La nouvelle création du studio australien Uppercut Games nous entraîne en compagnie d’un frère et de sa soeur dans un monde post-apocalyptique étrangement lumineux.
L’eau est claire, le ciel est bleu, il n’y a plus personne en ces lieux. Plus personne, à part les jeunes Taku et Miku, frère et sœur parlant une langue inconnue (heureusement sous-titrée) qui, sur leur petit bateau, explorent une vaste ville conquise par les eaux. Naviguant d’un bâtiment-îlot à un autre, ils rassemblent des objets, des documents et saluent au passage les fantômes des anciens habitants, silhouettes figées chacune dans une activité et qui, autant que cette vieille baignoire dans laquelle l’herbe a eu largement le temps de pousser, nous parlent en pointillés d’un lointain passé.
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La sœur et le frère cherchent des “graines”, aussi, à déposer en certains points précis pour faire disparaître l’étrange matière noire présente un peu partout. Ça, c’est la jeune fille qui s’en charge pendant que le garçon l’attend dans le bateau.
Sauter, grimper
Le jeu vidéo aime les “mondes d’après” – d’après la catastrophe, d’après l’effondrement des sociétés humaines – et, ces derniers temps, de Solar Ash à Horizon : Forbidden West, il a pris l’étrange habitude de les imaginer lumineux et colorés plutôt que sombres et dévastés. Suite beaucoup plus aboutie techniquement d’un jeu de 2015, Submerged : Hidden Depths s’inscrit dans le prolongement des deux titres en question, mais en gommant tout ce qui pourrait relever de l’affrontement. La vie d’après l’apocalypse (ou quelque chose d’approchant) s’y révèle étrangement douce, ce qui ne rend pas pour autant le voyage moins poignant.
Sur le strict plan du rapport à l’espace et des tâches qu’il nous confie, Submerged : Hidden Depths n’innove pas énormément. On vogue, on grimpe, on saute, on se laisse glisser sur la tyrolienne. On cherche à trouver un moyen d’atteindre le sommet de chaque édifice d’une manière qui rappelle curieusement les premiers Assassin’s Creed, notamment lorsque l’arrivée en haut d’un “mirador” révèle les points d’intérêts qui l’entourent sur la carte. Mais il y a aussi, et plus directement, quelque chose de Sea of Solitude, le jeu sur la dépression de Cornelia Geppert dont il apparaît comme un quasi-remake apaisé, quand bien même ce serait parce qu’il est trop tard pour espérer sauver qui que ce soit, parce que le deuil est déjà presque achevé.
Pèlerinage
Mais le véritable modèle de Submerged : Hidden Depths pourrait bien être encore ailleurs : du côté du walking simulator, ce genre généralement non-violent (en tout cas au sens habituel du terme) en vogue chez les développeurs indépendants qui limite les interactions pour partager d’abord une façon d’être au monde.
En découle une approche de biais du jeu d’aventure en monde ouvert : l’enjeu, ici, n’est pas de conquérir les lieux, de les soumettre à notre volonté, mais juste d’aller les voir, de s’en imprégner en témoin curieux et fréquemment émerveillé, de relever et de reconnaître comme telles les traces qui y subsistent pour, au fond, porter la peine de ceux qui y ont vécu. C’est d’un pèlerinage qu’il s’agit, et aussi d’une réparation, d’une pacification, peu à peu, délicatement. Qui vaut aussi pour nous, de l’autre côté de l’écran.
Submerged : Hidden Depths (Uppercut Games), sur PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series X/S et Windows, environ 30€
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