Est-ce parce qu’il publie ce texte dans un journal français et ne craint pas les représailles que le romancier se livre à autant de réflexions désobligeantes sur le physique des hommes politiques de son pays ?
Il ne fait aucun doute que chez vous, en France, vous en avez ras le bol de Sarko et que tout commentateur politique surpris à chanter – implicitement ou explicitement – les louanges du président se couvrirait de ridicule. De ce côté-ci de la Manche, en revanche, les choses sont un peu différentes.
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Il y a une quinzaine de jours, Marc Roche, du Monde, était l’invité de Newsnight, la grande émission d’actualité du soir de la BBC, et il a vertement qualifié George Osborne, le Shadow Chancellor (le ministre des Finances en puissance du parti conservateur), de “sombre imbécile, que personne ne prend au sérieux à la City”.
Roche a poursuivi ses attaques contre les Tories en général, les accusant d’être le “méchant parti” des “petits nationalistes” qui ont peur de l’Europe. Il a de nouveau distingué Osborne en observant que ses plaisanteries portaient bien souvent sur des étrangers.
Ce qui a déclenché le scandale, c’est une vidéo enregistrée lors d’une réunion du parti conservateur et diffusée dans les médias. On y voit Osborne exhiber un marchepied qui se trouvait derrière le pupitre et déclarer, hilare : “Maintenant que le président Sarkozy est parti, nous n’en avons plus besoin.” Qu’Osborne soit un ancien élève du privé, arrogant et doté d’un sens de l’humour déplorable, ce n’était un secret pour personne ; mais qu’il se montre si dramatiquement peu homme d’Etat aussi près d’une élection générale a choqué.
C’est le genre de faux pas qui commence à éroder l’avance des Tories dans les sondages. Il y a six mois, leur avantage se comptait largement à deux chiffres ; aujourd’hui, certains instituts les placent presque au coude à coude avec le Labour. C’est stupéfiant si l’on songe qu’au Royaume- Uni, où le redécoupage électoral est une pratique répandue et institutionnalisée, il existe un axiome qui dit que c’est le gouvernement qui perd les élections et non l’opposition qui les gagne.
En d’autres termes, les Tories n’ont vraiment pas besoin de faire grand-chose pour l’emporter lorsque les Britanniques se rendront aux urnes en mai. Ils affrontent une majorité qui est au pouvoir depuis treize longues années, marquées par deux guerres très impopulaires, une croissance économique artificielle dopée par des pratiques financières aventureuses et une bulle immobilière, et qui a laissé se développer sans rien faire le scandale des dépenses des députés.
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