Chacun à sa manière, les dix titres rétro de l’anthologie “Taito Milestones”, le remake de “The House of the Dead” et l’éclatant “Tempest 4000” réveillent le souvenir des jeux de bar d’antan.
Elle était là, au fond du café, majestueuse et attirante. Elle s’appelait Zaxxon, Enduro Racer ou Double Dragon et elle nous manque un peu maintenant qu’elle a disparu. C’était un autre temps, celui où l’arcade, dans les bars enfumés ou les temples qui lui étaient dédiés, faisait figure d’avant-garde, au moins technologique, du jeu vidéo. Elle suscitait ce désir un peu fou : si seulement on pouvait avoir la même chose à la maison…
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En 2022, l’arcade est morte, ou presque. Marginalisée au mieux, et à la traîne sur toutes les autres manières de jouer. Pourtant, son fantôme hante toujours les consoles, comme un vieux rêve qui refuse de s’en aller.
Circuit découverte
Après bien d’autres éditeurs (Capcom, Namco, SNK…), c’est au tour de Taito de sortir une anthologie de l’arcade. Une collection de dix titres des années 1980 à laquelle manquent certains classiques emblématiques, comme les Space Invaders déjà compilés l’an dernier, mais qui a le mérite de la variété.
On y trouve aussi bien l’obsédant Qix – une certaine idée de la “conquête de l’espace” – et Elevator Action que les pimpants Chack n’ Pop et The Fairyland Story, ou encore The Ninja Warriors, avec son terrain tout en longueur qui occupait à l’époque trois écrans.
Les shoot’em up ne manquent pas à l’appel avec la révélation (pour nous) Halley’s Comet et l’étonnant Space Seeker, qui alterne défilement horizontal et vue du cockpit. L’un des avantages de ne pas y trouver que des jeux très connus, c’est que l’expérience dévie du banal trip nostalgique pour tourner au circuit découverte. À votre droite, du ski : notez comme l’usage de quelques éléments (un sapin, un piquet…) suffit pour faire exister un monde. Devant vous, la guerre : voyez comme l’important, c’est le mouvement. Passéiste, ce voyage ? Plutôt hors du temps et au cœur de ce qui fait le jeu.
Train fantôme
On pourrait dire la même chose du remake du plus tardif (1996) The House of the Dead par les Polonais de Forever Entertainment, si ce n’est que lui s’attache à réveiller la part foraine du jeu d’arcade. Si cette galerie de tir aux zombies soigneusement relookée en HD souffre de ne pas se jouer comme jadis au pistolet optique (que les manettes à détection de mouvement de la Switch ne remplacent pas si mal), l’effet train fantôme fonctionne encore pleinement. C’est l’idée d’une attraction qui nous regarde car conçue et minutée pour nous, d’un grand spectacle dont nous sommes le ou la première interprète. Seul le public manque vraiment.
Cathédrale psychédélique
Mais l’aboutissement, le stade ultime de l’utopie arcade est ailleurs : dans Tempest 4000, la dernière relecture en date d’un grand classique d’Atari par Jeff Minter qui n’en est pas à son coup d’essai en la matière (Tempest 200, Tempest 3000, Space Giraffe, TxK). Le tube, la grille, les formes changeantes, la musique électronique : tels sont les ingrédients des Tempest du génie britannique, vibrants vitraux de sa cathédrale psychédélique. La salle d’arcade comme lieu de culte, la borne comme autel, les sons et lumières interactifs comme reliques mutantes qui nous aspirent et nous remplissent. Amen.
Taito Milestones (Taito/Inin Games), sur Switch, environ 40 € ; The House of the Dead: Remake (Sega/Forever Entertainment), sur Switch, environ 25 € ; Tempest 4000 (Llamasoft/Atari), sur Switch, environ 18 € (disponible depuis 2018 sur PS4 et Windows).
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