En pleine saison des blockbusters estivaux, les franchises et multiples suites (« Pirates des Caraïbes », « Transformers ») traversent une crise au box-office et peinent à convaincre le public américain.
C’est certain, l’été 2017 à Hollywood ne sera pas un grand cru au box-office, loin de là. Ces derniers jours, les naufrages successifs des sagas mastodontes Pirates des Caraïbes et Transformers semblent avoir définitivement éteint tout espoir d’un été record. Les ventes de billets domestiques estivaux ont, à ce stade de l’année, déjà chuté lourdement – moins 9% comparés à 2016 – laissant les cadres des studios dans une situation pour le moins inconfortable.
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Si Spider-Man: Homecoming sorti le week-end end dernier connaît des débuts très réussis (117 027 503 dollars pour son premier week-end) et que ce vendredi l’ultime volet de La Planète des Singes devrait s’offrir un beau succès, le mois d’août risque d’être bien pauvre et va manquer cruellement d’un film qui peut atteindre plus de 300 millions de dollars comme l’avait réalisé Suicide Squad l’année dernière. Les plus grosses machines comme La Tour sombre, Annabelle 2 seront bien incapables de concurrencer un tel chiffre. Même Christopher Nolan, un des tauliers du box-office US ne semble pas en mesure d’inverser la tendance avec sa fresque de guerre Dunkerque. Les spécialistes prédisent en effet un week-end d’ouverture à 40 millions de dollars, un score qui serait le plus faible du cinéaste britanno-américain depuis Le Prestige (2006) qui avait rapporté à l’époque 14,8 millions de dollars. D’après ces prévisions, Dunkerque serait même battu par Interstellar (2014) et ses 47,5 millions de dollars en ouverture – résultat qui était pourtant très décevant.
Top 10 du box-office US de 2017 (en cours)
1 – La Belle et la Bête : 503 925 432 $
2 – Les Gardiens de la Galaxie 2 : 385 560 026 $
3 – Wonder Woman : 368 473 296 $
4 – Logan : 226 275 826 $
5 – Fast & Furious 8 : 225 587 340 $
6 – Lego Batman, Le Film : 175 750 384 $
7 – Get Out : 175 484 140 $
8 – Baby Boss : 173 721 946 $
9 – Les Figures de l’ombre : 169 353 241 $
10 – Pirates des Caraïbes 5 : 168 812 467 $
« Pas vraiment un paysage qui se distingue par son originalité »
Jeff Bock, analyste en box-office chez Exhibitor Relations tente d’expliquer cet échec : « Il y a beaucoup de franchises fatiguées et vieillissantes sur le marché. Avant, les studios voyaient les suites comme un moyen sûr de rapporter beaucoup d’argent mais aujourd’hui ce n’est plus aussi efficace. » Et en effet, le top 10 du box office 2017 le montre de manière significative Pirate des Caraïbes 5 (10e) se fait devancer par Get Out (7e) et Transformers 5 (15e) par Split (13e) deux film indé, hors franchise et au budget en moyenne trente fois inférieur. « Le paysage est envahi par les suites, par les quatrièmes et cinquièmes versions de films, déclare Chris Aronson, chef de distribution de la Fox. Ce n’est pas vraiment un paysage qui se distingue par son originalité ».
Les nouveaux univers récemment créés par Hollywood n’échappent pas non plus à cette tendance. La Momie, pour le « Dark Universe », et Le Roi Arthur : la légende d’Excalibur, pour une nouvelle série de films d’action, peinent à rivaliser avec les gros scores réalisés par les autres franchises. A titre d’exemple, La Momie n’a pas atteint les 100 millions de dollars de bénéfices un mois après sa sortie. Les critiques irrégulières et l’insignifiante vente de billets qui ont découlé révèlent les premiers symptômes d’un manque d’impact considérable sur les spectateurs, lassés par ce trop-plein d’univers sombres et désireux d’échapper à cette actualité marquée par la menace terroriste et les tensions politiques et sociales. A ce propos, Greg Foster, le PDG de d’Imax Entertainment, déclare : »L’humeur dans le monde est délicate, quand vous pouvez aller dans une salle de cinéma pendant quelques heures, c’est pour vous abandonner. Cela a été la marque de l’industrie cinématographique pendant plusieurs années (…). Et j’ai ressenti dans les deux ou trois derniers mois que ça n’a jamais été aussi important. »
Des franchises encore intouchables
Reste toutefois à constater l’impressionnante pérennité de la saga 300 % testostérone Fast & Furious qui après huit épisodes en a plus que jamais sous le capot. De même, les studios Marvel (Les Gardiens de la Galaxie 2, Logan) DC (Wonder Woman) écrasent encore un peu plus la concurrence et semblent avoir trouvé la recette parfaite : prendre un univers suffisamment riche (ici celui du comics) puis le décliner ensuite en plusieurs épisodes spin-off. Aux yeux d’un public proche de l’overdose causée par les suites, Marvel et DC leur promettent des univers et personnages inédits tout en gardant son univers comme repère.
Si le pronostic d’un box-office estival record aux Etats-Unis n’est donc pas à l’ordre du jour, les ventes internationales de cet été sont elles, en hausse de 2 % par rapport à 2016. Un chiffre qui peut s’expliquer par le marché chinois, de plus en plus friand de blockbusters US. Aussi, Hollywood peut compter sur les sorties de fin d’année pour attirer en masse les spectateurs. Les gros titres tels que Thor : Ragnarok (3 novembre) Justice League (17 novembre), Coco (le prochain Pixar, prévu le 22 novembre) et Star Wars : les derniers Jedi (15 décembre ) sont des valeurs sûres pour Hollywood qui espère compter sur leur influence pour propulser la vente de billets à un niveau record. Et comme conclue Greg Foster : « Rien ne semble mieux guérir les maux de l’industrie cinématographique qu’un film de Star Wars« .
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