À l’approche de l’élection présidentielle, une poignée de proches du chef de l’État viennent de lancer Pluriel, un “mouvement citoyen” qui entend mobiliser la société civile et le monde de culture pour mener la bataille des idées face l’extrême droite.
Comment engager les rappeurs et rappeuses dans une campagne présidentielle 2022 traversée par les questions identitaires et l’omniprésence de l’extrême droite ? Cette question, l’entourage d’Emmanuel Macron se la pose depuis cet hiver. Il planche sur le lancement de Pluriel, “un mouvement citoyen”, selon les mots de son principal instigateur, Karim Amellal. L’écrivain franco-algérien est un intime du chef de l’État qu’il a rencontré sur les bancs de Sciences Po à la toute fin des années 1990. “Le leitmotiv est clairement de combattre les idées d’Éric Zemmour qui dominent la campagne”, confie Amellal, candidat malheureux LREM à la mairie du Xe arrondissement lors des municipales de 2020.
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Une association politisée ?
Officialisé le 16 février, Pluriel entend mobiliser largement le monde de la culture. Le mouvement prend néanmoins soin de ne pas fonctionner comme un comité de soutien en faveur du Président français. Il propose à ses potentiels soutiens, souvent frustrés dans leur désir de porter un contre-discours, de s’engager autour de thématiques clés telles que la mobilité sociale, la diversité ou encore la lutte contre les discriminations. “L’Élysée est naturellement informé de notre initiative”, glisse un participant.
Outre plusieurs ministres et députés LREM, Pluriel compte une petite centaine d’adhérent·es, dont plusieurs transfuges du monde associatif et du PS, à l’instar de l’ex-président de SOS Racisme Fodé Sylla. La cheffe d’orchestre Zahia Ziouani gravite également autour de l’initiative. En 2018, elle avait été nommée par Emmanuel Macron au sein du Conseil présidentiel des villes chargé de le conseiller sur les banlieues.
Autre figure influente au sein de Pluriel, Olivier Laouchez, patron du groupe de médias Trace. Très investi dans le mouvement hip-hop français, ce dernier a été le directeur de Secteur Ä, premier label indé de rap en France. Proche d’Emmanuel Macron, l’homme d’affaires installé à Johannesburg avait été l’architecte en juillet 2018 de la venue du Président français dans la mythique boîte nigériane fondée par Fela Kuti, le Shrine. “Les artistes sont de plus en plus réticents à s’engager. Depuis l’effondrement de la gauche, le monde de la culture est quelque part orphelin de relais politiques. Pluriel peut ainsi permettre de retisser le lien, car les artistes ont leur rôle à jouer dans cette campagne”, analyse Laouchez.
Des artistes au cœur du débat
Ces dernières semaines, et dans la plus grande discrétion, le mouvement a tenté de rencontrer plusieurs stars du hip-hop français parmi lesquelles Oxmo Puccino et Rohff. Des acteurs et réalisateurs seraient également dans le viseur, à l’instar d’Omar Sy, Kim Chapiron ou encore Ladj Ly. En décembre 2019, Emmanuel Macron s’était dit “bouleversé par la justesse” du film césarisé Les Misérables. Depuis, le cinéaste, membre de Kourtrajmé, a reçu le soutien de l’Agence française de développement (AFD) pour la création d’une école de cinéma à Dakar.
Ladj Ly n’est pas le seul cinéaste courtisé par Pluriel. Le mouvement rêve aussi de l’adoubement de Jean-Pascal Zadi. En octobre 2020, le réalisateur avait été reçu à l’Élysée par Emmanuel Macron pour une diffusion de son film Tout simplement noir. Si Pluriel n’a pas encore engrangé de soutiens publics espérés,
Olivier Laouchez rappelle non sans malice que “le mercato n’est pas encore terminé”.
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