Au festival de Dour, en Belgique, d’irréductibles festivaliers passent par le Dub Corner, devenu le repère secret du dub.
Le Dub Corner se cache loin des regards, au bout d’un chemin obstrué par la foule. Située dans un lieu de passage, la scène ne ressemble à aucune autre du festival de Dour : on y croise des flâneurs assis dans l’herbe, au fond se trouve le chapiteau sous lequel jouent les artistes séparés du public par de simples barrières. Quant aux festivaliers, ils dansent vers les enceintes installées en évidence histoire de ressentir toutes les basses. Un lieu décalé comparé aux autres scènes bien plus importantes du site.
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Pourtant, le Dub Corner, érigé il y a cinq ans, reste inlassablement debout et bénéficie d’une attention toute particulière dans sa programmation et dans le cœur des festivaliers. Hugo Klinkenberg conseille le festival depuis 10 ans et se charge, entre autres, de la sélection du Dub Corner depuis sa création. Pour lui, cette scène fait sens dans un événement comme le festival belge. Il explique : “On s’est dit que ce serait intéressant de développer une zone vraiment dédiée à la musique dub”. L’étroite relation qui lit le festival de Dour à la culture dub ne date pas d’hier, rappelle-t-il : “Il y avait la soirée dub à chaque édition, puis on a voulu revenir à quelque chose de plus petit, à taille humaine.”
https://www.instagram.com/p/BWfpIfXAX7f/?tagged=dubcorner&hl=en
Une scène universelle ou confidentielle ?
Le Dub Corner voit défiler des artistes du genre et de toutes ses variantes : du dancehall au jungle, en passant par le stepper. Dans sa programmation plus générale également, le festival tente d’insérer des grands noms du dub et du reggae, comme King Jammy, cette année, icône jamaïcaine du mouvement dub, connu pour son Sleng Teng.
Certains habitués du Dub Corner finissent même par se retrouver sur des scènes plus importantes de Dour, comme le groupe Atomic Spliff par exemple, présent sur la Last Arena le jeudi 13 juillet dernier. Mais l’essentiel, pour son programmateur, c’est de représenter le plus de variantes possibles du dub dans un espace confidentiel.
“L’idée est de défendre une culture de niche mais qui a influencé énormément d’autres styles de musiques populaires actuelles, » raconte le programmateur belge. Il suffit de jeter un coup d’œil au line-up de l’édition 2017 : Khoe Wa, duo de musiciens touche-à-tout, mêle dub et sitar en live ; le collectif de Bourges, Dawa Hifi, présentés comme des activistes de la culture sound system, se base surtout sur des influences reggae classique; Krak In Dub, à la longue carrière de DJ, s’affirme comme un puriste du dub digital.
Hugo précise : “L’enjeu, c’est de trouver l’équilibre et de faire venir tous les ambassadeurs de cette musique et de cette culture, afin de la diffuser.” Pour mettre au point une programmation aussi diversifiée, il parle de bonne connaissance du milieu actuel, des sounds system de Nothing Hill, berceau du dub, aux collectifs français, en passant par des artistes reggae de Jamaïque.
Un milieu de niche où s’épanouit une véritable communauté selon Hugo Klinkenberg :
« Avec le Dub Corner, on donne un rendez-vous à un public d’orthodoxe mais pas que. On y croisera des gens qui y resteront pendant quatre jours, et d’autres qui ne vont que passer et y vivre une autre expérience notamment avec le son.”
Et si l’espace se trouve plus réduit que les éditions précédentes, la scène est susceptible d’attirer tout le monde, assure-t-il, et quelque soit les affinités musicales. Comme Joy 22 ans, festivalière pour la troisième fois à Dour. Elle connaît un peu le Dub Corner mais écoute principalement de la techno et du rock. Pour Eliott, 22 ans, qui enchaîne son quatrième Dour en 2017, le lieu est un incontournable du festival où il fait bon “chiller”.
Scène confidentielle dans l’alternatif
Le dub s’inscrit donc dans la démarche alternative du festival de Dour. « On veut rendre visible la gamme de styles la plus grande possible, de la musique du monde aux musique électroniques hardcore. » résume Hugo Klinkenberg. Et le dub en fait partie.
“A l’heure où les festivals sont à la course aux têtes d’affiche, nous avons fait le choix de créer le dub corner, pour renforcer le lien avec le festivalier, défendre une culture de niche et offrir des espaces un peu plus secrets.”
https://www.instagram.com/p/BW4t828lUws/?tagged=dubcorner&hl=en
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