Un premier long remarquable pour le Chilien Omar Zúñiga Hidalgo, qui brode un équilibre parfait entre douceur et chagrin.
Lucas et Antonio, deux hommes amarrés dans un village de pêcheurs chilien, trouvent chaleur et réconfort l’un auprès de l’autre. Transposition du court métrage éponyme ayant remporté en 2015 un Teddy Award à la Berlinale, le remarquable premier film d’Omar Zúñiga Hidalgo s’écoule patiemment.
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Traversé par des paysages de campagne pittoresques (sublimes collines verdoyantes et mer brumeuse), il brode un équilibre parfait entre la douceur et le chagrin, grâce à une attention particulièrement méticuleuse aux détails qui font la spécificité de ces histoires d’amours brûlantes mais éphémères, à obsolescence programmée.
L’intimité d’une salle de bains, porter les vêtements de l’autre après l’amour, jusqu’aux ultimes adieux contrariés : c’est la somme de ces fragments muets qui nourissent le film d’une vie intérieure, une résonance émotionnelle qui s’ajoute à la chimie déjà débordante à l’écran des acteurs (Samuel González et Antonio Altamirano), rendant sa conclusion d’autant plus déchirante.
Faut-il sacrifier son amour pour ses idéaux ?
Si l’on regrette parfois la grande difficulté des romances LGBTQI+ à offrir à leurs personnages la possibilité de vivre un amour heureux et apaisé, débarrassé des obstacles et contraintes du monde extérieur, Zúñiga Hidalgo s’assure, lui, que le tableau sociopolitique (notamment le rejet de l’homosexualité par la société) reste tapi en arrière-plan de la relation germant à l’écran. L’homosexualité ne sera d’ailleurs jamais un obstacle entre les deux amants. Si Los Fuertes explore l’inévitabilité de la perte, c’est au sein même du couple (qu’il soit gay ou hétéro), lorsque aucune des deux parties n’est prête à céder pour l’autre. Faut-il sacrifier son amour pour ses idéaux ? Chacun·e pourra y murmurer sa réponse.
Los Fuertes d’Omar Zúñiga Hidalgo, avec Antonio Altamirano, Samuel González (Chil., 2019, 1 h 38). En salle le 4 mai.
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