Un conte social et humaniste tout en épure qui marque la renaissance du cinéma somalien.
Produit d’une association internationale, mêlant productions européennes, un metteur en scène finlandais d’origine somalienne et la mannequin et actrice canadienne Yasmin Warsame (également d’origine somalienne), La Femme du fossoyeur ravive la flamme longtemps éteinte du cinéma somalien. Un pays qui, rappelons-le, avait subi depuis l’éclatement de la guerre civile en 1991, la fermeture de tous les cinémas de son territoire.
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Le premier film Khadar Ayderus Ahmed suit Guled (Omar Abdi) l’un des rares fossoyeurs de Djibouti. Avec sa femme Nasra, et son fils, ils vivent dans la pauvreté, mais leur quotidien semble heureux. La tragédie les frappe lorsque Nasra s’effondre, lors d’un mariage, révélant une infection des reins potentiellement mortelle nécessitant un traitement immédiat et coûteux que la famille ne peut se permettre. Refusant de baisser les bras, Guled recourt à une action désespérée pour sauver la vie de sa femme.
Épure
Débute alors un voyage qui rappelle celui que pouvait emprunter jadis le néoréalisme italien et qui permet de jeter un regard panoramique sur la société somalienne : du système de santé désastreux en ville jusqu’aux rigidités de la loi tribale du village ancestral dont est originaire le personnage principal. Épousant les lignes narratives du pur mélo, La Femme du fossoyeur cultive pourtant l’humour et la légèreté. Khadar Ayderus Ahmed rejette tout misérabilisme et ne se complaît jamais dans une logique de scénario punitive qui accablerait ses personnages de toutes les injustices et malchances imaginables. Le récit s’inscrit au contraire dans une forme d’épure voire de soustraction et atteint ses plus belles notes quand il se met à composer des tableaux simples, mais d’une grande force sur la dévotion inépuisable portée pour l’être aimé. Comme lorsque le temps d’une scène Guled s’allonge aux côtés de sa femme malade et, de sa simple présence silencieuse, l’enveloppe de son soutien.
Chez Khadar Ayderus Ahmed, l’amour du personnage se trouve dans sa bataille persévérante mais aussi, et c’est peut-être là sa plus délicate incarnation, dans les gestes les plus élémentaires du quotidien. Un geste qui définit bien l’entreprise globale de La Femme du fossoyeur, sobre mais passionnément généreux.
La Femme du fossoyeur de Khadar Ayderus Ahmed, en salle le 27 avril
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