On croise encore de temps à autres ces rebelles d’opérette, sinistres enfumeurs qui jurent, le doigt sur la couture du pantalon d’Iggy Pop et sur la gâchette de Kurt Cobain, qu’hors d’une guitare électrique et d’un ampli poussé à 11, point de salut. Pour se soustraire à la compagnie de ces pénibles, on conseillera l’ultime […]
On croise encore de temps à autres ces rebelles d’opérette, sinistres enfumeurs qui jurent, le doigt sur la couture du pantalon d’Iggy Pop et sur la gâchette de Kurt Cobain, qu’hors d’une guitare électrique et d’un ampli poussé à 11, point de salut.
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Pour se soustraire à la compagnie de ces pénibles, on conseillera l’ultime refuge que représente ce premier album de l’Américain de Brooklyn Chris Garneau, où ni grattes ni watts n’ont droit d’entrer. A la place, un piano au toucher distingué, randynewmanesque, des caresses de violoncelles ainsi qu’une petite tribu d’instruments dont les noms désuets fleurent bon l’artisanat pop : harmonium, glockenspiel, wurlitzer, mélodica Et puis il y a cette voix, inoubliable dès les premiers souffles, au timbre androgyne qui évoque tantôt Antony, tantôt une Cat Power dont on aurait limé les griffes, mais peut-être avant tout Colin Blunstone ou Pete Dello. Dernier indice, non des moindres, une reprise cachée d’Elliott Smith (Between the Bars) qui valide en fin de programme tout ce qui lui a précédé.
Produit par l’inconstant Duncan Sheik, Music for Tourists procure la sensation immédiate ? dès l’époustouflant Castle-Time ? qu’une éclosion majeure vient de se produire, un phénomène surnaturel, que ces chansons n’ont pu être écrites autrement qu’à l’aide d’une plume de paon trempée dans un cocon de soie vierge. Seule réserve : Music for Tourists porte mal son nom, car ceux qui auront la curiosité de s’y aventurer en deviendront aussitôt des résidents à vie.
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