Clavier, Reno et Depardieu: le podium de la lose en 2009.
Il faut toujours se réjouir d’une nouvelle piquante. Selon le magazine Capital, Christian Clavier, Jean Reno et Gérard Depardieu seraient les acteurs les moins rentables de l’année 2009.
On ne va pas détailler ici la fastidieuse méthode de calcul utilisée par la rédaction de Capital, mais faisons-leur confiance. Selon leurs barêmes, Clavier est le pire loser de l’année à cause de La Sainte Victoire, en effet un bide monumental. Jean Reno arrive second avec Le Premier Cercle, et Depardieu troisième avec Diamant 13 et Bellamy, ce dernier étant au moins un bon film.
Mathilde Seigner, Isabelle Huppert ou Clovis Cornillac complètent ce classement de la lose financière, auquel Capital oppose la nouvelle génération de winners quadras des Gad Elmaleh, Dany Boon,Valérie Lemercier, Kad Merad et autres Jean Dujardin.
Ces infos “capitales” appellent plusieurs remarques. D’abord, les acteurs les mieux payés ne sont pas forcément les plus rentables. Cela peut sembler paradoxal, mais c’est finalement logique. Plus on est cher, plus on grève l’équilibre financier d’un film. Il en résulte parfois ce gouffre entre le “bankable” et le “net banking”, dû aussi aux inévitables coulissements temporels entre les hauts et bas de la carrière d’un acteur.
Parier sur le futur forcément incertain d’un acteur au vu de son passé doré n’est pas éloigné de ce qu’on a récemment observé dans le champ économicofinancier : les bulles cinématographiques peuvent éclater aussi sûrement que les bulles immobilières.
Ensuite, ce classement sera peut-être de nature à rendre plus discrets les discours réac de figures populaires comme Clavier et Reno, qui ont souvent dénigré la Nouvelle Vague et le cinéma dit “prise de tête” au profit du seul critère du box-office et du sacro-saint “grand public”. Il faut croire que le “grand public” évolue aussi, peut changer d’objet de désir et n’est pas plus la propriété des potes-acteurs de Sarkozy que de quiconque.
Enfin, le bug du bankable touche aussi bien des films supposés commerciaux que des films d’auteurs ou “du milieu”, des acteurs populaires que des géants comme Huppert ou Depardieu.
Mais il faut nuancer cette donnée brute. La panne de rentabilité est plus embêtante pour des Clavier ou Reno, qui ont construit toute leur carrière sur le box-office, que pour une Huppert ou un Depardieu, qui ont certes tourné dans quelques grosses machines populaires (Weber, Zidi, Balasko, Poiré…) mais surtout avec les Pialat, Chabrol,Truffaut, Godard, Cimino, Denis, Duras, Ferreri et autres grands auteurs pas toujours très “bankable”. Faut-il le rappeler ? La postérité des films et des acteurs n’est pas une question de rentabilité, et c’est heureux.