poursuit avec le sourire. »Il faut bien pourtant choisir entre l’un ou l’autre« . « Pas forcément madame. Il faut choisir pour ce qu’on veut, ce qui nous correspond »
Faisant une pause dans un escalier pour récupérer d’un nuage de gaz lacrymogène lancé par les forces de l’ordre, un autre lycéen se plaint d’un coup de bouclier dans l’épaule. « Il m’a repoussé avec son bouclier et cogné dans l’épaule quand on était à Bastille« . « T’as pas eu de chance. Moi, sa matraque m’a juste frôlé les jambes.« , renchérit un de ses amis à côté.
Une cinquantaine de lycéens sont nassés à l'issu de la manifestation #nilepennimacron pic.twitter.com/q33N0aiWpV
— Pierre Gautheron (@PierreGautheron) April 27, 2017
L’autre partie du cortège a finalement réussi à rejoindre Nation, où une autre nasse a été formée pour contenir la manifestation, qui s’est poursuivie tout au long de ce début d’après-midi. Quelques dégâts matériels sont à déplorer, principalement des vitrines, panneaux publicitaires et conteneurs à verre renversés. A 17h ce jeudi 27 avril, au moins un manifestant a été interpellé pour jet de projectiles.
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