L’ONG Amnesty International dénonce dans un rapport les détentions politiques arbitraires, dans un contexte de crise économique et politique qui s’intensifient.
Au moins 26 morts, et de nombreuses détentions politiques arbitraires. C’est le bilan de la répression du mouvement d’opposition au président vénézuélien Nicolas Maduro, qui s’est accentuée depuis avril dernier. Un rapport de l’ONG de défense des droits humains Amnesty international consacré aux détentions arbitraires et diffusé ce 26 avril dénonce cette dérive autoritaire et liberticide. « Au Venezuela, la dissidence est interdite », affirme-t-il. En janvier dernier, l’ONG parlait déjà de « chasse aux sorcières » contre l’opposition.
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« Les autorités vénézuéliennes devraient se concentrer sur la recherche de solutions »
Alors que deux opposants et un militaire ont encore été tués par balle ce 19 avril, et que les manifestations se multiplient dans un contexte de pénurie alimentaire et de crise économique, la directrice d’Amnesty International pour les Amériques, Erika Guevara-Rosas, s’inquiète de la main de fer du gouvernement :
« Au lieu de s’obstiner à faire taire toute voix dissidente, les autorités vénézuéliennes devraient se concentrer sur la recherche de solutions concrètes et durables à la crise profonde à laquelle le pays est confronté. »
Des manifestations violentes touchent le Venezuela faisant plusieurs morts pic.twitter.com/EaGZmMqzxV
— BFMTV (@BFMTV) April 20, 2017
Les cas du député d’opposition Gilbert Caro et de la militante du parti d’opposition Voluntad Popular (Volonté populaire) Steyci Escalona illustrent ce phénomène d’intolérance à la dissidence. Le Service bolivarien de renseignement national les a arrêtés le 11 janvier dernier. Le député a été accusé d’« activités terroristes » et le vice-président vénézuélien a annoncé à la télévision que des armes à feu avaient été retrouvées chez eux et « confisquées ». Ces accusations permettent aux autorités de faire juger des civils par la justice militaire, qui n’est pas indépendante, ce que dénonce Amnesty International.
Des détenus exposés à « de graves violations des droits humains »
L’ONG a également obtenu des informations selon lesquelles certains détenus ont des contacts restreints avec leur famille et leur avocat, ce qui les expose « à de graves violations des droits humains, notamment des actes de torture et d’autres mauvais traitements. »
Autre cas de persécution alarmante : Yon Goicochea, leader étudiant et dirigeant actuel de Voluntad Popular, a été arrêté le 29 août 2016 par des individus non identifiés. Un haut responsable du parti au pouvoir (le Parti socialiste unifié du Venezuela) a confirmé son arrestation pour port d’explosifs. Selon les informations de l’ONG, il a été détenu au secret jusqu’au 1er septembre. Il est toujours détenu par le Service bolivarien de renseignement national, alors que toutes les conditions pour sa libération sont réunies.
« Le fait que des personnes soient maintenues en détention au Venezuela en l’absence de charges à leur encontre montre à quel point la situation des droits humains dans ce pays est dramatique », conclut Erika Guevara-Rosas.
L’opposition continue de réclamer le départ anticipé de Nicolas Maduro a tenue d’élections, la libération des prisonniers politiques et le respect de l’indépendance de l’Assemblée nationale, d’autant plus que l’opposition y est majoritaire depuis sa victoire aux législatives de décembre 2015.
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