Après les scandales à répétition, le chemin de croix de Benoît XVI pour se racheter une vertu est semé d’embûches. Entre silences et couacs, retour sur une stratégie de communication pas très bien huilée.
Benoît XVI en pleine descente aux enfers : les accusations de pédophilie se multiplient. Et alors que le Saint-Siège pensait avoir touché le fond, il n’en finit jamais de se dérober.
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Ce lundi encore, le numéro deux de l’Eglise catholique, le cardinal secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone, a mis les pieds dans le bénitier en liant pédophilie et homosexualité. « Nombre de psychologues, de psychiatres, ont démontré qu’il n’y a pas de relation entre célibat et pédophilie, mais beaucoup d’autres ont démontré, et m’ont dit récemment, qu’il y a une relation entre homosexualité et pédophilie, a affirmé Mgr Bertone. C’est la vérité, c’est le problème ».
Si les voies du seigneur sont impénétrables, que dire de la communication de l’Eglise catholique ? Alors que Tarcisio Bertone annonçait dans son discours « d’autres initiatives » du Vatican face aux scandales de pédophilie, il jette aussitôt l’anathème sur l’homosexualité. Autant dire, se couper le rameau sous le pied.
Le pape avait pourtant bien fait les choses. Le 20 mars, il publiait même une « lettre aux fidèles irlandais » dans laquelle il exprimait sa « honte » et le « remords » de l’Eglise face aux actes pédophiles et plaidait pour davantage de transparence. Pas d’excuses, comme l’espéraient les victimes, mais un premier pas quand même.
Mais aujourd’hui, Benoît XVI ne maîtrise plus les dérapages de ses subordonnés. Le 4 avril dernier, en pleine célébration de la Passion du Christ, le père Cantalamessa, prédicateur de la maison pontificale, avait lu un passage d’une lettre de « solidarité » au pape et à l’Eglise reçue d’un « ami juif » : « Je suis avec dégoût les attaques violentes et concentriques contre l’Eglise, le Pape et tous les fidèles provenant du monde entier. L’utilisation du stéréotype, le passage de la responsabilité et de la faute personnelle à la faute collective me rappellent les aspects les plus honteux de l’antisémitisme », disait la lettre. Une sacrée faute de goût et de quoi s’attirer les foudres de la communauté juive.
Et histoire d’enfoncer le clou, le porte-parole d’ajouter qu’il ne parlerait pas « ici des victimes », « car on en parle suffisamment en dehors d’ici ». Le prédicateur s’était finalement excusé. Le pape, quant à lui, n’avait pas jugé utile de réagir à ces propos.
Un pape de mauvaise foi
Pourtant, lui non plus n’est pas vraiment en odeur de sainteté depuis qu’il a été accusé, fin mars, d’avoir couvert les agissements de plusieurs religieux. La presse allemande avait d’abord signalé que Jospeh Ratzinger avait accepté d’accueillir dans son archevêché en 1980, à Munich, un prêtre pédophile présumé pour qu’il y suive une thérapie.
Et dans la foulée, deux autres affaires éclataient aux Etats-Unis. Le New York Times indiquait d’abord que Joseph Ratzinger aurait couvert les agissements sexuels d’un prêtre américain, Lawrence C. Murphy, lequel aurait abusé, entre 1950 et 1977, environ 200 enfants sourds d’une école du Wisconsin.
Puis, il y a quelques jours, des lettres échangées entre le Vatican et le diocèse d’Oakland, révélaient que Benoit XVI, « soucieux du bien de l’Eglise universelle » avait traîné des pieds, dans les années 1980, pour défroquer un prêtre californien pédophile. Un pape de mauvaise foi, voilà qui fait tâche.
Mais cette fois, l’Eglise passe à l’offensive et à la transparence. Lundi, la Conférence américaine des évêques catholiques a publié un guide des dix choses à faire et à ne pas faire pour éviter les agressions sexuelles sur les enfants. Parmi les mesures préconisées, « aucun prêtre, aucun responsable adulte ne doit se retrouver dans la chambre d’un enfant, seul avec lui« .
De la même façon, le Vatican veut clarifier les choses et diffusait depuis hier sur son site la procédure à suivre en cas d’abus sexuel. Il précise que les coupables doivent « toujours » être dénoncés. Alleluia.
Le texte indique notamment que dans les cas les plus graves ou lorsque les preuves sont écrasantes, le prêtre peut être immédiatement défroqué… C’est le terme consacré pour dire réduit à l’état laïc. Pas sûr que cela rassure les victimes.
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