Des chansons d’ivresse et d’itinérance par un storyteller français surdoué.
Il serait tentant de voir en Baptiste W. Hamon l’ombre gracile d’un lonesome cowboy, héros solitaire discret parcourant une Amérique fantasmée, guitare en bandoulière, baluchon rempli de poèmes griffonnés sur la route. On aurait presque l’impression que ce trentenaire français serait né du mauvais côté de l’Atlantique.
Pourtant, à y regarder de plus près, cet auteur-compositeur n’est pas si seul que ça et il parcourt diverses parties du monde avec la même aisance (France, Norvège). Toute une famille musicale l’accompagne – citons ses collaborations passées avec Will Oldham et Miossec, son tandem avec Barbagallo pour le projet Barbaghamon (2021), ou, sur son tout nouvel album, ses duos étincelants avec la subtile Ane Brun et la prometteuse Française Lonny. Jusqu’à la lumière, troisième LP de cet admirateur de Townes Van Zandt, a été enregistré à Bristol avec John Parish, bras droit de PJ Harvey et producteur dévoué (chez Dominique A, Eels et Sparklehorse, entre autres).
Folk-songs
Comme son titre l’indique, ce recueil de folk-songs teinté d’americana et de chanson française laisse entrer le soleil (en particulier sur le guilleret Boire un coup), sans se départir d’une jolie mélancolie en clair-obscur (sur Jusqu’à la lumière ou sur Ils fument). Baptiste W. Hamon nous y conte ses errances et ses ivresses d’un ton à la fois désabusé et espiègle, direct et tendre. “Je serai le goût du whisky sur tes lèvres”, promet-il sur Dorothée, déclaration puissante délivrée en toute légèreté, à l’image du reste de ce disque humble, aux armes modestes (une pedal steel, une guitare acoustique, un harmonica, un timbre de voix naturel), mais aux effets émotionnels dévastateurs.
Jusqu’à la lumière (Soleil bleu/Manassas) – sortie le 8 avril. Concert le 28 avril à Bordeaux, le 5 mai à Lyon, le 6 mai à Schiltigheim, le 7 mai à Lille, le 13 mai à Draguignan, le 24 mai à Paris (La Maroquinerie) et le 24 juin à Sète.