Comment le cinéma français se porte-t-il au Japon ? Comment la cinéphilie nippone s’exerce-t-elle sur les films hexagonaux ? Tandis que la 25e édition du Festival du film français au Japon, organisé par Unifrance, se déroulait à Tokyo, voyage dans un pays fasciné par nos actrices iconiques, Catherine Deneuve et Isabelle Huppert en tête.
Sur la scène de la grande salle d’un multiplex du quartier de Ginza, au centre de Tokyo, un aréopage de professionnels du cinéma français – dont Martin Provost, Katell Quillévéré, Anne Fontaine, Lou de Laâge, Edouard Baer – entoure Catherine Deneuve et Isabelle Huppert. Les applaudissements crépitent, l’excitation paraît à son comble. Entre les deux icônes majeures du cinéma français se tient pourtant un interstice. Un vide, dans l’attente qu’un dernier guest vienne se caler entre nos deux stars nationales.
Isabelle Giordano, directrice générale d’Unifrance (l’organisme chargé de l’exportation du cinéma français), annonce alors celui à qui revient la tâche d’inaugurer la 25e édition du Festival du film français au Japon, véritable clou de cette cérémonie d’ouverture. Takeshi Kitano fait irruption sur scène presque au trot, mi-rockstar, mi-candidat politique en campagne, et les flashes strient en tous sens le devant de la scène tandis que le grondement des sifflets, hourrah et applaudissements triple de volume.
Le petit show de Kitano
Après un salut martial à Catherine Deneuve et Isabelle Huppert (courbant le dos d’un geste sec vers l’une puis l’autre), Kitano prend place à leurs côtés et lance à la foule : “Bonjour, je m’appelle Shinzo Abe et je suis en retard. Mais j’ai de bonnes raisons pour ça…” Au nom du Premier ministre en exercice, le public s’étrangle de rire et le trublion embraie sur le décompte facétieux des scandales financiers et soupçons de corruption qui entachent la réputation du chef de gouvernement – une semaine avant sa défaite cinglante aux élections de l’Assemblée de la ville.
Si l’aura de grand artiste de Kitano a un peu faibli en Occident (il était dans les années 1990 un des cinéastes les plus fêtés des grands festivals), sa popularité de showman télé est intacte au Japon. Il est toujours à la tête d’un show comique régressif et brutal sur une chaîne de grande écoute, mais est aussi invité dans tous les autres talk-shows pour se livrer à une lecture satirique de l’actualité politique et sociale. “Takeshi Kitano est tout le temps à la télévision. C’est une des personnalités les plus influentes du pays”, nous souffle une journaliste japonaise.
En vingt-cinq ans d’existence, le Festival du film français n’a jamais été aussi largement couvert par la presse japonaise
Son numéro de bouffon insolent effectué, l’idole enchaîne sur un compliment de circonstance : il ne serait pas ce qu’il est, ne ferait pas les films qu’il fait s’il n’avait pas un jour été foudroyé par Jean Gabin et Alain Delon, Serge Gainsbourg et Jane Birkin, et bien sûr Catherine Deneuve et Isabelle Huppert.
Sitôt cet hommage officiel accompli, le rideau tombe sur la cérémonie d’ouverture. Kitano se faufile entre ses quatre gardes du corps et quitte les lieux sans plus d’interaction avec les forces artistiques en présence. En coulisse néanmoins, Isabelle Giordano se réjouit de cette opération-éclair. En vingt-cinq ans d’existence, le Festival du film français n’a jamais été aussi largement couvert par la presse japonaise et, le lendemain, l’intervention de Kitano est retransmise sur toutes les télés.
63 % des entrées pour des films japonais
Le cinéma se porte plutôt bien au Japon. Certes, le pays comprend un nombre d’habitants deux fois supérieur à celui de la France (127 millions) et le nombre de billets vendus y est néanmoins sensiblement inférieur (180 millions en moyenne ces dernières années contre 210 dans l’Hexagone). Si le pourcentage de spectateurs de cinéma sur l’ensemble de la population est donc plus faible qu’en France, en revanche l’orientation du public en faveur des productions nationales est largement plus grande.
En 2016, 63 % des entrées ont été réalisées par des films japonais. Un score optimal, dû au phénomène Your Name. Cette romcom fantastique en animation voit deux adolescents (un garçon et une fille) se retrouver chacun dans le corps de l’autre. Dans un pays où l’animation règne presque sans partage (sur les dix premiers au box-office l’an dernier, on compte sept films d’animation), cette romance signée Makoto Shinkai a explosé les scores de Miyazaki pour devenir, avec 18 millions d’entrées, le plus gros succès du cinéma japonais de tous les temps (sorti plus modestement en France en décembre, Your Name a tout de même réuni 250 000 spectateurs).
Dans un marché où le cinéma étranger est souvent minoritaire, la part du cinéma français est très faible : 0,6 % en 2016 – très mauvaise année ; plutôt 1,5 % quand les affaires vont bien. Sur la trentaine ou quarantaine de films français distribués chaque année, plus de la moitié stagnent en dessous des 10 000 spectateurs, ceux qui s’en sortent bien grimpent jusqu’à 20 000/30 000 (Sils Maria, Holy Motors, Jeune et jolie…), parfois 50 000 (La Vie d’Adèle).
Tom Yoda, un maître distributeur
Enfin, quelques élus s’extraient du circuit indé pour accéder aux multiplex et au grand public. Gaga Corporation, puissante société japonaise de production et de distribution, s’est fait une spécialité de mener les films français vers les cimes. Deux millions de spectateurs pour Océans de Jacques Perrin, 1,3 million pour Intouchables, 800 000 pour La Belle et la Bête, 250 000 pour Potiche…
Gaga voit large. Son boss, l’impressionnant Tom Yoda, aux allures mixtes de pdg et de doyen yakuza, reçoit les journalistes dans des créneaux chronométrés, entouré d’un staff de cinq personnes. Une légende urbaine rapporte que ce serait à lui que pensait George Lucas au moment de baptiser son légendaire maître Jedi – “C’est vrai que j’étais à l’époque très proche de la cousine du producteur de Star Wars et Lucas m’a dit un jour que mon nom lui était apparu au cœur d’une séance de méditation, mais je ne sais pas s’il plaisantait”, s’amuse-t-il avant de commenter la stratégie de sortie de sa dernière acquisition : Elle, de Paul Verhoeven.
Dans la salle du Marché du film, toute la journée les vendeurs voient défiler à leur table des distributeurs japonais
“C’est un film pointu, et nous allons communiquer là-dessus, le présenter comme un produit haut de gamme, avec une actrice gage de qualité, d’exigence. Nous allons mettre en avant tous les prix internationaux, Golden Globes, nomination à l’oscar. Mais surtout, nous le promouvons comme un pur film français : les succès hollywoodiens de Paul Verhoeven ne seront pas mentionnés sur l’affiche.” En escomptant sur cet effet produit de luxe frenchy, Yoda espère atteindre 100 000 entrées. Si Gaga est familier des cartons, la société connaît aussi des ratés : l’an passé, Samba n’a pas atteint 50 000 entrées, soit vingt-cinq fois moins qu’Intouchables.
Dans la salle du Marché du film, toute la journée les vendeurs voient défiler à leur table des distributeurs japonais. Les premiers pitchent aux seconds leurs derniers titres, puis leur envoient un screener (une copie sur DVD) s’ils sont intéressés. On rencontre Etsuko Murata, de la petite société Gnome, spécialisée dans le cinéma étranger. Un de ses plus vifs succès fut Tabou de Miguel Gomes – elle soutient beaucoup le jeune cinéma portugais.
Camille redouble, opération réussie
“C’est vrai que le cinéma français m’intéressait peu il y a quelques années. Je trouvais son esthétique proche des téléfilms. Mais récemment, j’ai découvert des cinéastes qui me touchent, comme Sébastien Betbeder.” L’an dernier, Gnome a sorti Camille redouble de Noémie Lvovsky, qui n’a réuni que 3 000 spectateurs mais, au vu des frais engagés, la distributrice considère l’opération réussie.
Emmanuel Pisarra, vendeur chez Doc&Film International, nous raconte que le marché est à la baisse, que le prix d’achat chute, mais qu’il reste assez haut si on le compare à d’autres territoires comme la Corée. La spécialité de sa société est le documentaire, ceux de Frederick Wiseman par exemple. “Certains documentaires de Wiseman ont eu beaucoup de succès, celui sur l’Opéra de Paris ou celui sur la National Gallery. Mais dès que son cinéma aborde des questions plus sociales, la misère, la violence, il n’attire plus de spectateurs au Japon. La musique classique, la gastronomie, le ballet, la mode, voilà ce qu’attend le public du cinéma français.”
Yuji Sadaï, patron de la société Bitters End, s’est spécialisé au contraire dans les sujets austères, les auteurs âpres. Il distribue Philippe Garrel, les Dardenne, et il a même réussi à porter jusqu’à plus de 25 000 spectateurs le beau documentaire de Gianfranco Rosi sur les migrants, Fuocoammare, par-delà Lampedusa. Grâce à un travail forcené de promo, et en amont pour construire le film comme un événement, il est même parvenu à se retrouver en appel de une du quotidien national de référence Asahi Shinbun (tiré à 8 millions d’exemplaires).
Catherine Deneuve enchaîne
Sur une moitié d’étage privatisée de l’Imperial Hotel, Catherine Deneuve se consacre à la promotion de Sage femme de Martin Provost. Après être passée faire un saut à la matinale d’Edouard Baer sur Nova, enregistrée toute la semaine en direct dans sa chambre – Edouard présente aussi au festival son dernier long métrage, Ouvert la nuit –, la comédienne enchaîne les round tables, les interviews télé, les entretiens croisés (dont un avec la grande Kirin Kiki, comédienne fétiche de Kore-Eda et Naomi Kawase).
On se glisse dans la pièce où la journaliste de Marie-Claire Japon interviewe Catherine Deneuve. Selon la proverbiale hospitalité nippone, celle-ci lui offre en préambule un cadeau, des écouteurs Hello Kitty. “Oh mais c’est ravissant, merci beaucoup. Il paraît que la politesse japonaise exige qu’on accepte un cadeau mais qu’on ne l’ouvre que lorsqu’on s’est séparé de celui qui nous l’offre. C’est très troublant comme code. Moi, j’aurais beaucoup de mal à me retenir d’ouvrir les cadeaux.” La conversation roule sur la gastronomie (“Que pensez-vous de la cuisine japonaise ?” “Ah, j’aime beaucoup”, répond l’actrice, de bonne composition), puis tout de même sur le film de Martin Provost et la liberté du personnage de Deneuve qui n’en fait qu’à sa tête.
Dans un journal populaire comme Marie-Claire Japon, la journaliste peut régulièrement faire des portraits d’actrices françaises
D’un coup, la journaliste dévie sur la politique : “Est-ce vrai que depuis l’élection d’Emmanuel Macron la France est euphorique ?” “Oh, vous savez, il faut se méfier de l’euphorie, elle n’a qu’un temps. Je parlerais plutôt de soulagement. Ces élections ont été vertigineuses, on est passé très près d’une hypothèse qui fait très peur. Alors oui, l’élection de cet homme, très jeune, qui n’est pas un politique de formation, donc supposé apporter des outils nouveaux dans la résolution des difficultés économiques et sociales, a pu susciter un élan positif.”
A la fin de la demi-heure d’entretien, on aborde la journaliste, Kasumiko Murakami, pour parler avec elle de cinéma français. Dans un journal populaire comme Marie-Claire Japon, elle peut régulièrement faire des portraits d’actrices françaises. “Mais seulement cinq ou six d’entre elles peuvent faire la couverture. Catherine (Deneuve), Isabelle (Huppert), qui va la faire bientôt pour la sortie de Elle avec huit pages à l’intérieur, Marion Cotillard, Charlotte Gainsbourg, Sophie Marceau et Léa Seydoux.”
Nobody, magazine cinéphile et francophile
Kasumiko, qui est francophone, adore le cinéma d’auteur français, catégorie où elle mêle Patrice Chéreau, Arnaud Desplechin et Nicole Garcia. Mais elle ajoute : “En France, on parle de politique des auteurs. Moi, je crois à une politique des actrices. Ce que le cinéma français a de plus fascinant, ce sont ses stars féminines. Je n’adore pas Elle, il y a trop de points d’interrogation, mais ce que fait Isabelle dedans est hallucinant.”
A l’autre bout du spectre de la presse, on parle avec les jeunes gens de la revue hyper-cinéphile Nobody. La revue est née sur les cendres des Cahiers du cinéma-Japon, sous l’impulsion de son rédacteur en chef Yoichi Umemoto et de ses étudiants. Seize ans plus tard, Nobody existe encore et poursuit sa ligne à la fois radicale et ouverte, se passionnant aussi bien pour Jean-Marie Straub que pour Tony Scott.
Le cinéma français y occupe une large part et la revue a récemment publié de longues interviews d’Arnaud Desplechin, Jacques Doillon, Jean-Claude Rousseau (cinéaste très confidentiel qui n’en obtient pas autant dans la presse française), Jeanne Balibar et Pascal Bonitzer sur Rivette. L’actuel rédacteur en chef, Ryusuke Tanaka, est familier des textes critiques d’André Bazin et Serge Daney. Dans le cinéma français contemporain, il considère comme majeures les œuvres de Leos Carax, Claire Denis, Olivier Assayas et Arnaud Desplechin.
La Jetée, 12 mètres carrés de cinéphilie
Plus récemment, il s’est enflammé pour les films d’Alain Guiraudie, Serge Bozon, Rabah Ameur-Zaïmeche, Guillaume Brac, Justine Triet, Yann Gonzales. Ryusuke représente une tendance certes congrue, mais néanmoins significative, de la cinéphilie japonaise, moulée par le cinéma d’auteur français depuis la Nouvelle Vague.
Un des foyers les plus vivaces de cette cinéphilie nippo-francophile est un bar de 12 mètres carrés perché au premier étage d’un immeuble de guingois en plein Golden Gai, le Pigalle tokyoïte. Il s’appelle La Jetée (en francais dans le texte). La rumeur dit que sa tenancière, l’impériale Tomoyo, fut un grand amour de Chris Marker. C’est en tout cas en hommage au cinéaste qu’elle nomma ainsi, il y a quarante ans, son bar.
Isabelle Huppert consent à chanter, à la demande générale, Nuit de folie de Début De Soirée
De petits chats jaunes markeriens ornent le lieu, et toute la cinéphilie mondiale a bu du saké entre ces murs exigus. Une bouteille de whisky signée de la main de Francis Ford Coppola traîne sur une étagère. Isabelle Huppert nous raconte qu’elle connaît Tomoyo depuis les années 1980 car une scène de La Truite (1982) fut tournée à La Jetée. L’actrice nous raconte même que le réalisateur Joseph Losey glissa dans la quasi-verticale cage d’escalier et se démit l’épaule. Pendant ce temps, les membres de la délégation (Edouard Baer, Helier Cisterne, quelques vendeurs internationaux, des membres d’Unifrance) s’agrègent au bar.
Dans l’enthousiasme alcoolisé de la nuit tokyoïte et en souvenir d’une vidéo qui devint il y a quelques mois hautement virale, Isabelle Huppert consent à chanter, à la demande générale, Nuit de folie de Début De Soirée, accompagnée d’un smartphone. “C’est, je crois, ma chanson préférée”, dit ingénuement la comédienne. Le saké aidant, on rumine longuement cette phrase : “Une musique sans accord majeur, c’est une piste sans danseur.”
Alain Delon dans Plein soleil, une image primitive
Malgré la nuit de folie en question, Isabelle Huppert est le lendemain à l’Institut français pour un entretien public avec le cinéaste japonais le plus prisé aujourd’hui par le public d’art et d’essai français, Hirokazu Kore-eda (Nobody Knows, Still Walking, Tel père tel fils…). L’interview est bien menée, scandée par trois films choisis par le cinéaste : Une affaire de femmes de Chabrol, La Pianiste de Haneke et 8 femmes d’Ozon.
Les questions sont parfois très techniques : “Comment fait-on pour pleurer sur commande ?” Isabelle Huppert : “C’est très facile de pleurer à l’écran. On croit que l’acteur est submergé par l’émotion qu’il joue, mais au contraire il la tient à distance. Il l’exerce plus qu’il ne l’éprouve. On croit que l’acteur souffre avec le personnage. Mais non. Le personnage souffre et nous, on a du plaisir à le faire souffrir.”
A la fin de l’échange, on s’isole avec Kore-eda. On l’interroge sur les films français qui l’ont façonné. Et comme pas mal d’hommes japonais, il parle d’Alain Delon dans Plein soleil comme d’une image primitive très forte. Son socle est la Nouvelle Vague, Truffaut et Rohmer en tête. Sa lecture des écrits de Bresson l’a beaucoup marqué. Mais ce qui le frappe surtout, c’est la cinéphilie du public françsais. “Vous savez que la France est le seul pays où les critiques, les spectateurs, citent systématiquement les films d’Ozu pour décrire les miens. Ailleurs, personne ne fait ça, on n’y pense pas. La mémoire du cinéma a quelque chose d’unique chez vous.”
Rajeunir l’audience, une priorité
A la veille de rentrer en France, on discute avec les responsables d’Unifrance de leur stratégie et des perspectives du Festival du film français. Pour Isabelle Giordano, la priorité est de rajeunir l’audience du cinéma français (l’une des initiatives de l’année a consisté à se rapprocher du label de Vianney et de joindre au festival un miniconcert du chanteur).
Gilles Renouard, son bras droit, décrit Le Redoutable de Michel Hazanavicius, racontant la relation entre Anne Wiazemsky et Jean-Luc Godard, comme un objet idéal pour eux : “Il nous permet de jouer sur la légende de la Nouvelle Vague, qui reste un produit d’appel majeur auprès du public de films français, et en même temps il ouvre sur un cinéma différent, plus pop, plus populaire.”
“Si on revient à Yokohama, on pourra doubler le nombre de films montrés, d’invités…”
Mais le plus grand défi pour la manifestation est sa prochaine relocalisation. Pendant ses quinze premières années, le festival se déroulait à Yokohama, une ville côtière à trente minutes de Tokyo, avant d’être rapatrié à Tokyo pendant dix ans. “Si on revient à Yokohama, explique Gilles Renouard, on bénéficiera du sponsoring de Renault-Nissan, dont le siège est là-bas. Cela augmenterait considérablement nos moyens. On pourra doubler le nombre de films montrés, d’invités, alterner entre des films déjà achetés et des films qui ne le sont pas encore…”
Cette 25e édition était donc peut-être la dernière à Tokyo. Espérons au moins que Carlos Ghosn mettra une flotte de Renault-Nissan à la disposition des prochains invités pour qu’ils puissent perpétuer les nuits d’ivresse au saké et à la liqueur de prune de La Jetée.
merci à Sébastien Cauchon et Abi Sakamato