Après une parenthèse Netflix le temps d’un nouveau thriller d’action bourrin, “6 Undergrounds”, Michael Bay reprend d’assaut le grand écran avec un remake d’un film danois éponyme, “Ambulance”.
Très vite passée l’introduction grand-guignolesque de film de braquage, une course poursuite de deux heures s’engage : dans les artères infinies de Los Angeles sont jetés deux frères, Yahya Abdul-Mateen II (aperçu dans Matrix 4 et la série Watchmen, très bien mais coincé dans une panoplie de soupirs pour exprimer le dilemme) et Jake Gyllenhaal (complètement hystérique et grimaçant), aux commandes d’une ambulance avec pour otage une infirmière badass (Eiza González), contrainte de maintenir en vie un policier sérieusement blessé.
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Ce bordel total et infatigable aurait parfois presque quelque chose de savoureux dans la régression quasi abstractive de l’imagerie de Michael Bay, toujours aussi généreusement illisible. Mais derrière l’humour nanardesque du film qui, quoique bêta, raconte finalement assez bien son cinéma (les personnages font joujou et se foutent de tout), viennent s’immiscer des relents patriotes et misérabilistes plus problématiques, notamment lors d’une curieuse sélection entre les bons méchants et les mauvais méchants.
Michael Bay égal à lui-même
Un agent de police haut gradé et au visage enfantin, sorte d’avatar du cinéaste, nous est présenté par une scène curieuse, immiscée brutalement en plein feu de l’action, dans un retour au calme d’un bureau où a lieu sa thérapie de couple. Obsédé par son boulot, il se voit reprocher par son conjoint de ne pas savoir parler d’autres choses que des “bad guys” et de ne plus être attentif aux autres, quand un coup de fil vient interrompre la séance : une course poursuite sévit dans les rues de Los Angeles. Un baiser et puis s’en va traquer les gangsters. Une séquence qui est un aveu non dissimulé de la monomanie grandiloquente d’un cinéaste, conscient de ses obsessions et qui joue de cette fétichisation des bandits et des bolides (il finira même par s’auto-citer directement).
Aussi, dans une époque de fabrication à la chaîne de super-héros et d’empire Marvel, au cœur d’un paysage hollywoodien en pleine mutation, Michael Bay reste droit dans ses bottes d’artificier, grand gamin friqué et convulsif, en livrant un film d’action qui a, au bout du compte, quelque chose de rétro, comme une odeur surannée de dynamite. Le cinéaste serait toujours, après trente ans de bons et loyaux bégaiements nerveux, tel un de ses travellings circulaires qui n’en finirait jamais, le nouveau vestige d’Hollywood, une anomalie désuète qui tourne à vide.
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