La saison 1 de la série la plus saignante du monde sort enfin en DVD. L’occasion de faire le point sur le mélange d’attraction et de répulsion qui la définit.
Il aura fallu attendre quatre ans pour que la première saison de Dexter nous parvienne dans un DVD en zone 2, lisible et compréhensible par tous. Il va de soi que les vrais accros connaissent maintenant par cœur les tours et détours des aventures de Dexter Morgan, flic scientifique le jour et serial-killer vengeur la nuit.
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Mais cela ne fait jamais de mal de réviser ses classiques. Surtout que la quatrième levée de la série, diffusée récemment sur Canal+, a résonné de manière aiguë avec cette entrée en matière. Pour ne pas gâcher le plaisir de ceux qui n’ont rien vu, on dira simplement que le trauma originel du héros y a été rejoué, dans une mise en scène macabre et traumatisante comme les affectionne la série.
Flash-back en 2006. Avant que Dexter n’apparaisse sur les écrans de Showtime, on s’attendait à voir une série policière de plus, certes tordue car diffusée sur une chaîne câblée, mais peu innovante. Or, Dexter allait confirmer et par certains aspects sublimer une tendance en germe à la télévision depuis le début des années 2000 : le règne des héros effrayants, parfois détestables, souvent dangereux. Une révolution.
Tony Soprano avait ouvert le bal au tournant du siècle, Jack Bauer reprit le flambeau dans 24 heures… dès 2001, avant que The Shield avec son flic corrompu et brutal ne surgisse comme un ouragan au printemps 2002. Le sexy Dexter (joué par Michael C. Hall, le frère gay de Six Feet under) a poussé le bouchon plus loin, réactivant la figure du justicier vue au cinéma dans les années 1970, en la poussant dans ses derniers retranchements pervers.
Consacrée à la création puis à la justification à la fois horrifique et mélodramatique de son personnage, la saison 1 de Dexter a marqué les esprits par sa maîtrise sidérante. Des premiers coups de scalpel jusqu’à la révélation des derniers épisodes, tout y est tendu et angoissant, faisant presque oublier le caractère problématique de ce héros, censé recevoir notre absolution parce qu’il a connu une enfance (vraiment) affreuse et parce qu’il ne tue que des coupables, meurtriers ou violeurs de la pire espèce.
Ce sens de la justice très particulier n’est pas le sujet de la série, mais il en constitue l’arrière-fond jamais remis en question. Dès sa première saison, Dexter s’est donc avérée aussi séduisante que repoussante, jouant avec le spectateur pour qu’il démêle les fils de sa propre morale.
Ce sens de la manipulation a eu plusieurs conséquences. La principale est que rien n’est pardonné à la série si elle devient mauvaise. La deuxième saison dans une certaine mesure, et surtout la troisième, ont subi de lourdes critiques sur leurs aspects “grand-guignolesques”. La quatrième a remis les pendules à l’heure : Dexter est toujours aussi étonnante et dérangeante, ce qui ne règle pas notre problème mais impose une forme de respect. Aux dernières nouvelles, le tournage de la saison 5 a repris, malgré le cancer de l’acteur Michael C. Hall.
Dexter saison 1 (Paramount), environ 20 €
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