D’abord vue comme la “chaîne de trop”, ses programmes pour les 15-35 ans lui ont pourtant permis de souffler ses cinq bougies.
Comment prendre sa place dans une TNT hétéroclite dont l’audience globale, si elle progresse, reste anémique face à celle des chaînes “historiques” ? Le pari de France 4, lors de son lancement en 2006, était loin d’être évident.
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Aujourd’hui la chaîne fête ses 5 ans, et même si elle manque encore de journalistes emblématiques et de rendez-vous marquants – à part Yassine Belattar (On achève bien l’info) ou Samuel Etienne (Questions de génération) –, son positionnement sur les 15-35 ans s’est affirmé grâce à un contenu culturel voulu différent.
Si l’ensemble évoque encore un foisonnement expérimental plutôt qu’une grille bien ordonnée, cela n’est pas pour déplaire à son directeur des programmes. Bruno Gaston revendique un “goût pour les choses mal rangées” – hérité de ses fonctions de rédacteur en chef de Nulle part ailleurs ? – et affirme : “Le terme de laboratoire me va très bien. France 4, au début, pour tout le monde, c’était “la chaîne de trop”. Aujourd’hui, on a envie de montrer qu’on peut en faire une chaîne riche et événementielle, ce qui implique de prendre des risques et de tenter de mettre des choses différentes à l’antenne.”
La case documentaire Nouveaux regards est emblématique de cette ambition. Pour sa part, Questions de génération, qui existe depuis septembre 2008, offre à un homme politique l’occasion de répondre à des lycéens. L’émission permet de sortir du cliché sur les jeunes forcément apolitiques et donne à voir leur approche souvent incisive de la société, caractéristique d’une génération surinformée grâce aux nouveaux médias.
Samuel Etienne : “Nous avons pensé cette émission spécialement pour France 4 : elle permet de créer un rendez-vous autour de questions sociales et politiques qui est totalement dans l’esprit du service public.”
Bruno Gaston confirme cette volonté : “Le public des 15-35 ans représente un véritable territoire éditorial à prendre. Ce serait dommage de le laisser exclusivement aux chaînes du privé comme M6.”
Parallèlement, la chaîne propose un magazine de reportages, Génération reporters, présenté par Marie-Sophie Lacarrau, et surtout des documentaires ancrés dans la réalité sociale, signés Paul Moreira, John Paul Lepers ou encore Olivier Delacroix. Ce dernier, journaliste au parcours atypique, est parti à la découverte de différentes tribus : les gothiques, les tatoués, les fans de tuning…
Des documentaires “incarnés” selon son propre terme, car Olivier Delacroix apparaît à l’écran et dialogue avec ses interlocuteurs. Sa présence dans le champ permet au spectateur de s’y identifier comme à un porte-parole de ses propres questionnements.
“Se mettre à côté de la personne qu’on interviewe, et non à l’abri derrière la caméra, c’est une implication très différente, explique Olivier Delacroix. Le témoin oublie très vite qu’il est filmé et se sent plus en confiance.”
Dans Schizophrènes : entre l’enfer et la lumière, diffusé en mars, Olivier Delacroix rencontre des malades et leur famille et les amène à un degré de confidence qui fait découvrir la schizophrénie sous un jour différent de celui souvent véhiculé par les médias : entre failles identitaires et lucidité, des individus tentent de mener une vie normale.
Dans ses prochains films pour France 4, il ira à la rencontre de jeunes agriculteurs ou de jeunes placés en centres éducatifs fermés. Avec cette même volonté de comprendre la logique des marges.
Photo : Yassine Belattar, animateur d’On achève bien l’info
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