Tour de France des villes arty cet été, en vingt étapes. D’Avignon et Arles à Nice et Tours. Des villes où l’art vibre, attire l’oeil et détourne des habitudes.
De tous côtés en France, les expositions estivales forment un ressort touristique important. Entre les grandes villes, du Havre à Nantes, jusqu’à Bordeaux, engagées dans des projets grandioses visant à redécouvrir les espaces urbains autrement, par le truchement des œuvres, et les petites villes, de Dijon à Besançon, où les centres d’art résistent, la France reste un territoire artistique vaste et éclectique. L’été sera forcément arty pour ceux qui traversent l’hexagone du nord au sud, d’est en ouest. Tour de France sélectif.
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Avignon
Basquiat, collection agnès b
Cet été à Avignon, la collection Lambert, musée d’art contemporain, propose quatre expositions majeures : la collection d’agnès b, Keith Haring, Anselm Kiefer, Leila Alaoui. Dévoilée dans l’immensité de ses espaces rénovés, la sublime collection d’agnès b impressionne le visiteur même si elle fut déjà en partie révélée l’hiver dernier au musée national de l’histoire de l’immigration à Paris. Le choix d’Eric Mézil élargit ici le spectre connu de la collectionneuse pour proposer un portrait en creux de la styliste, dont l’œil, la curiosité et la vivacité sidèrent à la vue des 400 œuvres retenues, dont les motifs et paysages esthétiques (adolescence, amour, musique, engagement, Afrique…) dessinent la cohérence d’un ensemble magistral.
Un tout jamais calculé ou déterminé par les critères cyniques du marché, mais ouvertement traversé par son goût, ses affinités, ses fétiches, ses enthousiasmes spontanés. Des pièces incroyables sidèrent le visiteur, souvent rares, comme ces dessins de jeunesse d’Andy Warhol, préfigurant le Pop Art, ou ces photos anciennes de Man Ray photographiant en 1930 Marcel Duchamp, de Brassaï, Weggee, Jonas Mekas…, ces tableaux de Basquiat, ces vidéos de Douglas Gordon (filmant les Smiths à leurs débuts, avec un Morrissey en transe au ralenti), ces dessins de Gus Van Sant, ces images de Stephen Gil… Si la collection part dans tous les sens, elle ne s’égare jamais dans l’anecdotique ; tout se tient, se répond, dialogue, correspond. La beauté est partout.
En attendant de découvrir sa propre fondation, courant 2018 à Paris, il est vivement conseillé de découvrir cette exposition vibrante d’agnès b à Avignon, dont la collection Lambert réussit admirablement à capter la richesse sensible. Les trois autres expositions consacrées à Keith Haring, Anselm Kiefer (installation monumentale “La vie secrètes des plantes“, 10 peintures sur châssis sur lesquelles s’entremêlent peinture, branchages, fils de fer, feuilles de plomb) et Leila Alaoui (photographe et vidéaste franco-marocaine morte en 2016) sont elles aussi magnifiques. Chez Lambert, on aime l’art.
Collection Lambert, On aime l’art ! agnès b ; Keith Haring ; Anselm Kiefer ; Leila Alaoui ; jusqu’au 5 novembre 2017
Arles
Mathieu Pernot, Giovanni, Arles, 2015. Avec l’aimable autorisation de la galerie Éric Dupont. / Mathieu Pernot, Giovanni, Arles, 2015. Courtesy of the Éric Dupont gallery
Cet été, Arles sera incontournable pour ceux qui circulent dans le sud. Deux raisons, au moins, pousseront les voyageurs à s’attarder dans la ville. D’abord, pour découvrir, à la Fondation Van Gogh, une imposante rétrospective d’une peintre américaine, rarement exposée en France : Alice Neel. Si elle peint dès les années 1920, marquée par la tradition européenne, son style s’affirme vraiment, au seuil des années 1960. Une patte étirée, coulante, qui enserre le sujet de contours prononcés. Les corps sont dénudés mais se soustraient au jeu de la mise en scène. La soixantaine bien entamée, elle commence à frayer avec la bande des jeunes loups la Factory. Mais lorsqu’elle peint Andy Warhol en 1970, il n’est pas épargné : c’est sans fards, les yeux clos, le torse malingre constellé de cicatrices qu’il se livre à nous, avec une sincérité qu’on ne lui connaissait guère.
L’autre raison de s’attarder à Arles, c’est bien entendu les Rencontres de la photographie, dont la 48ème édition, préparée par Sam Stourdzé, oscillent entre la volonté de raconter les crises du monde et le désir d’explorer les vies intimes. »Voir le monde » ; il n’y a pas de geste à la fois plus simple et plus complexe que celui qui guide ces Rencontres. Par-delà les divers protocoles de captation du réel, ce « monde vu » se révèle selon des perspectives multiples, du local au global, de l’intime au politique, de l’introspection à l’enquête…
Les Rencontres confortent la puissance de la photographie documentaire grâce à laquelle les visages du monde deviennent formes et sujets de réflexion politique, comme chez Michael Wolfe qui capte de manière saisissante la vie moderne dans les grandes villes, comme chez Mathieu Asselin qui démonte rigoureusement le système Monsanto, comme chez Gideon Mendel qui s’attache au « monde qui se noie », à travers une série de portraits d’individus, les pieds dans l’eau vive, le regard dans le vide, victimes des inondations à répétition, ou comme dans la belle exposition sur la photo iranienne depuis 1979.
Voir le monde, c’est aussi explorer au fond de soi ce qui vibre intimement, exhumer ce qui fait mal. Des affects blessés (Masahisa Fukase), des blessures tues (Kate Barry), des empathies complices (Mathieu Pernot) et des appétits secrets (Karlheinz Weinberger), quatre photographes témoignent intensément, comme si l’image servait ici d’outil thérapeutique, de révélateur de sa propre psyché.
Fondation Van Gogh, Alice Neel, peintre de la vie moderne, jusqu’au 17 septembre
Les Rencontres de la photographie, jusqu’au 24 septembre
Besançon
A Besançon, le Frac Franche-Comté met à l’honneur la fantasque Georgina Starr associée aux Young British Artists des années 1990, une bande d’artistes qui face à un marché de l’art qui végétait et des institutions usées, n’avait aucune envie d’attendre qu’on vienne les chercher. Ils sont devenus des superstars, à l’image de Damien Hirst, Douglas Gordon, Tracey Emin, Tacita Dean, Marc Quin, Sarah Lucas, Rachel Whiteread ou encore les frères Chapman… Tous commencèrent par exposer ensemble au sein de ce groupe que l’histoire de l’art érigera en mouvement en le nommant “Young British Artists”, d’après le nom de l’exposition “Young British Art” organisée en 1992 par le publicitaire et marchand d’art Charles Saatchi.
L’artiste Georgina Starr, née en 1968, figure tout aussi emblématique de l’époque, accompagnera les Young British Artists sans cependant jamais s’y laisser subsumer tout à fait. Plus jeune, issue d’un autre parcours, Georgina Starr ne s’est jamais laissé enfermer dans aucun groupe : ni les YBA, ni même le monde de l’art, continuant à fréquenter tout aussi bien les milieux de la musique, du théâtre et de la littérature. Cette transdisciplinarité, ainsi qu’une tonalité résolument personnelle de ses œuvres où elle intervient souvent comme sujet et acteur principal, fait d’elle à la fois un témoin privilégié de l’Angleterre des années 1990. Et en même temps, la tonalité subjective l’inscrit également dans une permanence historique plus profonde. En exploitant les technologies d’enregistrement du son et de l’image et en se mettant systématiquement en scène, Georgina Starr dessine une cartographie mentale du monde où l’archive personnelle diffracte l’esprit d’une époque.
Captivée par les mass media naissants, la voix désincarnée et ventriloque du téléphone ou l’image manipulable de la caméra vidéo qui se démocratise à ce moment-là dessinent les contours évanescents de nouvelles histoires de fantômes pour grandes personnes. Après une première exposition en France en 2010 autour de ses œuvres sonores, avec la présentation des deux projets “I am the Record” et “I am the Medium” au Confort Moderne à Poitiers, c’est au tour du Frac Franche-Comté de lui offrir sa plus grande exposition monographique hexagonale à ce jour, intitulée Hello. Come Here. I want you, mêlant les œuvres des années 1990 et les productions récentes qui en reprennent et réactivent les thèmes et les personnages.$
Frac Besançon, Georgina Starr, Hello, come here, i want you, jusqu’au 24 septembre
Bordeaux
Richard Long, Snake Circle (1991), à l’Hôtel de Ville de Bordeaux
jmd
Bordeaux n’est plus qu’à deux heures de train de Paris, quand les trains partent à l’heure. Pour la ville, l’arrivée de la ligne à grande vitesse est un événement qui méritait une célébration : avec sa saison “Paysages“, jusqu’au 25 octobre, la fête est essentiellement artistique, disséminée dans tous les lieux culturels de la ville, et même dans les rues avec les vingt sculptures d’Antony Gormley. Parmi de multiples événements, s’impose avant tout le parcours dans la ville proposé par le CAPC (musée d’art contemporain) des œuvres délicates de la grande figure du Land art, Richard Long.
A l’espace Saint-Rémi (Stone field), dans le hall du Grand Théâtre (Cornwall state line), dans l’hôtel de ville (Snake circle), et au CAPC (White rock line, Garonne mud black circle), la présence des sculptures de l’artiste dans la ville est un pur enchantement. Les gestes à la fois archaïques et poétiques de Richard Long ont ce pouvoir étrange d’animer des espaces physiques par la simple façon d’associer des pierres, de les agencer selon des schémas très précis, entre chaos et géométrie, et de réinventer la manière de regarder la matière, le monde, la terre, le ciel.
Au Capc, une exposition sur la question de la matière, 4,543 milliards interroge la dimension géologique du temps. Dans le même bâtiment, arc en rêve, le centre d’architecture, explore la culture du skate dans une exposition, déjà vue à la villa Noailles, “landskating, anywhere“. Au musée des arts décoratifs et du design, Constance Rubini et Pierre Charpin proposent un parcours haut en couleurs sur l’histoire du design au prisme de la couleur. Un angle passionnant pour appréhender la nature des objets et comprendre en quoi la couleur participe de la définition des styles. Au musée des Beaux-Arts, qui “se met au vert“, les paysages sont l’objet d’une attention particulière, avec un focus sur les collections permanentes, notamment celles du 19ème siècle, mettant la nature au cœur des toiles.
Au Frac Aquitaine, ce sont les mondes aquatiques et la pêche qui font l’objet d’une exposition stimulante, qui de Mathieu Mercier à Yves Chaudoüet, de Vincent Carlier à Hubert Duprat, de Jessica Warboys à Nicolas Floch’, suggère un voyage dans un paysage aquatique, à la fois politique et contemplatif. A la base sous-marine, Daniel Firman nous plonge dans les ténèbres avec son exposition immersive et opaque, “Black for whales“, qu’il qualifie lui-même “d’architecture-paysage dé-mesurante“. Aux sons des chants de baleine et de quatuors à corde, le visiteur croit voir les mammifères aquatiques absents, jusqu’à tomber sur un éléphant taxidermisé suspendu par la trompe. Un parcours renversant.
Bordeaux, Paysages, une saison culturelle, jusqu’au 25 octobre
Brest
A Brest, le centre d’art contemporain Passerelle expose cet été plusieurs artistes : Steinar Haga Kristensen, artiste norvégien émergent dans ce qu’il définit comme un temps très “brun“ marqué par les troubles politiques, moraux et identitaires de notre monde contemporain. Sa “Période Brune“ est ici nourrie de performances, sculptures, peintures et vidéos aux interventions vidéo et télépathiques. Ola Vasiljeva crée des environnements imaginaires dans lesquels se mêlent la sculpture, le dessin, la vidéo et les objets trouvés. Clémence Estève, jeune artiste française, suggère une problématisation poétique de ce qu’est un musée : le lieu de la tension entre le sensible et le scientifique, entre le désir, la recherche de plaisir esthétique et le travail d’organisation et de conservation. Elle invite à une déambulation dans un espace réinventé où s’entrechoquent les catégories et les images magnifiées ou altérées.
Quant à Nicolas Floc’h, son projet “surfer un arbre“ réunit un groupe de surfeurs artistes, plasticiens, chorégraphes, designers, cinéastes, graphistes, commissaires d’exposition, qui à partir d’un arbre, un Cèdre Rouge de 5m de Long et 60 cm de diamètre, fabriquent des surfs traditionnels hawaiiens. Le cœur de l’arbre sera conservé pour la réalisation d’un banc qui servira à regarder le film “surfer un arbre“.
CAC Passerelle, expositions Steinar Haga Kristensen, Ola Vasiljeva, Clémence Estève, Aurélien Froment, Nicolas Floc’h, jusqu’au 2 septembre
Chaumont-sur-Loire
Château de Chaumont-sur-Loire
jmd
Sur les bords de Loire, le château de Chaumont, surplombant le long fleuve tranquille, semble là depuis une éternité ; comme si rien de la marche du monde, entre la Renaissance et nos jours, ne l’avait vraiment altéré. Si les pierres racontent l’histoire du lieu, les aménagements des jardins brouillent les repères : aussi classique fût-il, le domaine de Chaumont-sur-Loire s’affirme comme un antre de l’art contemporain. Ici et là, au détour d’un sentier, des œuvres puissantes issues souvent du Land Art captent le regard.
Une pure exaltation des sens s’ajuste à la contemplation des arbres avec lesquels les artistes jouent de complicité en invitant à relire le paysage d’une manière délicate et discrète. De Giuseppe Penone à Janis Kounelis, du cairn d’Andy Goldsworthy aux cabanes perchées de Tadashi Kawamata, de Gabriel Orozco à François Méchain, la dissémination d’œuvres pensées pour dérégler et sublimer à la fois la nature ordonnée du parc, donne le ton, végétal, de la proposition de Chaumont. “Chanmé !“ Dirigé depuis dix ans par Chantal Colleu-Dumond, ce centre d’arts et de nature accueille douze artistes dans son parc, tels Sheila Hicks, Sara Favriau, Stéphane Guiran, Andrea Wolfensberger, Miguel Chevalier, Sam Szafran, El Anatsui, Davide Quayola. Courant dans les bois, perchés dans des arbres, errant à l’ombre des tulipes blanches, tandis que la Loire coule en contre-bas, paisible, les visiteurs seront comblés de leur séjour à Chaumont-sur-Loire, ce pays où les jardins éclairent les cœurs et aèrent les esprits fatigués.
Domaine de Chaumont-sur-Loire, centre d’arts et de nature, expositions et installations d’art contemporain, jusqu’en novembre
Dijon
Hans Haacke
Les must de Rembrandt, 1986
Collection Le Consortium
Le Consortium aura traversé en 2017 une année étrange, et triste ; la disparition au début de l’été de son fondateur Xavier Duroux, avec Franck Gautherot, coïncide avec les quarante ans de la création du centre, la même année que celle du Centre George Pompidou. Pour célébrer ce double anniversaire – celui du premier centre d’art en France et du premier grand musée d’art contemporain -, les équipes du Consortium ont monté une exposition, “Truchement“, consignant les traces d’un récit artistique parallèle. De Maurizio Cattelan à Bertrand Lavier, artistes iconiques très liés à l’histoire du lieu, de On Kawara à Rodney Graham, de Charles de Meaux à César, de Frank Stella à Yann Pei-Ming…, la majorité des artistes exposés traduisent l’esprit d’un lieu dont la particularité reste, entre autres, d’être toujours dans une posture de recherche et de prospective ; comme une façon d’aller plus vite que la musique de l’art, de “foutre un peu le merdier“, selon l’expression de Franck Gautherot. Si en quarante ans, le système de l’art a changé, les envies du Consortium reste intactes.
Le Consortium, Truchement, jusqu’au 3 septembre
Dunkerque
Frac de Dunkerque
Au FRAC et au LAAC de Dunkerque, deux expositions explorent les affinités électives entre art et musique, entre images et sons. Deux parcours stimulants à travers l’histoire de l’art et de la musique entremêlés. Entre la musique et les arts visuels, le son et l’image, le bruit et l’installation, des affinités électives existent depuis que le mouvement des avant-gardes s’est immiscé au cœur de cette interaction, surtout à partir des années 1950 avec le groupe Fluxus et John Cage.
Mais si l’avènement du son dans le champ des arts plastiques est directement lié à l’aventure des avant-gardes du 20ème siècle, il l’a aussi précédé en partie, dans la mesure où nombre d’artistes plasticiens ont intégré dès l’entre deux guerres dans leurs réflexions et gestes créatifs la densité du son. Comme si les résonances entre deux champs distincts se déployaient à mesure que le son prenait une place de plus en plus forte dans les vies modernes. De telle sorte que, depuis des décennies, la musique se donne “à voir“ autant qu’elle se laisse écouter. Les deux expositions à Dunkerque – Musique à voir au LAAC ; Le son entre, au Frac Nord-Pas de Calais – explorent cette longue et riche histoire, ancienne et sans cesse réactivée, qui relie la musique et les arts plastiques. L’histoire d’affinités électriques, énigmatiques et parfois extatiques. Pensées et conçues ensemble, dans une volonté naturelle d’associer les de deux institutions, proches à la fois dans l’espace (à 5 minutes à pied l’une de l’autre) et dans leur approche de la création contemporaine, les deux expositions dévoilent chacune à sa façon la portée de ces liens affinitaires.
Musique à voir, LAAC, jusqu’au 17 septembre
Le son entre, au Frac Nord-Pas de Calais, jusqu’au 31 décembre 2017
La Coste
Château La Coste, Tadao Ando, Louise Bourgeois
jmd
Dans le domaine du Château La Coste, au Puy-Sainte-Réparade, dans les Bouches-du-Rhône, l’architecte Renzo Piano vient d’inaugurer un pavillon où s’exposent les photographies d’Hiroshi Sugimoto. Le château en question est en réalité un immense parc naturel au cœur duquel surgissent des bâtiments contemporains dessinés par des stars de l’architecture d’aujourd’hui : Tadao Ando, Frank Gehry, Jean Nouvel, Norman Foster, Richard Rodgers, et Renzo Piano. Plus encore : entre ces constructions prestigieuses, des dizaines d’œuvres de plasticiens sont disséminées dans le sublime parc que l’on peut traverser en deux heures de marche : Alexander Calder, Liam Gillick, Andy Goldsworthy (sublime grotte), Jean-Michel Othoniel, Jean Prouvé, Richard Serra, Tom Shannon, Franz West, Lee Ufan, Sean Scully, Guggi, Trace Emin, ou même Michael Stipe, l’ex-chanteur de REM, devenu sculpteur, avec sept renards en bronze postés sous la futaie de La Coste, près des grandes lames d’acier de Richard Serra.
Le nouveau bâtiment, inauguré début mai par Renzo Piano au cœur du parc, se présente comme un emblème supplémentaire de cette attraction pour les valeurs sûres de l’architecture. Au Château La Coste, tous les rêves sont permis, autant que le temps est suspendu, simplement raccroché à l’exigence de délicatesse, remplie par la fusion heureuse de l’art, de l’architecture et de la nature.
Château La Coste, ouvert tous les jours de 10h00 à 19h00
Châeteau-la-coste.com ; Le pavillon de Photographie de Renzo Piano est inauguré jusqu’au 3 septembre 2017 avec l’exposition The Sea and the Mirror de l’artiste Hiroshi Sugimoto
Le Havre
Plage du Havre, qui fête ses 500 ans
jmd
A l’occasion des 500 ans de sa création, la ville du Havre célèbre un été pop, grâce à des installations d’artistes proposées par Jean Blaise. Une expérience qui révèle les secrets de la ville d’Auguste Perret. Longtemps associée dans l’imaginaire à une ville grise, triste, froide, venteuse, où rien ne vivait vraiment dans ses avenues bordées d’immeubles en béton, le Havre s’est enfin départie de sa réputation aride. Partout, en bord de mer ou dans ses jardins suspendus, des artistes s’installent, via des œuvres éphémères. Dans la variation des formes et des tons proposés, une impression domine au soleil levant : le choix de la majorité des artistes de creuser le sillon du spectaculaire et du joyeux, à travers des formes architecturales monumentales et solaires, mais aussi à travers des dispositifs légers et délicats. Toutes les oeuvres procèdent d’un même élan : célébrer les couleurs cachées du Havre. A l’image des cabanes en bord de mer, dont la couleur traditionnelle blanche a été abandonnée par le graphiste hollandais Karel Martens au profit de bandes colorées. Cette ambiance pop se décline selon plusieurs autres modèles. L’installation de Vincent Ganivet, au croisement de la rue de Paris et du quai Southampton, en est un signe fort. Obsédé par le motif de l’arche dans tout son travail de bricoleur de l’impossible, l’artiste a imaginé ici deux arches faites de containers multicolores. A la fois absurde et majestueuse, gigantesque et délicate, l’œuvre de Vincent Ganivet se contemple comme une cathédrale, vidée du sacré, mais peuplée d’un imaginaire relié à la vie du port, aux voyages qu’elle annonce. A quelques mètres des arches, une autre installation, sonore cette fois, mérite de s’attarder. La réalisatrice de France Culture, Charlotte Roux, originaire du Havre, s’installe au Port Center pour proposer aux visiteurs l’écoute d’un long voyage sonore dans la ville, “Les passagers du son“.
Cette façon de mêler le goût du monumental à la délicatesse des formes se retrouve dans l’installation de l’artiste japonaise Chiharu Shiota, “Accumulation of power“, dans la sublime église Saint-Joseph. Un tourbillon de fils en laine rouge, irradie la nef de béton, et fait régner dans l’église un climat de grande douceur, comme si la spiritualité du lieu se redoublait à travers cette intrusion incongrue d’une forme géométrique anarchique. Une autre installation sculpturale, inscrite dans le patrimoine architectural de la ville, se dévoile sur la plage, dans le prolongement de la porte Océane, ensemble emblématique de la reconstruction du Havre. Habillée d’un coffrage bois peint en blanc, la sculpture intrigante des artistes Lang & Bauman, UP#3, ressemble à un immense portique, voire à une sorte d’ovni, dont le minimalisme formel est autant un rappel du style de Perret (une réinterprétation de la porte Océane) qu’une façon de s’en extraire, de se laisser contaminer par lui dans un geste poétique. Autre événement de cet Eté au Havre : la rétrospective de Pierre et Gilles au MuMa, le musée d’art moderne André Malraux, “Clair-obscur“. Quarante ans d’une complicité entre Pierre Commoy et Gilles Blanchard, natif du Havre, ici consignés par la commissaire Sophie Duplaix, à travers une centaine d’œuvres de la fin des années 1970 à aujourd’hui. Autre réjouissante nouvelle : la réouverture du Portique, centre d’art agrandi qui expose cet été Stéphane Thidet, Julien Berthier et Vincent Ganivet, et qui redonne au Havre un nouveau souffle artistique.
Un été au Havre, jusqu’ au 8 octobre
Mouans-Sartoux
Olivier Mosset, EAC
En 1967, l’artiste suisse Olivier Mosset inaugurait un célèbre cycle de peintures dont le motif fétichisé fut un simple cercle. Jusqu’en 1974, moment où il entama un nouveau cycle consacré à des bandes, il peignit au centre de ses toiles blanches un cercle noir neutre. Une manière maximaliste de réinterroger, sur un mode minimal, la peinture et la fonction même du peintre. Ce refus de l’expressivité, du pathos ou de tout effet a conduit Olivier Mosset à ne chercher dans la peinture que sa « seule présence » ; ses tableaux ne se veulent « que de la peinture », sans signification, mais ouvert à tout.
En même temps que s’imposaient dans le champ de l’art les cercles d’Olivier Mosset visant à déconstruire la peinture moderne, apparaissait sur les routes de France une vaste campagne publicitaire valorisant la marque de la jeune société pétrolière Elf à travers le même motif du cercle. Des ronds rouges de plusieurs mètres de diamètre s’affichèrent sur les murs de l’hexagone et dans les 4200 stations-service de la nouvelle marque. D’un cercle à l’autre. D’un champ à l’autre. C’est cet étrange phénomène de synchronisation entre un geste artistique et un geste publicitaire, habités par une intuition esthétique commune, qu’interroge la magnifique exposition à l’eac Olt, reprenant le nom de la campagne publicitaire de 1967.
Fasciné par la redécouverte de celle-ci, documentant l’histoire de sa conception et la survivance de ses traces sur quelques murs de l’hexagone cinquante ans plus tard, l’artiste Jean-Baptiste Sauvage, lui-même adepte des peintures in situ, a associé Olivier Mosset, figure tutélaire du cercle, à cette exploration, à la fois archéologique, documentaire et artistique, d’une pure mythologie d’un signe.
Olivier Mosset et Jean-Baptiste Sauvage, Olt, Eac (Espace de l’Art Concret), galerie du Château de Mouans-Sartoux, Jusqu’au 5 novembre
Montpellier
Bruce Nauman au musée Fabre de Montpellier
jmd
Aucun indice apparent n’autorisait jusqu’ici à établir des correspondances entre l’œuvre du peintre anglais Francis Bacon et celle du vidéaste Bruce Nauman. Ni leur médium ni leur style ne les rapprochent ouvertement dans le champ de l’art. Et pourtant, comme le suggèrent Michel Hilaire, directeur du musée Fabre à Montpellier, et Cécile Debray, commissaire invitée, dans une magistrale exposition, Francis Bacon/Bruce Nauman Face à face, les deux artistes partagent des obsessions. Ils imaginent même des dispositifs communs ; de quoi dynamiter leur assignation à un langage artistique purement autonome. « Bacon pensait sa peinture en termes de procédures qui rejoint une certaine pratique conceptuelle« , rappelle Cécile Debray, en soulignant aussitôt que »de la même manière, Bauman, artiste perçu comme conceptuel, explore une certaine forme d’expressionnisme à travers le corps et sa relation avec l’espace et le sentiment de soi« .
Ce sont ces correspondances, résonances et reflets, plutôt que de simples mimétismes, identifications ou ressemblances, que l’exposition, nourrie des collections du Centre Pompidou et de collections privées, éclaire au fil d’un parcours limpide, structuré autour de cinq motifs distincts (« Cadre-Cage, Mouvement/Animalité, Corps-Fragment, Piste/rotation, Réflexion/portrait »). A partir de ceux-ci, le dialogue imaginaire entre les deux œuvres s’incarne sensiblement, comme si l’une répondait à l’autre, moins frontalement que de manière oblique. Une exposition majeure révélant chez l’un et l’autre artiste un même « positionnement métaphysique dans un monde sans transcendance« .
A Montpellier, toujours, le centre d’art excitant dirigé par Nicolas Bourriaud, La Panacée, propose cet été trois expositions : John Bock, « glissade dans la sueur perlée des aisselles » (tout un programme) ; Wim Delvoye, « Clocaca : les études préparatoires (200-2010) » (tout un manifeste) ; Pré-Capital, « formes populaires et rurales dans l’art contemporain » (tout un geste).
Francis Bacon/Bruce Nauman Face à face, au Musée Fabre, Montpellier, jusqu’au 5 novembre
Metz
Cité radieuse de le Corbusier, près de Metz, à Briey-en-Forêt
jmd
En saluant la manière dont le peintre Fernand Léger ne cessa de dialoguer avec les autres disciplines artistiques, l’exposition Le beau est partout révèle au Centre Pompidou-Metz la force du geste précurseur d’un artiste moderne. Léger, dense et fluide, le parcours de l’exposition dévoile ainsi précisément, par chapitres successifs, la manière dont, au fil du temps, l’artiste réinventa sa peinture en s’ouvrant à la fois aux autres arts et aux éclats de l’esthétique industrielle. La puissance de la peinture n’avait de sens que dans l’art de faire face à la vie moderne, par la composition de plans géométriques réinventés, les aplats et les modelés…
« Peintre hors cadre« , « cubiste ignorant le collage, communiste oeuvrant pour l’art sacré, peintre ouvrier et esthète d’avant-garde« , selon Ariane Coulondre, commissaire de l’exposition, Léger reste aujourd’hui une figure isolée dans l’histoire de la peinture. Cette inscription de l’œuvre de Léger dans l’aventure de la modernité prend ici un relief particulier grâce à l’attention portée aux dialogues féconds entre le peintre et les autres artistes, à son désir de populariser l’esthétique moderne, en la faisant sortir des cercles bourgeois et des musées. Son goût pour l’architecture se confirme dans une exposition associée à celle du Centre Pompidou, Le Corbusier et Léger, visions polychromes, montée au sein de la cité radieuse de Briey-en-Forêt à 40 minutes de Metz, résidence construite en 1961. L’exposition met en scène, via des documents d’archives, la complicité de Léger et de Le Corbusier, tous deux convaincus des ressources propres de la couleur pour animer un espace.
A Metz, le Frac Lorraine propose par ailleurs une exposition “collective et intersectionnelle“, “Ressources humaines“, sur la question du travail. La commissaire Virginie Jourdain s’intéresse aux invisibles, c’est à dire au personnel d’entretien, aux stagiaires, en passant par les artistes et acteurs culturels eux-mêmes. L’exposition, inspirée des pratiques et des luttes féministes, se demande notamment comment les artistes peuvent réinventer le travail. Si le beau est partout à Metz, l’engagement l’est aussi.
Fernand Léger, Le beau est partout, Centre Pompidou-Metz, jusqu’au 30 octobre
Le Corbusier et Léger, visions polychromes, Cité radieuse à Briey-en-Forêt, jusqu’au 24 septembre
Frac Lorraine, Ressources humaines, jusqu’au 5 novembre
Nantes
Installation de Susanna Frischer au musée des arts de Nantes
jmd
A Nantes, vibre cet été un sentiment particulier dépassant la joie de ses habitants redécouvrant, après six ans de travaux réalisés par le cabinet d’architectes londoniens Stanton Williams, le musée des Beaux-Arts transformé en Musée des arts de Nantes : le « Voyage à Nantes », piloté comme chaque année par Jean Blaise, démultiplie le plaisir des visiteurs, enivrés par un foisonnement de propositions artistiques surprenantes, à la fois au cœur de l’espace public et dans les lieux consacrés.
Le nouveau Musée d’arts de Nantes, riche d’une des plus belles collections de France, aussi bien en art ancien qu’en art moderne et contemporain, subjugue par la qualité de ses aménagements et lumières naturelles qui baignent dans les galeries ; par la première exposition du fonds de dotation Jean-Jacques Lebel ; mais aussi par la construction d’un magistral « Cube », greffé au musée et entièrement dédié à l’art contemporain (Nan Goldin, Duane hanson, Claude Lévêque, Martial Raysse, Maurizio Cattelan, Bill Viola…). Pour la réouverture, le musée a par ailleurs invité l’artiste Susanna Fritscher à exposer dans l’espace du Patio une pièce à la fois délicate et monumentale, De l’air, de la lumière et du temps, qui invite le spectateur à se perdre dans une forêt de fils en silicone, vibrant avec les flux d’air, suspendus depuis la verrière. Immersive et contemplative, l’installation impressionne par sa facilité à habiter un espace aussi gigantesque à partir d’un matériau aussi fin qu’un fil ; le fil d’une artiste aérienne.
Le « voyage à Nantes », construit sur la volonté de poser un regard neuf sur les espaces de la ville que l’on traverse plus que l’on éprouve, mène lui aussi vers des expériences contemplatives suspendues au-dessus des normes réalistes. A l’image des installations de Nicolas Darrot (une figure géante endormie place de l’Opéra, un sublime drapeau anarchiste flottant dans la salle de concert..), des peintures anonymes, prélevées au musée, malicieusement exposées par Alexandre Périgot (Mon nom est personne), des sculptures oniriques de Boris Chouvellon et Laurent Pernot sur la place du Bouffay et la place Royale, des sculptures de bidets en marbre rose par Daniel Dewar et Grégory Gicquel cours Cambronne… Le voyage à Nantes s’accomplira enfin avec l’exposition que le Lieu unique consacre au dessinateur culte, H.R Giger, créateur d’Alien, dont tous les fantasmes et obsessions, indexées au sentiment de terreur, sont dévoilées dans un parcours riche en dessins, sculptures et films. Un voyage au bout de sa nuit.
Musée d’arts de Nantes, Susanna Fritscher, jusqu’au 8 octobre
Voyage à Nantes, jusqu’au 27 août
H.R. Giger, Seul avec la nuit, jusqu’au 27 août
Nice
A Nice, cet été, le souvenir de l’attaque terroriste sur la promenade des Anglais il y a un an voudrait se perdre dans un autre anniversaire, joyeux celui-là, majestueux même : la célébration de l’art et de l’école de Nice, à travers une programmation estivale de quatre expositions présentées sous le titre générique de « Nice 2017 .École(S) de Nice » à l’occasion du 70e anniversaire de la création symbolique de « l’École de Nice » et du 40e anniversaire de l’exposition fondatrice » À propos de Nice » au Centre Pompidou, Paris au moment de son ouverture, en 1977.
À Nice, en 1947, trois jeunes hommes agitent la ville : Yves Klein, maître de l’IKB en devenir s’approprie l’infini bleu du ciel ; le poète Claude Pascal s’empare de l’air et reviennent à Arman, futur maestro de l’appropriation d’objets, la terre et ses richesses. De ce pacte mythique, naît une constellation de gestes et de rencontres qui déferlera sur la Côte d’Azur jusqu’à bouleverser l’histoire de l’art. À Paris, en 1977, le Centre Pompidou célèbre cette aventure avec l’exposition « À propos de Nice » retraçant l’émulation artistique de 1956 à 1976 sous l’orchestration du grand agitateur et un des instigateurs de cette épopée : Ben.
Ce vaste programme de cet été rassemble des œuvres issues des collections des musées et institutions municipales auxquelles s’ajoutent les prêts exceptionnels consentis par une centaine de musées, d’institutions. Le MAMAC revient en particulier sur ce phénomène de cristallisation engendré par des personnalités charismatiques qui ont tracé une « diagonale du fou » entre Nice et les grandes capitales artistiques internationales.
A Nice, l’incontournable Villa Arson propose aussi une exposition, « Flower of Kent », qui manifeste l’intérêt d’artistes contemporains pour la céramique, envisagée comme un médium à explorer sans assujettissement à un savoir-faire, sans préciosité, sans enclave, parfois avec irrévérence. Une installation in situ dans les 300 m2 de la Galerie carrée de la Villa Arson est ici pensée comme un jardin avec des parterres qui serait devenu paysage. Les pièces de sol horizontales de Bertrand Lavier, Dave Ball, Gladys Clover et d’autres, viennent composer un paysage à parcourir, ponctué d’éléments verticaux qui semblent attirés de manière irrépressible vers le sol.
Nice 2017 .École(S) de Nice, jusqu’au 15 octobre
Villa Arson, Flower of Kent, jusqu’au 17 septembre
Nîmes
A Nîmes, le Carré d’Art relit l’histoire des minimalismes et redéfinit avec audace leur cheminement bien au-delà de l’art contemporain. Semblable à la perfection (plexi)glacée des modules de Donald Judd, ces fameux Stacks rectangulaires disposés au mur ou au sol, l’art minimal nous est parvenu sous la forme d’une histoire close, elle aussi usinée au sein d’institutions autorisées à en produire le récit officiel.
Parmi les membres de ce club sélect des fabricateurs d’histoire, le Centre Pompidou figure en bonne place. Ses cimaises relatent comment, au mitan des années 1960, une poignée d’acteurs flamboyants – Donald Judd, Carl Andre, Sol LeWitt, Robert Barry et Robert Morris –, inventa l’idée d’un art purement visuel, traçant un sillon fertile pour les générations à venir : l’art minimal.Carré d’art-Nîmes
Carré d’art-Nîmes, Minimalismes, New York, 1960-1980 ; jusqu’au 17 septembre
Rennes
L’exposition Collection. Remonter le temps est conçue au Frac Bretagne comme une suite à Collection. Un rêve d’éternité (13 décembre 2014 – 26 avril 2015). Ce deuxième ensemble d’œuvres issues du Fonds régional d’art contemporain Bretagne propose un parcours où s’entrelacent biographies et autobiographies dans divers systèmes de représentation appartenant pour la plupart aux musées. L’occasion de redécouvrir les oeuvres de Bernd et Hilla Becher, Christian Boltanski, Ângela Ferreira, Daan van Golden, Georg Herold, Jacob Holdt, Ilya Kabakov, Louise Lawler, Jean Le Gac, Gilles Mahé, Erwan Mahéo, Museum In Progress, Natacha Nisic, Martha Rosler, Malick Sidibé, Haim Steinbach, Francisco Tropa, Christophe Viart, Andy Warhol…
Frac Bretagne, jusqu’au 27 août 2017
Saint-Nazaire
Après Anthony McCall, Simone Decker, Les Frères Chapuisat…, le Grand Café invite l’artiste anglais Haroon Mirza à investir le LiFE avec un projet inédit, qu’il présente sous le nom de son studio hrm199, accompagné de l’architecte Francesca Fornasari. Alchimiste des interférences, l’artiste sculpte l’espace acoustique en même temps qu’il compose l’espace visuel. Son installation composite mêle vidéos glanées sur YouTube, sons, architecture, lumière et matériaux divers. Une installation placée sous le signe des ondes, qui croise visions prémonitoires et croyances primitives, recherche scientifique de pointe et pulsation rythmique orchestrée comme un flux vital, organique et poétique.
Life Saint-Nazaire : Haroon Mirza , jusqu’au 24 septembre
Sérignan
Un film présenté à la Berlinale, et une exposition au MoMA à New York, suivie d’une floppée d’expositions à la surface du globe. Neil Beloufa, la trentaine à peine, s’était fait rare sur nos cimaises hexagonales. On se réjouit alors d’autant plus de son exposition à Sérignan, où il présente Développement durable. Fidèle à son vocabulaire post-medium où dialoguent, se superposent et s’entrechoquent image mouvante, sculpture elle aussi souvent en mouvement et peintures éclatées, l’artiste continue d’approfondir son exploration des “antagonismes entre singularité et standardisation, entre le corps et ses avatars virtuels via les nouvelles technologies, entre violence et marketing, entre domination et émancipation”. Une œuvre dont la fascination et la pertinence durent elles aussi.
Développement durable de Neil Beloufa. (cur. Sandra Patron), jusqu’au 22 octobre au MRAC à Sérignan
Tours
Lee Ufan dans son atelier parisien, 3 juillet 2017
jmd
Le CCC-Olivier Debré, récemment rénové dans un bâtiment flambant neuf, riche de sa superbe nef, accueille cet été l’artiste coréen Lee Ufan pour une exposition monographique intitulée “Pressentiment“, inspirée par l’obscurité de la “Galerie noire“. Installé entre Paris et le Japon, Lee Ufan a conçu pour le CCC une déambulation à travers six installations inédites, qui articulent les éléments fondamentaux de son vocabulaire : sculptures associant la pierre trouvée dans la nature et le métal industriel ; peintures recueillant sur la toile la trace d’un geste unique.
Entre ombre et lumière, l’artiste, théoricien du mouvement artistique Mono-Ha, apparu au Japon en 1968, invite à une forme de méditation. Intéressé depuis longtemps par la philosophie, mais surtout, dans son langage artistique, par le vide et la résonance entre les objets, Lee Ufan a toujours développé un “art de la rencontre“ qui crée des ponts entre le visible et l’invisible, entre les hommes et l’espace. A Tours, cet été, cet art de la rencontre d’un troisième type trouvera un espace dédié à son déploiement secret.
CCC-Olivier Debré ; Lee Ufan, Pressentiment, jusqu’au 12 novembre
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