Après dix ans d’une carrière sans concessions, Jérémy Larroux alias Laylow a fait de son premier Bercy un sacre à la fois touchant et impressionnant.
“Merci à vous Bercy.” À l’issue d’un concert de près de deux heures impressionnant de maîtrise, la voix de Laylow, ému aux larmes, déraille dans l’Auto-Tune. Plutôt qu’un énième tube de sa large discographie, le rappeur toulousain avait jeté son dévolu sur UNE HISTOIRE ÉTRANGE, morceau final de son dernier album L’Étrange Histoire de Mr. Anderson, pour clôturer un concert où son texte (“Et t’es dur avec toi, ça j’espère, tu l’rest’ras jusqu’à la fin d’l’histoire/Parce que c’est ta façon d’faire et qu’c’est la meilleure au monde/juste parce que c’est la tienne”) résonnera avec plus de force que jamais.
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Après dix ans d’une carrière faite de déconvenues et d’une croyance sans bornes dans sa musique, Laylow conviait Nekfeu, Damso, Alpha Wann ou Wit. pour célébrer sa singularité sur l’une des plus grandes scènes de concert de France.
De la Boule Noire à l’Accor Arena
En alliant l’ingénierie maniaque et la mise en scène de soi de PNL, le sens de la démesure de Booba ou la précision horlogère des concerts d’OrelSan, le premier concert de Laylow sur la scène de l’Accor Arena s’est donc hissé aux plus hauts standards live du rap français. Avec pas moins de quatre changements de scénographie en l’espace de quatre morceaux, les premières minutes d’un show mené tambour battant (IVERSON, Hello, R9R-LINE) témoignaient déjà de ce qui allait suivre : un concert partagé entre ambition folle et émotion à fleur de peau qui culminera sur le morceau-testament SPECIAL (aux côtés de Nekfeu pour une apparition qui ne manquera pas de retourner la salle).
Pensé comme un véritable événement à même de capturer le travail accompli (“Il y a trois ans on faisait la Boule Noire”), de ravir les fans de la première heure (10’, véritable moment de grâce), et, surtout, de valider la vision sans concessions qui l’anime depuis ses débuts, le rappeur toulousain a remobilisé l’univers “digital“ de Trinity et burtonien de LHDMA (ses deux albums désormais disques de platine) pour habiller ses tubes mélancoliques (Vent de l’est, MILLION FLOWERZ, VOIR LE MONDE BRÛLER…). Un show halluciné pour les 18 000 personnes massées dans la salle parisienne qui n’en espérait sûrement pas tant.
JEY-NYUS
Pour bien saisir la folie visuelle et créative à l’œuvre ce vendredi 11 mars, c’est certainement vers l’une des plus grandes influences musicales de Jey qu’il faut se tourner : Kanye West. Si l’influence dégueulait déjà dans sa musique, la maison tirée de Charlie et la chocolaterie, réminiscence de la maison d’enfance de Ye (au centre de Donda 1&2), la danseuse façon Lac des cygnes de Tchaïkovski, qui se rappelle au bon souvenir du court métrage accompagnant My Beautiful Dark Twisted Fantasy, ou les danseurs tout de noir vêtus, évoquant la performance de Kanye sur la scène des Brit Awards en 2015, témoignent d’un même sens de la démesure et du pas de côté.
Pyrotechnique (la maison en feu sur VOIR LE MONDE BRÛLER), sentimentale (le lâcher de pétales sur MILLION FLOWERZ), ouvertement politique (la mise en scène théâtrale et glaçante de LOST FOREST) ou outrancière (les tubes MEGATRON et STUNTMEN qui “augmentent la pression”), la performance de Laylow sur la scène de l’Accor Arena s’est illustrée par la densité, l’intensité et le souci du détail qui traversent son exigeante discographie. Un parfait condensé de la vision singulière du rappeur de 29 ans qui, à l’heure où l’on écrit ces lignes, vient d’ores et déjà d’annoncer une “Nouvelle Ère” en clôture de sa seconde date à Bercy ce dimanche 13 mars. De quoi nourrir de grands espoirs quant à la suite de la carrière de Jey, l’une des trajectoires les plus touchantes, séduisantes et exaltantes de ces dix dernières années.
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