Fini le superhéros glamour et insouciant. Aujourd’hui, aux Etats-Unis, les superhéros sont politiquement marqués. On fait le tour des forces en présence.
Si le superhéros du cinéma des nineties était plutôt du genre glamour et insouciant, celui d’aujourd’hui endosse avec ostentation un costume politique et social. Une tenue qu’il revêtait déjà implicitement dans les comics qui l’ont vu naître.
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En 2008, la première aventure technologique de Tony Stark (Iron Man), critique de l’ultralibéralisme, avait surpris en se piquant de géopolitique : la question afghane était intégrée à son intrigue. D’aucuns y virent la preuve des vertus anti-impérialistes du superhéros. L’année suivante, Watchmen marquait les esprits avec son uchronie progressiste à la charge d’une certaine Amérique réactionnaire. Ce printemps, la violence impromptue de Kick-Ass crée la polémique et Tony Stark se vante de son côté d’avoir “privatisé la paix mondiale”.
Tout le monde sait que Batman est un gros réac’
Côté BD, on entreprend aussi de se politiser, comme le montrent les orientations prises en 2008 chez DC Comics à la veille des élections américaines où Dan DiDio, l’un des responsables de la maison d’édition, déclarait : “Pour la première fois, nos personnages vont avoir de vraies positions politiques, en fonction de leur orientation.”
Dès leurs origines, les superhéros ne sont pas exempts d’idéologie : par exemple, que Batman soit un gros réac’ n’est pas un mystère. Aux USA surtout, les connotations politiques des comics sont nettes, et la question de l’appartenance politique des héros n’est pas totalement loufoque. Après tout, le Président lui-même vient de Krypton, selon son propre aveu public.
Dès les années 1940, Superman et Captain America incarnent la puissance triomphante de l’Oncle Sam (la disparition de Captain America coïncide d’ailleurs avec le glas de l’Amérique de Bush). Mais il n’y en a pas que pour le compte des Républicains dans les comics : tous les profils s’y retrouvent, même les fieffés communistes, et pas toujours dans des rôles des méchants.
Censure pour les superhéros gauchistes
Si certains des vengeurs en collants sont des gauchistes potentiels, il n’est pas surprenant qu’ils s’attirent les foudres de la censure. Ainsi des auteurs tels que Frank Miller et Alan Moore furent vilipendés et, alors que les superhéros se remettent à militer, les censeurs continuent à vouloir protéger la jeunesse malgré elle.
En France, pays assez farfelu en matière de superhéros, l’importation des comics ne fut pas chose aisée, notamment à cause de la loi sur les publications destinées à la jeunesse. Le documentaire Marvel 14 montre comment les BD américaines effrayèrent les protecteurs de l’innocente jeunesse.
Aujourd’hui, la portée sociale de ses personnages n’échappe pas à Marvel, qui prévoit de cibler son public en adaptant les aventures de certains héros racialement ou socialement marqués : Luke Cage, rejeton black de Harlem, le champion d’arts martiaux Iron Fist, ou la féministe Dazzler…
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