Guide malicieuse, Mademoiselle Agnès célèbre les 10 ans de son émission Habillé(e)s pour…. La mode comme on ne la voit nulle part ailleurs : caustique et pertinente.
Comme Mademoiselle Chanel, elle tient à son statut comme à une marque de distinction : Mademoiselle Agnès est son nom de scène, sa scène est la télévision, son répertoire est la mode. Son goût pour la coquetterie, la cachoterie et le jeu a fait d’elle un personnage cathodique pétillant, celui d’une femme fatale plongée dans un monde qu’elle explore du haut de ses Louboutin inconfortables : la mode, cette jungle démesurée, remplie autant de parvenus conformistes que de brillants excentriques.
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Elle en connaît les codes et les cordes, elle voyage dans ses paradis artificiels de liane en liane, de défilés en défilés, jamais dupe, toujours en éveil, même devant des mannequins anorexiques défilant dans l’obscurité d’un podium. Son énergie se déploie dans ce désir de mettre à nu les artifices d’une industrie qui, pour exister, a de plus en plus besoin de mises en scène spectaculaires.
Une chronique mode précise et hilarante
En créant il y a dix ans, avec son éternel complice Loïc Prigent, le magazine Habillé(e)s pour…, diffusé deux fois par an sur Canal+ à l’occasion des saisons d’hiver et d’été, Mademoiselle Agnès a imposé sa signature. Elégante, précise et hilarante à la fois. Comme personne avant elle, et devançant toutes les (fausses) suivantes, elle a radicalement renouvelé la chronique de mode à la télé, au point d’en faire un show destiné autant aux ringards désabusés qu’à ses adeptes hystériques.
Tous les aveugles s’y retrouvent, autant ceux qui détestent la mode que ceux qui la divinisent, puisque la “modeuse” errante entremêle observations caustiques et remarques pertinentes. Les images qu’elle a exhumées à l’occasion de cet anniversaire le rappellent : la décennie y est parfaitement résumée, de la querelle entre Tom Ford et Yves Saint Laurent au sacre de Nicolas Ghesquière, des succès d’Hedi Slimane aux géniales sorties d’Alexander McQueen, de la folie du défilé Chanel avec Nicole Kidman à la nouvelle scène new-yorkaise, des shows ébouriffants de John Galliano à ceux dégoulinants de Roberto Cavalli…
Rire avec Karl Lagerfeld, danser avec John Galliano
Autrefois réservée à un type de commentaires compassés et purement admiratifs envers les grands couturiers, la critique de la mode s’est déplacée avec elle sur un registre plus pop, distancié et ludique. Mademoiselle Agnès ne cesse de nous dire qu’on peut aimer la mode et en rire, saluer le travail de ses créateurs et démonter les stratégies industrielles qui les écrasent, adorer les défilés et se moquer de ceux qui les fréquentent…
Plutôt qu’une forme de “mauvais esprit”, c’est un esprit fantasque qui l’habite et l’habille. Cet art de la distanciation la constitue, même s’il s’accommode ouvertement de ses admirations et complicités. Elle peut se mettre à danser avec John Galliano, se plier de rire avec Karl Lagerfeld, se faire toute petite avec Yves Saint Laurent, jouer les sexy girls avec Tom Ford, à la bonne copine avec Jean Paul Gaultier… Elle excelle dans tous les registres, s’adapte à chacun des acteurs de ce théâtre de marionnettes, dont elle fait tomber les masques autant qu’elle les revêt avec malice. L’important, c’est d’aimer jouer, mais toujours bien habillée…
Les 10 ans d’Habillé(e)s pour…, vendredi 9 avril, 23 h 25, Canal+ (précédé d’Habillé(e)s pour l’hiver 2010-2011, à 22 h 25)
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