“Sous d’autres formes nous reviendrons” : ce texte lumineux de l’auteur et traducteur français plonge à un rythme effréné dans l’abîme des finitudes humaines.
Christophe Claro est l’un des auteurs français les plus audacieux. Avec une vingtaine de livres publiés, il ne cesse d’expérimenter, joue des formes et des genres, nourrit son art d’une boulimie de lectures (voir son blog Le Clavier cannibale) et des traductions qu’il fait de certain·es des meilleur·es écrivain·es anglophones (William T. Vollmann, Thomas Pynchon, Salman Rushdie, etc.).
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Son dernier livre, Sous d’autres formes nous reviendrons, ressemble à l’un de ces chefs-d’œuvre de la peinture flamande, une méditation baroque sur la mort, hanté qu’il est par des crânes, des bulles, alimenté autant par l’effroi du vide que les flammes de la folie, inspiré par la vie déraisonnée de “corps sans organes”.
Donner du sens à l’inadmissible
Il s’ouvre sur une scène sidérante où s’invite l’autel ardent et crépitant que dressa le moine dominicain Savonarole à Florence, le 7 février 1497, pour y brûler “les artifices dont tous et toutes ici se parent et s’enorgueillissent”, tandis que “des milliers d’enfants aux pieds nus, aux gueules sales” braillent les noms de ces vanités jetées au feu. Le récit se nourrit fréquemment des mots d’autres écrivain·es (Artaud, Nietzsche, Woolf, Guyotat et tant d’autres) sans que son rythme effréné ne s’en trouve ralenti.
C’est aussi un livre sur le deuil, écrit pour donner du sens à l’inadmissible, la mort du père de l’auteur. “Redouterait-on qu’avec la disparition de l’être aimé disparaisse l’amour, écrit Claro, à moins que privé de son objet de son reflet de sa mémoire l’amour n’ait d’autre choix que celui de disparaître.”
Sous d’autres formes nous reviendrons de Claro (Seuil), 132 p., 14 €. En librairie le 1er avril.
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