Ce n’est plus du chant mais de la sorcellerie : cette jeune Américaine va vous réduire à la soumission. Critique et écoute.
Chanté dans les plis d’une soie aussi immédiatement bouleversante que celle déroulée par Roy Orbison, le précédent et premier album d’Angel Olsen, Half Way Home, s’ouvrait sur un morceau nommé Acrobat et sur ces mots : “Tu es l’acrobate folle, tu es la sorcière.” Traduit au féminin car l’anglais et nos interprétations l’autorisent : tout était dit. L’Américaine, proche de Bonnie Prince Billy, sur deux disques duquel elle a chanté, est devenue notre sorcière.
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Acrobate écorchée vive
Une Lana Del Rey qui aurait, sur son deuxième album Burn Your Fire for No Witness, produit par John Congleton (St. Vincent, Two Gallants, Anna Calvi), quitté le glamour de l’Hollywood lynchien pour aller rouler ses morceaux sublimes dans les orties d’un Midwest plus spectral encore. Une acrobate assez brave pour chanter dans les décors de la terrifiante série Carnivàle, comme une Hope Sandoval ou une Cat Power blêmissant de frousse dans l’ombre froide de cette déjà grande, comme une fille naturelle de Vashti Bunyan conçue sur les cendres des bûchers de Salem.
Un ange écorché très vif, balançant ses coups de fouet sentimental entre Appalaches hantées (la terrienne Hi-Five et son chant de sirène trop seule, Dance Slow Decades), contes intimes et méchamment tourneboulants (“Brûle ton feu sans témoin, c’est la seule manière de mourir”, claque/caresse-t-elle sur White Fire, sans doute déjà une des chansons les plus belles et troublantes de l’année, si la trouble ouverture Unfucktheworld ne happe pas un peu plus d’âmes encore) ou crasses plus lo-fi à la fée électricité mauvaise (High & Wild, le monumentube quasi-Pixies Forgiven/Forgotten ou l’irradiante Stars). Elle est la sorcière, et son sort est puissant : on ne se sortira pas de l’envoûtement avant longtemps.
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