La polémique ne cessait de croître. Après plusieurs jours de conflit avec Emmanuel Macron, le chef d’état-major de l’armée Pierre de Villiers a présenté sa démission. Il s’était ouvertement opposé à la réduction du budget de la défense. Retour sur les cinq épisodes de ce bras de fer.
Le général Pierre de Villiers rend les armes. Après plusieurs jour de crise avec le président de la République, le chef d’état-major des armées a présenté sa démission mercredi 19 juillet. Un événement inédit sous la Ve République.
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Épisode 1 : l’annonce des coupes budgétaires prend par surprise l’armée
« Nous avons demandé au ministère de la Défense de tenir le budget qui a été voté en 2017 par le parlement, ce qui entraîne une réduction des dépenses de 850 millions d’euros. » Cette déclaration du ministre des Comptes publics, Gérard Darmanin, dans un entretien au Parisien mardi 11 juillet, met le feu aux poudres.
L’annonce est inattendue. Pendant sa campagne, Emmanuel Macron s’est engagé à augmenter le budget de l’armée pour qu’en 2025, 2% du PIB soit consacré à la défense. C’est donc un revirement de la part de l’exécutif. En contraignant le budget de la Défense à prendre sa part des 4,5 milliards d’euros d’économie que doit réaliser l’Etat cette année, l’exécutif renonce à assumer les surcoûts entrainés par les opérations extérieures, en dépit de la loi qui l’y oblige. Selon l’hebdomadaire Challenges, l’armée devrait également réduire ses dépenses d’équipements.
La réplique du général ne se fait pas attendre. Le lendemain, lors d’une audition à huis clos devant la commission de la Défense de l’Assemblée, le chef d’état-major des armées, Pierre de Villiers, menace de démissionner. Très remonté, il lance : « Je ne me lasserai pas baiser comme ça« , sous les applaudissements des députés présents.
Épisode 2 : le recadrage public du président de la République
Le lendemain, Emmanuel Macron lui répond sans le nommer lors de son discours aux armées. Loin de chercher à éteindre la fronde naissante, il déclare : « Je considère qu’il n’est pas digne d’étaler certains débats sur la place publique (…) Je suis votre chef (…) Je n’ai nulle besoin de pression et de nul commentaire. » Même si, en même temps, il s’engage à augmenter le budget de la Défense dès 2018.
La polémique bat son plein. Des politiques s’enflamment sur Twitter, à l’instar de Gilbert Collard, député FN. Sur la toile, les milieux d’extrême-droite se mobilisent et des pages Facebook de « Soutien au général de Villiers » apparaissent et les pétitions fleurissent.
Le général de Villiers démissionne : une claque d’honneur dans la figure fixe et prétentieuse de Macron ! pic.twitter.com/LQa6q4QRZD
— Gilbert Collard (@GilbertCollard) 19 juillet 2017
Le général de #Villiers a dit la vérité, il est éliminé !https://t.co/6YpQ1kaJyS
— Robert Ménard (@RobertMenardFR) 19 juillet 2017
D’un point de vue institutionnel, le chef de l’Etat a méconnu le principe de séparation des pouvoirs #deVilliers
— Bernard Accoyer (@BernardAccoyer) 19 juillet 2017
La démission du Gal #devilliers est une preuve cinglante d’échec de la politique de Macron et de sa méthode brutale https://t.co/x011lP9bmg
— Corbiere Alexis (@alexiscorbiere) 19 juillet 2017
Pierre de Villiers a l’esprit de sacrifice ???????? Sa démission est 1 acte d’honneur, il ne servira pas le macron du déshonneur#SoutienAuGeneral pic.twitter.com/MRM8vDgXuj
— David van Hemelryck (@David_vanH) 19 juillet 2017
Épisode 3 : Le général réplique
Le 14 juillet, le chef d’état-major passe outre le « sens du devoir et de la réserve » auquel l’avait rappelé le président. Après avoir défilé aux côtés de Emmanuel Macron, il publie le soir même une lettre aux soldats, implicitement adressée au président. « Méfiez-vous de la confiance aveugle, écrit-il, qu’on vous l’accorde ou que vous l’accordez. Elle est marquée du sceau de la facilité. » La notion de confiance parcourt toute la publication et est reprise sur le compte Twitter de l’état-major.
Une histoire de confiance. pic.twitter.com/Ddank72x1w
— État-Major Armées (@EtatMajorFR) 16 juillet 2017
Épisode 4 : Emmanel Macron déclare possible la démission du général
La réponse du président ne se fait pas attendre. Dans le JDD du 16 juillet, Emmanuel Macron campe sur ses positions et laisse entrevoir la possible démission du général de Villiers. Ce dernier venait d’être reconduit dans ses fonctions en juin. La déclaration du président est sans appel, le chef d’état-major doit « savoir quelle est la chaine hiérarchique et comment elle fonctionne, dans la République comme dans l’armée. »
Épisode 5 : le chef d’état-major démissionne
Le général de Villers présente sa démission, acceptée par le président ce mercredi 19 juillet. Alors qu’il devait être reçu vendredi 21 juillet par Emmanuel Macron, il prend les devants en déclarant dans un communiqué, « ne plus être en mesure d’assurer la pérennité du modèle d’armée auquel (il) croit pour garantir la protection de la France, aujourd’hui et demain. »
Son successeur est le général François Lecointre, présenté par Macron comme « un héros, reconnu comme tel dans l’armée« , selon des propos rapportés par Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement. Pas sûr que cela suffise pour réconcilier l’armée avec son président…
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