Dans la matinale de France Inter mardi matin, Marine Le Pen a répondu à Augustin Trapenard sur son programme culturel : la culture accessible à tous (un joli slogan) et la priorité à la protection et à la restauration du patrimoine. Une peau de chagrin pour la création contemporaine ? C’est plus qu’à craindre.
Pour Marine Le Pen, la culture, c’est d’abord les “métiers d’art”. L’artisanat, donc, davantage que l’art. Et toujours pas un mot sur le livre et la lecture. Pourtant, il y a quelques livres autour de Marine Le Pen. En septembre dernier, elle était prise en photo jouant de la batterie (!) chez des amis à la bibliothèque bien fournie : des livres sur Goebbels et Hitler, à côté du Suicide français de Zemmour. Dans son bureau à Nanterre, livres (et objets) dédiés à Jeanne d’Arc, sa vierge et pure idole (une idée réactionnaire et patriarcale de la femme) boutant les étrangers hors de France. L’Âme française du très réac Denis Tillinac ou encore Immigration : la catastrophe. Que faire ? de Jean-Yves Le Gallou. À ce propos, le roman qu’elle aime par-dessus tout, lu à dix-huit ans et relu il y a quelques années, c’est Le Camp des saints de Jean Raspail, écrit en 1973. Le livre formateur de son idéologie, toujours dangereusement présente malgré son opération d’auto-blanchiment médiatique, certainement coachée par des communicants.
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Dans le cas de Le Pen (allez, virons le “Marine” pour bien rappeler qui elle est), l’habit ne fait vraiment pas le moine mais le livre fait la lectrice : Le Camp des saints est l’œuvre qui a fondé le concept délirant, paranoïaque et fasciste de “grand remplacement”. Jean Raspail, membre du PFN (le Parti des forces nouvelles), un parti d’inspiration néofasciste, y met en scène l’arrivée de millions de migrants sur la Côte d’Azur. Des Indiens qui vont envahir la France, bafouer ses lois, prendre les armes et chasser les Français hors de leur pays ou les assassiner et violer leurs filles.
Bref, prendre leur place. Tout cela rendu possible par le laxisme de politiques antiracistes et les mensonges des journalistes. En somme, un texte en forme d’appel à la haine raciale, qui attise les peurs face à l’autre. Qui peut aimer au point de le relire et de le recommander un tel livre ? Le Pen.
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