Longtemps, l’univers de Black Rebel Motorcycle Club ne fut qu’obscurité, cuir et cheveux gras. Il y a deux ans, les Américains avaient cependant laissé entrer la lumière avec Howl, un disque de ballades apaisées dont la première écoute provoqua une stupéfaction semblable à celle ressentie lors de ces soirées où, triturant pendant des heures les […]
Longtemps, l’univers de Black Rebel Motorcycle Club ne fut qu’obscurité, cuir et cheveux gras. Il y a deux ans, les Américains avaient cependant laissé entrer la lumière avec Howl, un disque de ballades apaisées dont la première écoute provoqua une stupéfaction semblable à celle ressentie lors de ces soirées où, triturant pendant des heures les touches de la télécommande, on finit par tomber sur un improbable unplugged de Kiss ou un live acoustique de Korn. Le trio californien avait ainsi renvoyé à un bercail dont on doute fortement que ses conditions hygiéniques soient conformes aux normes du ministère de la Santé l’armée d’amplis crasseux et de grosses basses qu’avaient dévoilée ses précédents albums, laissant apercevoir un songwriting soigné, privé des distos et du tatapoum habituels.
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Cet interlude achevé, BRMC revient avec Baby 81 ? disque qui emprunte son nom à celui que se vit attribuer un bébé réclamé, après le tsunami, par neuf mères différentes avant de retrouver la bonne ?, un album qu’on peut considérer comme la synthèse parfaite de cette dualité : du rock sombre et poisseux, composé comme s’il n’allait être joué que calmement et en acoustique.
La force de BRMC aujourd’hui est de parvenir à réunir les deux faces de ses pièces sans pâtir du revers de la médaille, rassembler ses inclinaisons en évitant les pièges du compromis ou du consensus mou : ici, la colère est toujours palpable, la tension tangible, toutes deux sont simplement plus habillées (le piano de Window, les chœurs de Not What You Wanted), composant un album dont les multiples niveaux incitent à une délicieuse partie de fouille et de cache-cache. Et dont on parie dès maintenant tous les rebelles et les motos du monde qu’il offrira à BRMC une plus vaste assemblée de partisans, sans que le groupe n’ait eu besoin de sombrer dans les gouffres du rock centriste ou du pub-rock ? sinistres genres qui bien souvent résultent du type d’arrangement que réalise brillamment ce beau bébé.
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