A la fois flashy et mélancolique, insouciante et très personnelle, la très étrange electro-pop d’Owlle prend enfin corps. Critique et écoute.
Diplômée d’une école de scénographie, la chanteuse venue de Vallauris – cité des potiers et de Picasso – se préparait à un tout autre destin que celui des clubs. Tout ça, c’est la faute à Brian Eno : en 2005, elle tombe en arrêt devant une de ses installations, sonore et visuelle, à la Biennale d’art contemporain de Lyon. Depuis, Owlle s’entête à façonner un univers multidimensionnel (mode, vidéo et danse) dont la fertilité devrait autant à Eno qu’à Madonna et Rihanna, autres idoles.
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Marier les contraires
Venue à Paris achever son cycle aux Beaux-Arts, Owlle tombe amoureuse. D’un omnichord. Cet instrument ludique des années 80, rappelant les vibrations de l’orgue, devient son précieux totem. Epaulée par les inRocKs lab, adoptée rapidement par la blogosphère grâce à son entêtant Ticky Ticky, puis intronisée sur les radios par son remix du Heaven des héros Depeche Mode, la dream- synth-pop d’Owlle séduit alors autant, dans un joli grand écart déjà, la scène indie hexagonale que les pistes de danse.
Sur son premier album, elle décide de rassembler trois producteurs différents pour contenir toute la schizophrénie de ses envies, les mettant en scène successivement, pour un rendu somptueux et magnétique. Le premier, David Kosten, enregistre avec elle Disorder à la suite de sa victoire à l’inRocKs lab 2011. Puis viennent Pierrick Devin (Cassius, Alex Gopher) et Myd (Club Cheval) :
“Ils se complètent car l’un est un peu la force tranquille et faisait le lien entre toutes mes idées. L’autre est plus fou et s’intéresse à plein de choses du futur. Et moi dans tout ça ? Je suis vraiment dans ces deux extrêmes.”
Affirmation d’une identité
Ce sont les magazines de mode et les créateurs (Lespagnard, Margiela) qui ont adopté les premiers cette fille dissimulant son corps de brindille derrière un personnage à la chevelure de feu et aux yeux Méditerranée, intrigués par tant de contrastes et de désirs.
Arrive enfin un album pour l’ancrer définitivement dans la musique – un disque terriblement personnel et introspectif, qu’elle décide de baptiser France, sans fausse modestie puisqu’elle porte sa nation comme prénom, laissant son armure d’apparat à terre. Owlle y peaufine les attributs de son (complexe et attachant) personnage et offre un premier disque intime mais vibrant, déjà adopté, des clubs berlinois aux radios italiennes. Une vision digne de l’europop.
Concerts le 12 février à Paris (Point Ephémère), le 28 à Alençon, le 1er mars à Bordeaux, le 13 à Tourcoing, le 14 à Sannois, le 19 à Nancy
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